Mobilisation de la population en faveur de l'épargne : le nouveau chantier de la BCC

(Le Potentiel 02/11/2011)
A l'occasion de la célébration le 31 octobre de la journée internationale de l'épargne, la Banque centrale du Congo a consacré trois journées pour vanter les mérites de cet instrument dans le financement du vaste plan de la reconstruction. Cadre choisi : la halle de la Gombe où différentes institutions bancaires et de micro-finance rivalisent d'ardeur jusque ce mercredi 2 novembre pour convaincre le public.

Autorité monétaire de la République démocratique du Congo, la Banque centrale du Congo (BCC) a décidé de ratisser large pour inculquer dans la mentalité des Congolais la culture de l'épargne. La célébration chaque le 31 octobre de l'année de la Journée internationale de l'épargne a été l'occasion pour la BCC de lancer, lundi dernier à la Halle de la Gombe, une vaste campagne en faveur de l'épargne. C'est particulièrement vers les enfants venus de différentes écoles de l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel que la BCC s'est tournée. Saynète et danses étaient au rendez-vous.
A la Banque centrale du Congo, rien n'a donc été laissé au hasard pour vanter les mérites de l'épargne. D'ailleurs, c'était pour la première fois que la RDC fêtait sur son sol cette Journée internationale de l'épargne, adoptée pourtant à travers le monde depuis 1925. Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Ainsi, 86 ans après, la RDC s'est souvenue des bienfaits de l'épargne. Pour cette année, le thème choisi a été: " Epargner en RDC pour mon avenir, oui c'est possible".
Sur le podium rangé pour la circonstance, le premier à intervenir a été le 2ème secrétaire d'ambassade de la République fédérale d'Allemagne en RDC. Dans son intervention, le diplomate allemand a rappelé tous les avantages rattachés à l'épargne, soulignant que, par ce temps de reconstruction, la RDC a plus besoin de mobiliser son épargne intérieure pour financer divers projets de développement. Bien après lui, c'était le tour du président de l'Association congolaise des banques (ACB) de revenir largement sur le souci de la profession bancaire de ramener davantage les Congolais dans le circuit bancaire. D'où, l'implication, a-t-il dit, de son association à côté de la BCC dans l'organisation de ces trois journées de sensibilisation en faveur de l'émergence en RDC de la culture de l'épargne. Le vice-ministre de l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel n'a pas manqué de dire un mot à cette occasion.
EPARGNE : NOUVEAU CHANTIER DE LA BCC
Le clou de l'événement a été l'allocution prononcée par le gouverneur de la BCC, Jean-Claude Masangu Mulongo. Dans son intervention, il s'est largement étendu sur la notion de l'épargne, vantant en quelques points ses mérites. Par la suite, le n°1 de la BCC a repris, à l'attention de l'assistance, le parcours jusque-là emprunté par la Banque centrale du Congo pour donner à l'épargne toute sa force dans le vaste plan de reconstruction de la RDC. Selon lui, le but de ces trois journées dédiées à l'épargne est d'informer les Congolais sur les bienfaits, l'importance et la nécessité de l'épargne. Pour l'essentiel, l'action amorcée par la BCC, a-t-il indiqué, entre dans le cadre du vaste programme d'éducation financière que compte mettre en place l'Institut d'émission en vue d'informer la population sur les services et les produits offerts par les institutions financières de manière à permettre à notre population de faire des choix en toute connaissance de cause.
Aussi, pour une large couverture de cette journée, la BCC s'est-elle entourée, a-t-il dit, de la collaboration de la coopération financière allemande, de l'Association congolaise des Banques et des établissements bancaires tels que l'Access Bank, l'Advans Banque, la Bank of Africa, la Biac, la Procrédit Bank, la Rawbank et la TMB ainsi que des institutions de la micro-finance, notamment la Finca RD Congo, Life Vest et Mecreco.
Dans son intervention, le gouverneur de la BCC n'a pas manqué de dévoiler la stratégie de la BCC en la matière. A cet effet, il a rappelé que depuis 1998, le gouvernement de la RDC et la BCC se sont engagés dans un programme d'assainissement de l'espace économique, financier et monétaire, incluant la restructuration du système bancaire congolais.
Pour l'essentiel, a-t-il indiqué, l'assainissement financier entrepris par la BCC visait à susciter des institutions financières stables et solides à même de mieux gérer l'épargne du public et relancer l'économie nationale. En sus de cette politique, la Banque centrale a renforcé la supervision par l'adoption des normes prudentielles alignées aux standards internationaux et la rénovation de son cadre légal et réglementaire qui comprend actuellement notamment une loi relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit, une loi sur les coopératives d'épargne et de crédit ainsi qu'une réglementation sur les Institutions de Micro Finance.
Ainsi, fort de ce travail, se réjouit-il, à ce jour, le système financier congolais affiche une reprise certaine bien que des efforts pour une intense intermédiation soient encore nécessaires. Il est composé de 20 banques agréées en activité, 147 coopératives d'épargne et de crédit, 19 Institutions de micro finance et 3 coopératives centrales d'épargne et de Crédit. Dans le même registre, Jean-Claude Masangiu a fait remarquer qu'une surveillance permanente est exercée par la BCC en vue de préserver l'épargne du public et assurer leur solidité, professionnalisme et pérennité.
LE GRAND DEFI
Sans désemparer, il a indiqué qu'avec un taux de bancarisation de moins de 2 %, la BCC est en train de mettre en place une stratégie pour l'amélioration de l'inclusion financière en RDC. Cette dernière, pense-t-il, prend en compte l'introduction du téléphone cellulaire comme moyen d'épargne et de faire des transactions financières, c'est-à-dire des paiements. Cela permettra, se dit-il, d'augmenter le taux de bancarisation à 21 %, soulignant, à ce propos, que la même stratégie mettra l'accent sur l'éducation financière et la protection du consommateur - la célébration de la journée internationale de l'épargne étant une composante de ce projet important.
Quant au rôle que peut jouer l'épargne en RDC, de l'avis de Jean-Claude Masangu, tout dépend de politique à mettre en œuvre par l'Etat pour recréer la confiance dans les rangs des épargnants. "Une bonne politique de l'épargne permet à l'économie nationale de disposer de plus de ressources indispensables à l'investissement et au développement", a-t-il déclaré, convaincu que "ce sont les Congolais qui développeront leur pays. Il faut d'abord compter sur soi-même et sur ses propres ressources". Un credo qu'il s'est engagé à ancrer dans la mentalité de la population congolaise.
En effet, note-il, il a été démontré qu'un taux d'épargne élevé favorise une croissance économique plus soutenue, à condition que cette épargne soit transformée en investissement productif. C'est le cas de la Chine, a fait observer le gouverneur de la BCC. Il a, à ce propos, invité vivement la population à épargner auprès des institutions financières agréées par la Banque centrale du Congo pour "espérer un avenir meilleur". "Epargner en République démocratique du Congo, c'est possible", croit-il. Pour ce faire, a-t-il cependant rappelé, "il faut de la volonté, du sacrifice et de l'organisation quel que soit le niveau de revenu", convaincu que "l'épargne exige des sacrifices mais qui précèdent la récompense".
C'est donc aujourd'hui mercredi dans les mêmes installations de la Halle de la Gombe que se clôture la célébration en RDC de la Journée internationale de l'épargne. Ces trois journées ont été une belle occasion pour les exposants de se faire vendre auprès du public en vantant notamment les mérites de leurs services. Avec la célébration pour la toute première fois de cette journée de l'épargne, la RDC au travers la BCC s'est fixée l'ambition de replacer l'épargne au centre des priorités du gouvernement, en soutien au vaste programme de reconstruction nationale.

Par Faustin Kuediasala
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