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jeudi 17 novembre 2011

Elections 2011 : ce qui reste à faire pour un atterrissage en douceur

 (Le Potentiel 17/11/2011)

Les élections ne sont apaisées que si elles sont crédibles. Cela signifie qu’en amont le pouvoir organisateur prépare le lit d’un scrutin exempt de toute suspicion.

Plus que 10 jours nous séparent des élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011. Avec toutes les assurances de la Commission électorale nationale indépendante, Ceni, le doute n’est plus permis : il y aura bel et bien vote ce lundi-là. Pour le président de la Ceni, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, «seule la pluie torrentielle qui s’abattrait du 26 jusqu’au 28 novembre pourra exiger le report des élections ».
Mais, puisque tout le monde appelle de tous ses vœux des élections crédibles, libres, transparentes et voire apaisées, certaines petites choses méritent d’être apprêtées si l’on veut bien un atterrissage en douceur du processus électoral en cours.
D’abord, il convient de retenir que ces élections congolaises sortent des normes, battant tous les records : 32 millions d’inscrits ; 63.865 bureaux de vote ; 11 candidats à la présidentielle et 18.855 aux législatives (pour 500 sièges), pour un coût total de 221 millions de dollars américains. Un tel scrutin, avec des effectifs éléphantesques et un volumineux bulletin de vote (jusqu’à 56 pages), mérite qu’on y mette beaucoup de soin et de sérieux afin d’arracher l’unanimité de tous les apprentis sorciers.
Les listes électorales se font attendre
Or, jusqu’à présent, et malgré l’obligation constitutionnelle, les listes des électeurs ne sont toujours pas rendues publiques. Pourtant, le registre électoral en tant que liste des citoyens en droit de voter (parce qu’ils en ont qualité), est un document de base pour la fiabilité des élections. La suspicion qui existe généralement lors des élections en milieu de démocratisation récente, ne peut être balayée que si déjà l’établissement des listes électorales est au-dessus de tout soupçon.
Or, à ce jour – moins de deux semaines des élections – la Ceni n’a pas encore affiché les listes électorales dans des bureaux de vote. A dix jour du scrutin couplé, aucun électeur ne sait avec exactitude s’il a été radié ou pas de la liste définitive après nettoyage. Personne ne sait si le nom a été classé parmi les omis, parmi les doublons techniques ou criminels dont a parlé la Ceni à la fin des opérations d’enregistrement des électeurs. La Ceni dit avoir augmenté le nombre des bureaux de vote par rapport au nombre trop élevé d’enrôlés, mais ne dit pas (encore) qui doit voter où ?
Autre question, c’est l’enregistrement des témoins. Que ce soit à Kananga, à Mbujimayi ou à Lubumbashi, les partis politiques attendent encore des macarons d’accréditation de leurs témoins qui, selon les secrétaires exécutifs interrogés, doivent être imprimés à Kinshasa. Pourquoi, bon Dieu, avoir concentré autant de pouvoir au Bureau central, alors que tous les bureaux de liaison, avec matériels d’appoint et personnel qualifié, sont capables de réaliser le même travail ?
Des bureaux de vote sans code
Malgré la bonne volonté toujours affichée du président de la Ceni d’organiser des élections «acceptables», sur le terrain, à maints endroits, le spectre de la fraude plane sur les scrutins du 28 novembre.
Le plus grand problème signalé ici et là – surtout à l’intérieur du pays –, c’est le phénomène «achat de cartes d’électeurs». «Ici, beaucoup de gens ont cédé leurs cartes d’électeurs en échange avec un peu d’argents (…) c’est pourquoi nous insistons qu’il y ait des observateurs et des témoins dans chaque bureau de vote», a indiqué un membre de la Société civile sous l’anonymat, à Kananga, au Kasaï Occidental. «C’est possible qu’on utilise ce mécanisme pour un bourrage des urnes», a-t-il renchéri.
Selon des témoignages des organisations de la Société civile de cette province du centre, c’est surtout dans la circonscription électorale de Mweka que se passent des spectacles étranges. «A Mweka, il y a des bureaux de vote sans codes et des codes sans bureaux de vote», a renseigné un activiste des droits de l’Homme qui a requit l’anonymat.
Cette situation, on ne la trouve pas qu’à Mweka. A Goma, au Nord-Kivu, se signalent également des pratiques similaires : «La population de l’Est est déterminée à voter le 28 novembre, mais le véritable défi sera d’assister à un vote régulier, transparent et ouvert à tous. A Goma – a dénoncé à la MISNA un candidat aux élections parlementaires–, la Commission électorale nationale indépendante n’a pas encore affiché, comme le prévoit la loi, les listes électorales et la liste complète des bureaux de vote. Nous craignons l’apparition de bureaux et de listes fictifs avec des résultats préparés d’avance».
A tout prendre, la Société civile de Kananga, tout comme le candidat député de Goma, dénoncent. Car pour eux, si rien n’est fait d’ici le jour du vote pour instaurer plus de transparence, le décor est planté pour, du côté de la Majorité, la fraude, et du côté de l’Opposition, la contestation. Ce qui n’augure vraiment pas un atterrissage en douceur du processus électoral que d’aucuns voudraient «apaisé».

Par RICH NGAPI

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