Le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) Jean-Claude Masangu a annoncé que son institution disposait, à la date du 28 décembre 2012, des réserves de 1,68 milliard USD représentant 2,2 mois d'importation de biens et services.
« Aujourd'hui, l'hyperinflation a été maîtrisée. Le taux d'inflation est à 2,73 %. On est loin de 639 % de 1996. La stabilité du Franc congolais par rapport aux devises étrangères est une réalité. Il s'échange entre CDF 910 et 920 le dollar depuis 3 ans. La convertibilité au pair de la monnaie scripturale à la monnaie fiduciaire est aussi une réalité. Tout paiement par voie bancaire peut être liquéfié en espèces à tout moment et sans entrave », s’est-il réjoui à Kinshasa dans son message de vœux de Nouvel An aux cadres et agents de la BCC pour l'année 2013.
Il a indiqué que « l'objectif d'accumulation des réserves de change à fin 2012 a été aussi atteint malgré la suspension des tirages auprès du FMI, le manque d'appui budgétaire, les dépenses relatives à la défense du territoire national et à l'organisation des dernières élections de 2011 ».
« Le secteur monétaire se consolide, se professionnalise, s'étend de plus en plus dans l'arrière-pays tout en introduisant de nouveaux produits et services financiers adaptés aux besoins d'une clientèle variée », a-t-il affirmé.
Défis relevés
Durant les quinze années passées à la tête de la BCC depuis août 1997, Jean-Claude Masangu a révélé que le chemin était « parsemé d'embûches où nous avons parfois trébuché, et sommes parfois même tombés, mais toujours pour nous relever plus déterminés, mus par la volonté immuable de redorer le blason de l'Institut ».Il a noté que « l'engagement à construire une institution moderne et innovante, exécutant sa mission de manière significative et efficiente pour un développement durable de l'économie congolaise, a été tenu », les nombreux défis ayant été « relevés à décembre 2012 ».
En 15 ans, le Produit intérieur brut (PIB) nominal de la RDC est passé de 5,8 milliards en 1998 à 17,3 milliards à fin 2012, malgré une récession consécutive aux conflits armés, aux pillages ainsi qu’à la dégradation des infrastructures de base et aux difficultés d'approvisionnement des entreprises.
En 1996, le taux d'inflation était de 3 chiffres (693 %), la situation monétaire « pas enviable non plus » tandis que le pays était divisé en « 4 espaces monétaires » et soumis à une forte dollarisation, à un régime de change fixé avec des taux de change multiples, à la rupture avec les institutions financières internationales et à la faible mobilisation des recettes des régies financières etc.
Pour faire face à cette situation, la BCC avait mis sur pied un « Plan stratégique de développement financier national 2004-2009 » suivi d'un deuxième pour la période allant de 2010 destiné à la propulser au niveau d'une « Banque centrale performante au service du gouvernement, des institutions financières et des opérateurs économiques ».
Au 31 décembre 2012, le total bilantaire des banques est passé de 178 millions USD à 3,473 milliards USD (soit un accroissement d’environ 20 fois), le volume des dépôts a augmenté de 97 millions USD à 2.345 millions USD et celui des crédits à l'économie multiplié par 29, soit de 49 millions USD à 1.418 millions USD.
Malgré tous ces progrès, le taux de bancarisation reste néanmoins faible, autour de 2 %. Mais, ce taux peut être porté à 20-25 % endéans deux à trois ans, à condition que la banque de proximité, de la microfinance et du Mobile banking tournent à plein régime.
« Pour 2013, la croissance économique de la République démocratique du Congo devrait s'accélérer pour s'établir à 8,2 %. L'objectif d'un taux d'inflation à un chiffre demeure, cette fois autour de 5,8 %. Pour lancer un signal fort dans ce sens, la Banque centrale vient de baisser son taux directeur de 6 à 4 % », a encore indiqué le gouverneur Jean-Claude Masangu.
Toutefois, ces chiffres encourageants réclament au préalable une politique budgétaire orthodoxe et une exécution en équilibre du Plan de trésorerie du secteur public. « La poursuite d'une bonne coordination des politiques budgétaire et monétaire constitue une autre condition de succès », selon le gouverneur de la Banque centrale du Congo.
[Angelo Mobateli]
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