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jeudi 17 novembre 2011

A 11 jours des élections : Permutation des Chefs d’Antenne de la CENI, l’arbre qui cache la forêt

(L'Avenir Quotidien 17/11/2011)

A onze jours des élections présidentielles et législatives nationales, la CENI vient de poser un acte salutaire du reste, mais qui ne manquera pas de toucher certaines susceptibilités. En effet, par sa décision n°077 du 15 novembre dernier, elle a permuté tous les Chefs d’Antenne sur toute l’étendue du territoire national. Et ce, dans le souci de répondre au besoin de transparence et de crédibilité du processus électoral en cours. *Pourquoi permuter les Chefs d’Antenne lorsqu’on sait qu’il nous reste que peu de jours pour aller aux élections ? En plus, quelle est l’assurance que les permutés ne pourront pas s’illustrer dans le comportement que la CENI décrie aujourd’hui ? D’autant plus que selon des sources proches du Bureau de la CENI, celui-ci aurait proposé au président de renvoyer la permutation à plus tard lors des élections provinciales, urbaines, municipales et locales l’année prochaine.

En Rd Congo, le processus électoral s’achemine petit à petit vers les élections démocratiques, transparentes et apaisées. De leur côté, les Etats-Majors des candidats présidents de la République s’attèlent à sillonner villes et villages afin non seulement de battre campagne, mais aussi de solliciter l’électorat sans lequel la prétention de diriger demain la Rd Congo serait un vœu pieux. Pour la journée d’hier, on annonce Joseph Kabila Kabange et Etienne Tshisekedi wa Mulumba à l’Est du pays, précisément à Butembo, Kanyabayonga, Beni où ils ont étalé leur projet de société pour l’un, mais aussi le bilan des cinq ans passés à la tête du pays, pour l’autre. Au même moment, Vital Kamerhe et Léon Kengo étaient dans la province de l’Equateur, où, même si le calendrier devient très serré, ils pourront s’efforcer de récolter plus de voix aux élections de 2011.
Au niveau de la CENI, à travers son président, celui-ci persiste et signe sur sa détermination à organiser les élections dans le délai légal, soit le 28 novembre 2011. Et ce, en dépit des propos de son vice-président prononcés et démentis en Belgique où il se trouvait en mission. C’est dans cette fièvre qu’intervient une décision du président de la CENI, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, dans laquelle il procède à la permutation des Chefs d’Antenne. Un peu comme pour dire que pour un Chef d’Antenne qui était en 2006 à Mbuji-Mayi, il va se retrouver en 2011 à Kinshasa et vice-versa. Et pourtant, le pasteur estime que c’est dans le souci de répondre au besoin de transparence et de crédibilité du processus électoral en cours.
En réalité, il faut avouer que lorsqu’on travaille dans un secteur déterminé, c’est possible pour le concerné d’accumuler une certaine expérience dans le bien tout comme dans le mal. En ce qui concerne les élections, la CENI craint que ses Chefs d’Antenne ne se soient familiarisés avec certains candidats. Et ce, au risque d’organiser une certaine fraude à leur endroit. Donc, c’est tout à fait normal pour lui de les changer et d’armer moralement les promis pour qu’ils ne s’illustrent plus par ce genre de comportement. Entre-temps, il est difficile d’admettre un changement global pour les Chefs d’Antenne, dont on sait que certains s’étaient quand même caractérisés par leur façon de travailler qui n’a pas été aussi mauvais qu’on l’aurait cru. Pour celui qui a bien travaillé, l’idéal pour la CENI était de le maintenir afin de le pousser à développer un comportement qui le placerait au-dessus de tout soupçon possible. Par contre, pour ceux dont la probité morale laissait à désirer, le président avait la possibilité soit de les révoquer, soit de les permuter comme il l’a fait. Mais lorsqu’on va permuter tous les Chefs d’Antenne en catastrophe, il y a risque de retomber vite dans les erreurs d’appréciation.
Au-delà de tous ces aspects, ce que le président devait plutôt combattre, c’est la mentalité d’une certaine catégorie de Congolais qui est tournée vers la corruption, la fraude, ainsi que toutes les antivaleurs qu’il faut changer. Car, si ces compatriotes ne sont pas moralement bien armés, il est difficile pour eux d’assurer des élections transparentes et crédibles au pays. Car parmi eux, certains ont été indexés et d’autres pas. On ne peut pas valablement affirmer que dans leur comportement, ils vont favoriser la corruption, lorsqu’on sait que celle-ci peut émaner ailleurs. Car en Afrique, on a vu les militaires associés dans la fraude électorale sans que ceci ne soit le fait d’un quelconque Chef d’Antenne.
De la proposition du Bureau de la CENI
Selon des indiscrétions proches du Bureau de la CENI, il s’avère que les membres de celui-ci avaient proposé à leur président que si permutation il y a, qu’elle soit faite après les élections du 28 novembre 2011, pour le compte des élections provinciales, urbaines, municipales et locales l’année prochaine. Et de l’avis de ce Bureau, le président aurait passé outre cette observation. Et pourtant, dans leur justification, les membres du Bureau pensaient que les jours qui restent ne permettront pas un déploiement effectif de tous les Chefs qui ont été permutés. Lorsqu’on sait qu’il faudra mobiliser beaucoup d’argent pour leur installation. Au-delà du problème financier, les membres du Bureau avaient aussi évoqué un problème de distance pour certains coins de la République. Car en effet, certains seront obligés de prendre deux à trois jours pour rejoindre leurs nouveaux postes d’attache. Or, ne peut bien travailler qu’un Chef d’Antenne qui a eu suffisamment du temps tant pour connaître le nouveau milieu où il est affecté pour bien contrôler les différentes opérations de vote.
La CENI ne devrait pas oublier que les réalités sont quasi identiques sur toute l’étendue du territoire national. Ainsi, celui qui est tourné résolument à la corruption ne pourra pas changer parce qu’on l’a permuté de Kabinda à Muene-Ditu. Le mieux à faire serait de le soumettre devant ses responsabilités et lui dire que tout comportement répréhensible de sa part sera sévèrement sanctionné conformément à la loi.
L’arbre qui cache la forêt !
La permutation effectuée par la CENI peut-elle être considérée comme un arbre qui cache la forêt ? On ne peut pas répondre par l’affirmative, dans la mesure où lorsqu’il y a fraude, on ne sait pas exactement si elle le sera pour tel candidat ou pour tel autre. Il est quand même permis pour la CENI, en dépit de sa bonne foi, de permuter un Chef d’Antenne et de l’envoyer dans une ville proche d’un tel ou tel autre candidat, avec un agenda précis. Mais ce qui est vrai est qu’une certaine opinion verra toujours d’un mauvais œil cette permutation et elle n’hésitera pas de dire qu’elle va servir à un candidat président de la République, et non à l’autre. Au-delà de ce fait, il faut aussi reconnaître qu’en 2011, la Rd Congo a reçu un nombre très important d’observateurs venus de l’Union européenne, de la SADC, du Centre Carter, de l’Eglise catholique, de l’Union africaine et des différentes autres structures contrairement à 2006.
Ainsi, la tâche sera un peu difficile pour quiconque se préparerait à frauder. Et ce, en dépit du fait que l’audit du fichier électoral et du serveur central peine à être organisé. En attendant, les partis politiques, les candidats aux différents postes devront se battre afin de faire accréditer leurs témoins dans les différents bureaux de vote. Surtout que le comptage sera manuel, avant la compilation des résultats. Les retardataires, les désordonnés et les rêveurs ne s’en prendront qu’à eux-mêmes. Comprenne qui pourra !

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