(Le Potentiel 27/12/2012) La Fédération des entreprises du Congo et le gouvernement se regardent désormais en chiens de faïence. Des tirs croisés sont orientés dans tous les sens, par presse interposée. Chacun cherche à tirer la couverture de son côté pour se dédouaner de l’échec du PEG 2. Au gouvernement, on est convaincu que la Gecamines passe pour le principal responsable de ce naufrage. Mais on hésite, pour des raisons non encore élucidées, à sanctionner les coupables. Au nom du rétablissement de la puissance publique, le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, doit prendre des sanctions qui s’imposent pour écarter de sa bergerie des brebis galeuses qui « plombent l’élan de son gouvernement ».
La Fédération des entreprises du Congo (FEC) a été la première à dégainer dans un communiqué publié vendredi dernier par voie de presse. Dans le communiqué signé par son président, Albert Yuma Mulimbi, le patronat congolais dénonçait, sans porter des gants, « la détérioration brutale du climat des affaires en RDC ». Les termes choisis ont été si durs que le gouvernement n’a pas tardé à réagir. 24 heures ont suffi à pour sa première réplique.
C’est le ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi, qui a joué le rôle au travers d’un communiqué repris le samedi 23 décembre par l’essentiel de la presse paru ce jour-là. Contrairement à la FEC, le ministre délégué aux Finances a usé d’un ton conciliant, n’hésitant pas cependant à condamner la Générale des carrières et des mines (Gecamines), responsable, selon lui, du naufrage du second programme économique du gouvernement (PEG 2).
Mais, bien avant cette réplique du gouvernement, le président de la FEC et président du Conseil d’administration de la Gecamines, n’est pas allé par le dos de la cuillère dans un communiqué censé, sauf avis contraire, engager tout le patronat congolais.
Dans le texte signé de sa main, Albert Yuma faisait mention des « actes et comportements » des autorités fiscales « en totale contradiction » avec l’objectif d’amélioration du climat des affaires. Comme solution, le président de la FEC exprimait l’urgence de « mettre fin immédiatement à cette course effrénée à la taxation et à l’injonction de pénalités aussi injustifiées ».
Et, comme la réplique du ministre délégué aux Finances ne suffisait pas, le gouvernement a récidivé hier mercredi, toujours par voie de presse, dans un communiqué signé, cette fois-ci, par le ministre de l’Economie et Commerce. Comme pour corriger le précédent communiqué de son collègue des Finances, Jean-Paul Nemoyato n’a pas usé de la langue de bois. Que la Gecamines, la même qui a fait chavirer le Peg 2, donne aujourd’hui des leçons de bonne gouvernance dans l’amélioration du climat des affaires, le ministre a trouvé que c’en était un peu trop.
Il écrit à ce propos : « Le gouvernement a du mal à recevoir des leçons de la FEC, dirigée par le président du Conseil d’administration de la Gecamines impliquée dans la mauvaise gouvernance des ressources minières de son entreprise ». En plus, il a trouvé presque irresponsable qu’on ait embarquée la FEC dans une affaire qui n’avait pour seul lien que la Gecamines. A cet effet, il dit « en appeler au bon sens de la FEC qui doit décider professionnellement de sa direction ».
Dans son communiqué, le ministre rappelle, après avoir passé en revue toutes les actions menées par le gouvernement dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires, que « l’obscurantisme et la mauvaise gouvernance qui caractérisent certains contrats miniers, en l’occurrence ceux conclus par la Gecamines, plombent l’élan du gouvernement, ternissent l’image du pays et mettent ce dernier en très mauvaise position vis-à-vis de ses partenaires au développement ».
Si le communiqué du ministre de l’Economie et Commerce s’adresse, sans le citer, à Albert Yuma, président de la FEC et président du Conseil d’administration de la Gecamines, le ministre n’aborde pas clairement le vrai problème. Il fait semblant d’évoquer le sujet sans aller dans le détail. Ce qui suscite des interrogations dans les milieux des affaires de la RDC. Pourquoi le gouvernement hésite à sanctionner les coupables, notamment ceux qui ont contribué, selon lui, à l’arrêt brutal du PEG 2 ?
S’il est établi que la Gecamines est le responsable de l’arrêt du Peg 2, ça ne sert à rien d’agiter la presse. La voie idéale serait celle menant à des sanctions exemplaires contre des mandataires fautifs.
Albert Yuma est certes président de la FEC. Mais, c’est à titre de mandataire public, donc nommé par l’Etat congolais qu’il préside le Conseil d’administration de la Gecamines. Si le gouvernement a réellement la gestion de l’Etat congolais en main et si, entre-temps, il a des preuves irréfutables de la culpabilité du Conseil d’administration de la Gecamines, qu’est-ce qui l’empêche alors de prendre des sanctions contre des mandataires clairement identifiés ?
S’inspirer de KasweshiIl s’agit pour l’instant de protéger la crédibilité et surtout l’honneur du gouvernement. Au lieu de multiplier des communiqués dans la presse comme c’est le cas actuellement, le gouvernement ferait mieux de sanctionner et de diligenter, par la suite, une enquête pour établir les faits.
Le directeur général de l’OVD et le secrétaire général à l’Urbanisme viennent d’être suspendus de leurs fonctions à titre conservatoire, sur une décision du ministre Kasweshi. Pourquoi n’en serait-il pas le cas pour les dirigeants de la Gecamines ? Quelle est finalement cette tour indétrônable derrière laquelle se sont abrités les dirigeants de la Gecamines ?
Le Premier ministre doit prendre le devant dans cette affaire qui risque de décrédibiliser son action. Pire, c’est son autorité qui est en jeu. Seule la sanction le rétablira dans son rôle et prouvera à l’opinion tant nationale qu’internationale qu’il a véritablement le contrôle de la gestion du pays.
Le défi lui a été lancé. Et c’est à lui et lui seul de le relever en mettant hors d’état de nuire tous ceux qui veulent torpiller son action à la tête du gouvernement.
Écrit par F.K.
© Copyright Le Potentiel
C’est le ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi, qui a joué le rôle au travers d’un communiqué repris le samedi 23 décembre par l’essentiel de la presse paru ce jour-là. Contrairement à la FEC, le ministre délégué aux Finances a usé d’un ton conciliant, n’hésitant pas cependant à condamner la Générale des carrières et des mines (Gecamines), responsable, selon lui, du naufrage du second programme économique du gouvernement (PEG 2).
Mais, bien avant cette réplique du gouvernement, le président de la FEC et président du Conseil d’administration de la Gecamines, n’est pas allé par le dos de la cuillère dans un communiqué censé, sauf avis contraire, engager tout le patronat congolais.
Dans le texte signé de sa main, Albert Yuma faisait mention des « actes et comportements » des autorités fiscales « en totale contradiction » avec l’objectif d’amélioration du climat des affaires. Comme solution, le président de la FEC exprimait l’urgence de « mettre fin immédiatement à cette course effrénée à la taxation et à l’injonction de pénalités aussi injustifiées ».
Et, comme la réplique du ministre délégué aux Finances ne suffisait pas, le gouvernement a récidivé hier mercredi, toujours par voie de presse, dans un communiqué signé, cette fois-ci, par le ministre de l’Economie et Commerce. Comme pour corriger le précédent communiqué de son collègue des Finances, Jean-Paul Nemoyato n’a pas usé de la langue de bois. Que la Gecamines, la même qui a fait chavirer le Peg 2, donne aujourd’hui des leçons de bonne gouvernance dans l’amélioration du climat des affaires, le ministre a trouvé que c’en était un peu trop.
Il écrit à ce propos : « Le gouvernement a du mal à recevoir des leçons de la FEC, dirigée par le président du Conseil d’administration de la Gecamines impliquée dans la mauvaise gouvernance des ressources minières de son entreprise ». En plus, il a trouvé presque irresponsable qu’on ait embarquée la FEC dans une affaire qui n’avait pour seul lien que la Gecamines. A cet effet, il dit « en appeler au bon sens de la FEC qui doit décider professionnellement de sa direction ».
Dans son communiqué, le ministre rappelle, après avoir passé en revue toutes les actions menées par le gouvernement dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires, que « l’obscurantisme et la mauvaise gouvernance qui caractérisent certains contrats miniers, en l’occurrence ceux conclus par la Gecamines, plombent l’élan du gouvernement, ternissent l’image du pays et mettent ce dernier en très mauvaise position vis-à-vis de ses partenaires au développement ».
Si le communiqué du ministre de l’Economie et Commerce s’adresse, sans le citer, à Albert Yuma, président de la FEC et président du Conseil d’administration de la Gecamines, le ministre n’aborde pas clairement le vrai problème. Il fait semblant d’évoquer le sujet sans aller dans le détail. Ce qui suscite des interrogations dans les milieux des affaires de la RDC. Pourquoi le gouvernement hésite à sanctionner les coupables, notamment ceux qui ont contribué, selon lui, à l’arrêt brutal du PEG 2 ?
S’il est établi que la Gecamines est le responsable de l’arrêt du Peg 2, ça ne sert à rien d’agiter la presse. La voie idéale serait celle menant à des sanctions exemplaires contre des mandataires fautifs.
Albert Yuma est certes président de la FEC. Mais, c’est à titre de mandataire public, donc nommé par l’Etat congolais qu’il préside le Conseil d’administration de la Gecamines. Si le gouvernement a réellement la gestion de l’Etat congolais en main et si, entre-temps, il a des preuves irréfutables de la culpabilité du Conseil d’administration de la Gecamines, qu’est-ce qui l’empêche alors de prendre des sanctions contre des mandataires clairement identifiés ?
S’inspirer de KasweshiIl s’agit pour l’instant de protéger la crédibilité et surtout l’honneur du gouvernement. Au lieu de multiplier des communiqués dans la presse comme c’est le cas actuellement, le gouvernement ferait mieux de sanctionner et de diligenter, par la suite, une enquête pour établir les faits.
Le directeur général de l’OVD et le secrétaire général à l’Urbanisme viennent d’être suspendus de leurs fonctions à titre conservatoire, sur une décision du ministre Kasweshi. Pourquoi n’en serait-il pas le cas pour les dirigeants de la Gecamines ? Quelle est finalement cette tour indétrônable derrière laquelle se sont abrités les dirigeants de la Gecamines ?
Le Premier ministre doit prendre le devant dans cette affaire qui risque de décrédibiliser son action. Pire, c’est son autorité qui est en jeu. Seule la sanction le rétablira dans son rôle et prouvera à l’opinion tant nationale qu’internationale qu’il a véritablement le contrôle de la gestion du pays.
Le défi lui a été lancé. Et c’est à lui et lui seul de le relever en mettant hors d’état de nuire tous ceux qui veulent torpiller son action à la tête du gouvernement.
Écrit par F.K.
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