(La Prospérité 01/12/2012)
Le jeudi 22 novembre dernier, le Chef de l’Etat a décidé la
suspension du chef d’Etat-major de la Force terrestre, le Général Amisi Tango
Four. Cette décision faisait suite à la publication du rapport final du groupe
d’experts de l’ONU sur la RDC, le 12 novembre 2012. Il n’en fallait pas plus
pour que médias et chroniqueurs fassent l’amalgame, et livrent carrément le
général en pâture, l’accusant d’avoir livré des armes aux rebelles du M23 qui
agressent le Congo, avec le soutien des pays voisins. En ce temps de guerre
d’agression, de tels raccourcis sont extrêmement dangereux et risquent
d’hypothéquer à jamais l’honneur national d’une personne. Il est temps de cesser
l’amalgame et de remettre les choses à leur juste mesure. Au regard des faits,
le rapport des experts de l’ONU accuse le Général Amisi Kumba de contrôler «un
réseau de distribution des munitions de chasse à des braconniers et groupes
armés, dont les Raïa Mutomboki». Mais, le rapport cite également le groupe Maï
Maï Nyatura qui aurait également bénéficié de ces distributions alléguées de
munitions et de 300 fusils d’assaut AK 47. Et c’est tout. Nulle part, il n’a été
question ni de trafic d’armes, et encore moins de trafic d’armes en faveur du
M23. En tout état de cause, il ne s’agit que d’un rapport extérieur au pays,
réalisé par des experts indépendants nommés par le SG de l’ONU. «Ils fondent
leurs accusations sur des témoignages qui peuvent être véridiques, biaisés ou
carrément désobligeants. Seule la commission d’enquête instituée par le Chef de
l’Etat, M. Joseph Kabila Kabange, peut, enfin, faire éclater la vérité», note un
observateur. D’ici-là, comme tout citoyen, le général Amisi Kumba «Tango Four»
bénéficie de la présomption d’innocence, selon les Avocats. «Alliés des FARDC»
Ensuite, il restera toujours les réalités de ce Kivu qui vit plusieurs tragédies
successives. Dans cette région, et pour faire face aux velléités hégémoniques
des voisins rwando-ougandais, ainsi que des réfugiés rwandais combattants
regroupés depuis dans les FDLR, les populations locales se sont organisées dans
des forces d’autodéfense populaire, communément appelées «Maï-Maï». Ces forces
ont tenu la dragée haute aux armées coalisées du Rwanda et de l’Ouganda durant
les guerres de 1996 et de 1998, au point de susciter une grande sympathie
populaire à travers le pays. A l’issue du Dialogue intercongolais, la galaxie
Maï Maï fut surnommée «patriotes résistants» par l’alors rapporteur adjoint de
l’Assemblée nationale, M. Lambert Mende. Cette qualification est demeurée à ce
jour, leur nom de gloire. «Les Maï Maï sont les gardiens de nos villages contre
les agressions extérieures, ce sont nos boucliers contre les visées
expansionnistes de nos voisins rwandais et ougandais», explique un chef de
groupement du territoire de Rutshuru. Avant de renchérir : «ce sont des alliés
objectifs de nos Forces armées. Lors de la prise de Sake par le M23, après le
départ des FARDC vers Minova, ce sont les Maï-Maï Nyatura qui sont restés se
battre. De même, deux jours plus tard, ce sont des Maï-Maï ACPLS qui avaient
lancé l’attaque qui avait permis aux FARDC de reprendre temporairement Sake. En
aucune façon ces Maï-Maï, qui sont nos enfants, ne peuvent être placés sur le
même pied que le M23». Et d’expliquer le cas du Hezbollah libanais : «il
s’agit-là d’un parti qui dispose de sa propre branche armée. Pourtant, le
gouvernement libanais ne le désarme pas car le Hezbollah ne se bat pas contre le
gouvernement, mais contre l’occupant israélien. Lorsque tout risque d’occupation
aura disparu, la situation deviendra normale, et ce parti redeviendra comme tous
les autres partis. Ça serait également le cas chez nous au Kivu». Et de conclure
: «je ne confirme rien, mais si jamais certains groupes Maï Maï auraient
bénéficié de munitions pour combattre les agresseurs, ce ne serait que justice
car ils défendent leur terre, la terre du grand Congo. Pour le reste, nous
devons tous attendre les résultats de l’enquête qui a été diligentée par le Chef
de l’Etat». Au demeurant, nombre d’observateurs trouvent surréaliste
l’accusation portée contre des hauts officiers des FARDC qui entretiendraient un
réseau de fourniture de munitions de chasse aux braconniers, pour tuer les
éléphants et s’enrichir avec la vente de leur ivoire. «Quel général peut
sérieusement entreprendre une telle affaire ? Combien d’éléphants lui
faudrait-il massacrer pour faire fortune ? Les défenseurs de la nature à travers
le monde ont-ils dénoncé un massacre d’éléphants à grande échelle dans le
Nord-Kivu, ces dernières années ?», se demande un journaliste de Kinshasa. Pour
le moment, tout le monde attend patiemment le rapport d’enquête. Et chacun est
invité à ne pas développer des conclusions hâtives sur la responsabilité des uns
et des autres. Surtout que n’ayant pas été cité dans le rapport d’étape, le
général Amisi n’aurait pas eu jusqu’ici, la possibilité de se défendre et
d’apporter sa version des faits en vue de la confection du rapport définitif.
Cette possibilité lui est offerte par la commission d’enquête. D’ici-là, il est
important que chacun sache garder la raison et ne pas verser hâtivement dans des
accusations précipitées.
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