(L'Avenir Quotidien 02/11/2011)
En dépit de l’affichage de la liste des électeurs, de la publication de la cartographie des bureaux de vote et de l’arrivée des urnes, la CENI reste encore confrontée au problème récurrent de moyens financiers supplémentaires, notamment pour déployer le matériel électoral dans les 63.865 bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire national. *Comme le pasteur Daniel Ngoy Mulunda ne jure que sur la tenue des élections présidentielle et législative dans le délai légal, quel est le sort qui lui sera réservé en cas de report ? D’autant plus que c’est la SADC qui évoque le problème de logistique, pour un pays aux dimensions continentales avec 11 candidats à la présidentielle et plus de 18.000 candidats à la députation nationale pour 500 sièges seulement. *La SADC estime que tout le monde doit fournir des efforts pour soutenir la paix, la stabilité et la réconciliation nationale. Et ce, lorsqu’on sait que les élections ne sont qu’une étape vers la consolidation de la démocratie. Il faut continuer à reconstruire la paix, souligne-t-elle, sans laquelle il n’y aurait pas de reconstruction pour un développement durable et la réduction de la pauvreté.
Au fur et à mesure qu’on s’approche de la date du 28 novembre 2011, la CENI fait en sorte qu’elle soit prête et présente des élections qui connaitront moins de contestations. Si hier elle a rendu publique la liste de 63.865 bureaux de vote disséminés à travers toute la République, cette institution organisatrice des élections en Rd Congo a affiché depuis la semaine dernière les listes des électeurs tel qu’exigée par la loi électorale en son article 8.
Même si cette opération intervient avec un certain retard, reconnaissons tout de même que la CENI a voulu se conformer à la loi électorale qui stipule que dans chaque bureau de vote, la liste des électeurs soit affichée trente jours avant la date du scrutin. A 27 jours de l’organisation des élections, nous apprenons que l’affichage se poursuivait. Que ce soit la publication de la liste des bureaux de vote ou de l’affichage de la liste des électeurs, toutes ces opérations devaient se dérouler avant la campagne électorale. Surtout qu’il ne fallait pas que les gens aillent en campagne électorale sans savoir s’ils sont réellement électeurs et le bureau où ils iront voter.
Où trouver la logistique ?
Dans un point de presse qu’il a tenu hier au ministère de la Coopération internationale et régionale, le Docteur Tomaz Augusto Salomao, Secrétaire exécutif de la SADC a reconnu que la CENI rencontrait un problème de logistique. Et ce, en dépit de l’appui que son institution apporte. Il s’agit d’une affirmation qui vient mettre à nu les autorités de la CENI, elles qui croient, comme l’eau dans un verre, que le processus électoral ne rencontre aucun problème. Lui au moins reconnait que dans toutes les élections qu’ils ont organisées dans la Région SADC, les pays n’ont pas les mêmes défis à relever que la Rd Congo. A titre d’exemple, il a cité le nombre de candidats à la députation nationale, plus de 18.000 pour 500 sièges seulement, sans oublier les 11 candidats à la présidentielle. Au-delà de ces aspects, il ne faut pas ignorer le record en termes de bureaux de vote, 63.865 disséminés sur toute l’étendue du territoire national. Contrairement à 2006, la Rd Congo a atteint un record jamais atteint dans l’organisation des élections dans ce pays post-conflit.
Au regard de tous ces défis, la CENI aurait fait mieux en disant la vérité à tous les partenaires (Gouvernement, opposition, communauté internationale) pour qu’il y ait une solution consensuelle. Peut-être qu’elle aurait demandé au Gouvernement et à la communauté internationale de revoir leurs enveloppes à la hausse, pour éviter que les élections qui auront lieu ne génèrent des conflits. Ainsi, un calendrier révisé serait publié à la satisfaction de tout le monde. Mais lorsqu’on va continuer à dire qu’il n’y a rien qui empêche d’aller vers les élections, on risque de s’installer dans une situation très délicate qui sera inévitablement préjudiciable.
C’est ici qu’il faut dire que personne ne veut le report des élections. Mais si l’on se rend compte qu’il y a risque, parce que mal organisées elles peuvent aboutir à des élections non apaisées, la sagesse voudrait que l’on convoque tous les partenaires impliqués et qu’on les entende. Pour la SADC, la Rd Congo aura toujours de problèmes, surtout que dans d’autres pays de la Région, le matériel peut être distribué par route. Mais en Rd Congo, tout doit se faire par voie aérienne. Voilà pourquoi il demande donc aux Congolais de regarder froidement la situation, et de trouver les mécanismes qu’il faut pour que les élections soient toujours libres et justes.
200 à 250 observateurs de la SADC en Rd Congo
A la SADC, il existe une tradition qui consiste à observer les élections dans un pays membre. En ce qui concerne la Rd Congo, la SADC enverra 200 à 250 observateurs qui seront basés à Kinshasa, à Goma, à Lubumbashi et à Mbuji-Mayi. Pour son Secrétaire exécutif, ce choix de la SADC a été justifié par des éléments d’enquête fournis par une première mission d’observation qui a passé deux semaines en Rd Congo. En effet, cette mission de la SADC n’aura pas pour vocation de publier les résultats des élections, ce qui est un travail de la CENI, mais à informer le public sur la lecture des élections de la part des électeurs. Ensuite, faire une déclaration indépendante sur la façon dont les observateurs ont vu les élections se dérouler.
Du rôle du leadership politique
Tout en promettant de rencontrer le chef de file de l’opposition politique congolaise, Etienne Tshisekedi wa Mulumba la semaine prochaine, le Secrétaire exécutif de la SADC mentionne que le message qu’il adresse à la classe politique nationale est le même. Et ce, lorsqu’on sait que le pays vient de loin et le pays a passé des difficultés, et d’autres demeurent encore. Pour lui, le leadership politique dans ce pays a une option, parce que le Congo c’est leur pays. « Notre message pour un leadership politique est le suivant : il faut fournir tous les efforts pour soutenir la paix, la stabilité et la réconciliation nationale », dit-il, avant d’ajouter que les élections ne sont qu’une étape vers la consolidation de la démocratie. Et il faut continuer à reconstruire le pays. Pour ce faire, il insiste sur la paix, la reconstruction pour le développement économique et la réduction de la pauvreté. Il promet de continuer des discussions avec l’opposition, avec le même message.
Y a-t-il des menaces ou des signes pouvant faire croire que les élections ne seront pas apaisées ? C’est la question que nombreux sont en droit de se poser, lorsqu’on sait que le jour du lancement de la campagne électorale, soit le 28 octobre dernier a été émaillé des incidents entre les militants du PPRD, parti au pouvoir et ceux de l’opposition. C’est ici que la SADC insiste sur le rôle du leadership politique qui est celui d’apaiser la population. « Ce pays vous appartient et vous avez besoin de la paix. Il faut faire tous les efforts pour soutenir la paix, la réconciliation en Rd Congo », mentionne-t-il, tout en disant que la SADC demande à chacun de jouer son rôle.
Toutefois, si la CENI parvient, comme elle le dit, à organiser les élections dans les délais, elle aura alors respecté son propre calendrier qui stipule que la période du 18 septembre au 25 novembre 2011doit être consacrée à la commande, impression et déploiement des bulletins de vote pour l’élection présidentielle et la députation nationale. Ainsi, elle aura contredit International Crisis Group, les 40 Ong et tous ceux qui ne jurent qu’au report ou au découplage des scrutins.
JMNK
© Copyright L'Avenir Quotidien
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre message.
Je tiens à vous rappeler que vous etes le seul responsable des propos tenu dans vos commentaires...