(L'Avenir Quotidien 18/01/2013)
Raymond Tshibanda, chef de la délégation gouvernementale à
l’évaluation de Kampala a réservé une réplique foudroyante aux allégations du
M23. Il a réservé une fin de non recevoir à toutes ces imputations, car pour
lui, ce dialogue ne peut donc pas se transformer en une Conférence Nationale
Souveraine ou en un Dialogue Inter-congolais bis. Il ne peut pas non plus
aspirer à devenir un forum pour aborder et résoudre tous les problèmes du pays,
pour lesquels des cadres appropriés de gestion existent ou ont été
annoncés.
*Dans la même optique, il a expliqué que l’insinuation d’une
éventuelle collaboration entre les FARDC et des forces négatives relève de
l’amalgame et d’une confusion délibérément entretenus pour des buts inavoués,
mais faciles à deviner par tous. Tout le monde sait dans la région des Grands
Lacs, qu’aucun autre acteur n’a déployé autant d’efforts pour la traque et
l’éradication des FDLR que le Gouvernement de la RDC, assisté par les Nations
Unies, allant jusqu’à accepter des opérations conjointes avec le Rwanda *Pour sa
part, l’Abbé Malu Malu, Coordonateur de la délégation gouvernementale qualifie
les revendications du M23 « d’une vaste blague ». Dans un point de presse qu’il
a animé hier, le président du Starec affirme que les dirigeants du M23 figurent
parmi les auteurs des pires violations des droits de l’homme dans le monde. Les
rebelles du M23 qui sont sous sanction des Nations Unies et dont certains de ses
dirigeants sont recherchés par la CPI que des rebelles ainsi condamnés cherchent
à renverser le régime en Rdc en proposant un conseil national de transition. Le
dialogue de Kampala est toujours entrain de faire son bonhomme de chemin. Lors
de la plénière du 16 janvier dernier, les parties ont adopté et signé l’ordre du
jour des travaux qui comprend quatre points, à savoir la revue de l’accord du 23
mars 2009, les questions sécuritaires, les questions sociales, politiques et
économiques, ainsi que le plan de mise en œuvre. Un Conseil national de
transition congolais (CNTC) Après l’adoption de l’ordre du jour, la parole a été
donnée au chef de délégation des terroristes du M23 pour faire une déclaration
liminaire. A l’occasion, ils en ont profité pour aller au-delà de ce que les
chefs d’Etat de la Région des Grands Lacs avaient fixé comme cadre de travail.
C’est ainsi qu’ils réclament l’opérationnalisation du service spécialisé de
prise en charge des blessés de guerre, des veuves et des orphelins ;
L’éradication et le rapatriement des FDLR, ADF-NALU, FNL se trouvant au sein des
FARDC et de ceux qui opèrent à partir du territoire congolais en toute quiétude
; L’éradication des groupes armés congolais dont la plupart ont été créés par le
Gouvernement congolais dans sa stratégie de gestion du conflit dans l’Est de la
RDC ; La création de la Police de proximité ; La réforme des services
spécialisés de sécurité et de renseignements (civils et militaires) ; La réforme
de l’Armée Nationale et la reconnaissance formelle des grades actualisés des
militaires du M23. A cet effet, un mécanisme de fidélisation des troupes de
l’Armée Révolutionnaire Congolaise, ARC en sigle, dans le processus
d’intégration au sein de l’Armée nationale devra être mis en place ; La prise en
charge par le Gouvernement de l’actif et du passif comptable du M23 ; La mise
sur pied d’une commission mixte d’enquête sur les biens mal acquis par les
officiers militaires et policiers ainsi que les responsables politiques,
etc.
Une réplique musclée
La réaction de la délégation
gouvernementale ne s’est pas faite attendre. Dans sa réplique plus ou moins
foudroyante qui comprenait cinq points, Raymond Tshibanda a indiqué que parmi
les actes fondateurs du présent dialogue, il y a lieu de revenir d’abord à la
déclaration historique du 21 novembre 2012 des trois Chefs d’Etat de la région,
à savoir les Présidents Museveni, Kagame et Kabila, non seulement pour avoir
permis la convocation du Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat de la CIRGL du
24 novembre 2012, mais aussi et surtout pour sa teneur.
Dans leur
communiqué conjoint, ces Chefs d’Etat affirment en substance qu’au regard de la
détérioration de la situation humanitaire et sécuritaire du fait de la guerre, «
même si le groupe des mutins appelés M23 avait des griefs légitimes, ils ne
peuvent pas accepter l’expansion géographique de cette guerre, ni tolérer l’idée
de renverser le gouvernement légitime de la RDC ou de miner son autorité. Le
groupe rebelle M23 doit donc immédiatement arrêter son offensive et se retirer
de Goma ».
C’est contraint par ceux-là même qui donnent sens et crédit
aux présentes assises, en traînant les pieds et en pillant, avant de se retirer,
biens publics et privés, que le M23 s’est retiré de Goma. Face au drame causé
par le M23, ce retrait n’a donc pas valeur de circonstance atténuante. Il n’est
pas l’expression d’une subite découverte des vertus du dialogue par le M23,
moins encore d’une soudaine volonté de sa part de mettre fin aux indicibles
souffrances imposées par son action aux populations de Goma et de ses environs.
Affirmer le contraire, c’est falsifier l’histoire. Le M23 n’a nullement respecté
la décision pertinente du Sommet du 24 novembre telle que formulée par les Chefs
d’Etat, à savoir qu’il devait se retirer à au moins 20 kms au Nord de Goma, ce
qu’il n’a toujours pas fait.
Pas de partage de pouvoir
Quant à
l’objet du dialogue, les décisions du 24 novembre stipulent que : « le
gouvernement de la RDC va écouter le M23, évaluer et résoudre les doléances
légitimes de ce dernier en tenant compte du travail déjà accompli par la CIRGL
». Comme pour dire que ce dialogue ne peut donc pas se transformer en une
Conférence Nationale Souveraine ou en un Dialogue Inter-congolais bis. Il ne
peut pas non plus aspirer à devenir un forum pour aborder et résoudre tous les
problèmes du pays, pour lesquels des cadres appropriés de gestion existent ou
ont été annoncés.
« Notre préoccupation principale au cours de ce
dialogue devrait consister à cerner les raisons pour lesquelles le M23 a pris
les armes, violant de manière flagrante la Constitution de la République et
quelles sont les pistes pour mettre fin à cette rébellion et instaurer une paix
durable dans le Nord Kivu », a-t-il indiqué.
Cela étant, et au vu des
grandes décisions de Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CIRGL, les assisses
actuelles ne peuvent en aucun cas aboutir à la mise en place, comme suggéré par
le M23, d’un Conseil National de la Transition, ni à une quelconque remise en
cause de l’ordre constitutionnel et institutionnel de la RDC.
Et de
rappeler que le M23 est considéré comme une force négative par la CIRGL, l’Union
Africaine et les Nations Unies. Beaucoup d’entre eux ont un passé consternant
comprenant des allégations de participation à des viols de masse, la
responsabilité des massacres, et le recrutement et l’utilisation d’enfants ». Ce
qui justifie les sanctions qui frappent aujourd’hui ce mouvement et certains de
ses dirigeants politiques et militaires. Point n’est besoin de vouloir inverser
le rôle en entretenant une campagne de dénigrement de l’Etat congolais, de ses
institutions et de ses dirigeants.
Malu Malu hausse le
ton
L’Abbé Malu Malu qualifie de « vaste blague » la demande du
M23. Dans un point de presse qu’il a animé hier jeudi 17 janvier 2013, le
Coordonnateur de la délégation du M23 au dialogue de Kampala, qui a été le
président de la Conférence de Goma et qui conduit le programme Starec en charge
de stabilisation des provinces de l’Est de la Rdc a été plus que clair : « les
dirigeants du M23 figurent parmi les auteurs des pires violations des droits de
l’homme dans le monde ».
Pour lui, le M23 est sous sanction des Nations
Unies est ses dirigeants sont, certains recherchés par la Cpi. « Il ne faut pas
changer de rôle », dit-il, avant d’ajouter que des rebelles ainsi condamnés
cherchent à renverser le régime en Rdc en proposant un Conseil national de
transition. (Ndlr : sans doute veulent-ils s’inspirer du cas de la
Centrafrique).
Il a aussi fustigé des militaires affairistes qui ne
veulent que protéger leurs coins. L’Abbé Malu Malu a dit qu’au dialogue de
Kampala, le M23 devrait déposer les armes et non parler d’un cessez-le-feu. «
Ils n’ont pas respecté la décision de se retirer à 20 kms de Goma comme demandé
par les chefs d’Etat ».
A propos de l’amnistie, il a dit que c’est un
acte exceptionnel qui est donné à quelqu’un ou à un groupe qui demande pardon.
Or, certains membres du M23 sont à leur troisième amnistie et il y a des
principes de base qui seront discutés à cet effet.
L’abbé Malu Malu s’est
référé plusieurs fois au discours du ministre des Affaires étrangères, Raymond
Tshibanda, qui a rejeté les revendications du M23 pour lancer le dialogue dans
sa phase ultime. Il a dit qu’il n’y a pas de crise de légitimité en Rdc, car
toutes les organisations internationales ont, certes, constaté des irrégularités
durant les élections, mais que ces irrégularités n’étaient pas de nature à
changer le résultat final des élections.
Il est revenu, en corrigeant,
toutes les allégations du M23 prononcées dans leur mot de circonstance que rien
de ce qui a été avancé ne puisse changer le fond de ce dialogue qui ne doit
qu’être l’écoute des rebelles dans le strict droit de l’évaluation de l’accord
du 23 mars 2009.
Il dit que l’on ne peut pas manipuler les refugiés sans
dire que le gouvernement a déjà signé tous les accords tripartites et cela ne
peut pas être une cause de la guerre. De même pour la xénophobie, la population
du Nord-Kivu a refusé de suivre le M23 sur ce chemin, dit-il.
Le prélat a
dit qu’il y a des problèmes en Rdc et ce n’est pas par la guerre qu’on doit les
résoudre, car la guerre fait reculer : « il ne faut pas camoufler l’agression
par des raisons diverses ». Enfin, il a dit qu’il n’y aura plus un comité de
suivi où l’on est juge et partie. Il a invité la Cirgl à créer ce comité de
suivi afin que la culture de la vérité triomphe sur la culture du
mensonge.
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