(Le Potentiel 15/11/2011)
Pour la Société civile de la République démocratique du Congo, tous les ingrédients sont réunis pour un aboutissement violent du processus électoral. Elle appelle donc le peuple à la vigilance afin d’éviter le pire. Hier lundi 14 novembre à la paroisse Notre-Dame de Fatima, les organisations de la Société civile congolaise, réunies au sein d’un Observatoire des manifestations publiques, ont fait une déclaration à la presse pour tirer la sonnette d’alarme sur la violence électorale croissante qui fait peser un risque sérieux sur le déroulement des élections 2011 en République démocratique du Congo. Les organisations signataires de cette déclaration sont : Amis de Nelson Mandela pour les droits humains (ANMDH), Association africaine de défense des droits de l’Homme (ASADHO), Femmes des médias et justice au Congo (FMJC), Journaliste en danger (JED), Nouvelle société civile congolaise (NSCC), Observatoire des médias congolais (OMEC), Réseau action femme (RAF), La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme (VSV).
Les représentants de ces organisations déclarent qu’à deux semaines des élections présidentielle et législatives prévues pour le 28 novembre 2011, la détérioration continue de la situation des droits de l’Homme et la montée des actes délibérés d’insécurité font peser une menace sérieuse à l’organisation d’élections qui réunissent un minimum de garanties de transparence.
Ce constat a été fait au cours d’une réunion consacrée à l’analyse d’indicateurs d’une situation propice aux élections apaisées, parmi lesquels la sécurité des acteurs politiques engagés dans le processus électoral, celle des journalistes qui couvrent les élections et celle des défenseurs des droits humains à travers le pays. Ces organisations de la Société civile ont dressé de la situation sécuritaire un tableau inquiétant corroborant le rapport du Bureau conjoint des Nations unies sur les droits humains et les appréhensions de l’archevêque de Kinshasa, Laurent Cardinal Monsengwo Pasinya.
Après avoir noté que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) insiste sur les avancées des préparatifs pour les élections aux plans techniques et logistiques au regard de l’analyse critique de la plateforme Agir pour des élections transparentes et apaisées (AETA), les ONG de promotion des droits humains et protection des journalistes signataires de cette déclaration tiennent cependant à rappeler que les élections ne sont pas seulement une affaire technique et logistique. Elles sont d’abord et avant tout une affaire éminemment politique. A ce sujet, ces organisations relèvent que sur le plan sécuritaire et politique, la situation s’est gravement détériorée depuis le début de la campagne électorale au point qu’elle n’augure aucunement des élections apaisées.
Les ONG ont notamment relevé de affrontements fréquents entre les partisans des partis de la Majorité présidentielle au pouvoir et ceux de l’Opposition à travers le pays, des attaques répétées et à motivation électorale, perpétrées par des groupes armés contre la population civile dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu; des informations faisant état de l’implication des membres des forces armées dans la campane électorale; des cas fréquents d’affrontements violents et parfois mortels entre partisans de l’UNAFEC et ceux de l’UDPS au Katanga; l’attaque mortelle contre une caravane motorisée de l’Opposition à Mbuji-Mayi le 28 octobre 2011; l’attaque mortelle contre le cortège de l’UNC à l’entrée de la ville de Kikwit au Bandundu le 9 novembre 2011, etc. Tous ses actes de violence, disent-ils, confirment les appréhensions du cardinal Monsengwo sur l’instrumentalisation de jeunes sportifs, et leur analyse amène à croire que les conditions d’élections libres et apaisées ne sont pas réunies.
Ils soulignent que le recours systématique à la violence pour empêcher le bon déroulement de la campagne électorale augmente le risque de voir les résultats des élections contestés par une partie de la classe politique. Aussi, le manque de confiance en la neutralité professionnelle de la police et en l’indépendance du pouvoir judiciaire fait augmenter le risque de voir cette contestation de résultats des élections prendre une forme violente.
Il est par conséquent d’une importance particulière pour le gouvernement et la CENI de reconstituer un minimum de consensus avec la classe politique congolaise comprenant toutes les parties prenantes à la compétition électorale.
Ils appellent donc le gouvernement de la RDC à assumer ses responsabilités et assurer les conditions d’apaisement pour toutes les parties prenantes avant les élections, et de veiller à déployer une force de police capable à la fois de garantir les libertés des citoyens à participer aux activités politiques et de prévenir et réprimer les actes de violence contre les candidats et leurs partisans.
Ils recommandent à la CENI, en tant que gestionnaire et organisatrice des élections, de veiller particulièrement à s’assurer qu’en plus des conditions logistiques et techniques, les scrutins réunissent les conditions propices à la sérénité et l’apaisement des esprits qui ne sont possibles que par un minimum de consensus politique nécessaire à l’acceptation des résultats. L’annonce par la CENI de la mise sur pied d’un comité de médiation est un pas positif dans la bonne direction, disent-ils. Mais l’existence d’un tel comité composé de personnalités indépendantes de la CENI ne doit cependant soustraire la CENI à sa responsabilité première de créer les conditions nécessaires à un large consensus politique autour des étapes et des règles du jeu des sélections.
Par Donatien Ngandu Mupompa
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