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mardi 8 novembre 2011

Campagne électorale: 19 jours de haute tension

(Le Potentiel 08/11/2011)

Tous les «gros poissons» sont descendus dans l’arène. La campagne électorale passe ainsi à la vitesse supérieure à partir de cette semaine. Plus que 19 jours pour convaincre. Entre-temps, l’on ne cesse d’enregistrer des accrochages. Il y a des étincelles dans l’air. La tension monte chaque jour d’un cran. De quoi s’inquiéter.

Après 11 jours d’observation, caractérisés par un début timide de campagne électorale, l’on est en train de passer à la vitesse supérieure depuis hier lundi. Le week-end a été caractérisé par la descente dans l’arène des autres candidats à la présidentielle, à savoir Léon Kengo wa Dondo, à Kinshasa, Etienne Tshisekedi qui était attendu hier dimanche à Kisangani.
Sont attendus également dans les prochaines heures pour leur entrée officielle en campagne, les candidats Adam Bombole, Nzanga Mobutu.
Auparavant, le candidat Joseph Kabila Kabange n’avait pas fait de quartier. Il avait annoncé ses couleurs par un début de campagne électorale tambour battant, de Kindu à Bukavu en passant par Kasongo. A Kinshasa, c’est au rythme des spots publicitaires médiatisés et des caravanes motorisées que le candidat n°3 ratisse large.
L’un de ses challengers, Vital Kamerhe, n’y est pas allé de main morte. De Lukunga, où il a lancé sa campagne, il s’est permis de dévoiler la stratégie de l’Opposition pour remporter ces élections. Il s’agit de la stratégie dite «d’encerclement».
En d’autres termes, le tour des tables pour les 11 candidats sera fait cette semaine afin que tout le monde se jette à l’eau. La partie s’annonce intéressante tant les candidats vont rivaliser d’éloquence, d’arguments pour convaincre. La campagne électorale prendra d’autres tournures lorsqu’ils ouvriront les débats radiotélévisés. Un tour d’honneur qui consistera incontestablement à projeter leur vraie image de «futur magistrat suprême» de l’Etat congolais.
INQUIETUDES
Malheureusement, ce début de campagne électorale suscite de nombreuses inquiétudes. Il est émaillé de nombreux incidents, de plusieurs accrochages, avec mort d’hommes, tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays. Les incidents les plus graves ont été enregistrés à Mbuji-Mayi et à Lubumbashi. Dans le premier cas, ils ont opposé les partisans de l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, à la Police, avec à l’affiche, une fillette de 13 ans tuée. Dans le second cas, entre les sympathisants de l’UDPS et ceux de l’UNAFEC. Il est fait état de nombreux blessés dont quelques-uns dans un état grave, sans oublier des dégâts matériels très importants.
Dans cette dernière ville, c’est comme si l’on tenait à ressusciter de vieux démons avec un langage et un discours inappropriés, d’un autre âge. Ce qui augure de mauvais présages. D’ailleurs, une délégation d’observateurs de l’Union européenne qui vient d’effectuer un voyage dans les provinces, en visitant les villes de Mbuji-Mayi, Kananga et Lubumbashi, a justement observé ce regain de vieille adversité.
A Kinshasa, c’est la manière forte de la Police qui surprend de nombreux observateurs, tant nationaux qu’étrangers. Pas plus tard que le week-end dernier, un candidat à la députation nationale, responsable d’un parti politique de l’Opposition, a été interpellé pendant plus de deux heures, alors qu’il battait campagne. Sous le prétexte fallacieux qu’il était en train de soulever des étudiants de l’UPN, il a été arrêté par la Police pour être ensuite libéré deux heures plus tard.
Comme si cela ne suffisait pas, les affiches et banderoles des candidats à la députation nationale sont arrachées dans plusieurs coins de la capitale. Manifestation flagrante de l’intolérance politique qui pourrait déboucher sur des dérapages.
Tout se passe comme si aucun parti politique, aucun leader candidat aux élections 2011 n’a signe le Code de bonne conduite. Face à ces actes inacceptables d’intolérance, de provocation flagrante et qui tuent la démocratie, la CENI ne doit pas seulement réagir par intermittence, mais bien marquer sa présence de façon permanente jusqu’au jour des élections.
LOI ELECTORALE
Violation du Code de bonne conduite, violation de la Loi électorale. Le fait le plus marquant est bien sûr la présence des affiches de campagne de quelques candidats en des lieux publics. Invités par la CENI à décrocher leurs affiches, aucun parti politique, aucun candidat n’a obtempéré à cette injonction.
En plus, l’on assiste au détournement de la main-d’œuvre publique, à la réquisition des entreprises publiques à battre campagne au profit de certains candidats. Cette violation flagrante de la Loi électorale est déjà à la base des incidents qui se sont produits à Mbuji-Mayi. Elle risque également de désavantager d’autres candidats. Or, comme l’a si bien dit la CENI, tout le monde devrait bénéficier des mêmes chances dès le départ.
Jusqu’à ce jour, les mandataires publics continuent à demeurer en poste et à battre campagne. Si les rumeurs qui circulent depuis le dernier week-end sont fondées, rumeurs qui feraient état de la signature d’un décret invitant les mandataires publics à démissionner, ce serait une bonne chose. Le même décret inviterait également les membres du gouvernement, candidats à la députation nationale à opérer un choix pour ne pas handicaper le bon fonctionnement de l’Exécutif.
Au fait, avec la présentation du bilan du gouvernement par le Premier ministre, l’élégance politique voudrait que le gouvernement se déclare «démissionnaire» pour n’assumer que les affaires courantes. Tout simplement, parce que la présentation de ce bilan marque la fin officielle de cette législature.
Autre motif sérieux. A en croire certaines indiscrétions, les chancelleries auraient conseillé vivement à leurs compatriotes qui aimeraient investir en République démocratique du Congo, d’attendre la mise en place des institutions renouvelées, après les élections, pour entreprendre des négociations avec les autorités congolaises. Et ce, en toute responsabilité, de part et d’autre.
Au demeurant, la campagne électorale vient de passer à la vitesse supérieure. Et qui place davantage la CENI devant ses responsabilités, car en dehors de son rôle technique qui consiste maintenant au déploiement du matériel électoral dans tous les coins et recoins du pays, la moralisation doit aller de pair. Même message de haute responsabilité politique à l’endroit de tous les candidats qui, à travers leur comportement, peuvent assurer le succès de ces élections.
C’est le défi à relever.


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