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mercredi 23 novembre 2011

RDC: le grand défi des observateurs électoraux

Des dizaines de milliers d’observateurs congolais et étrangers seront déployés pour les élections du 28 novembre en RDC. Mais est-ce vraiment suffisant?
«SADC election observer». Quelques dizaines d’hommes et de femmes réunis au Grand Hôtel de Kinshasa portaient un gilet bleu marine frappé de ces trois mots, écrits en blanc. Leur rôle: observateur électoral pour la mission que la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) va déployer en République démocratique du Congo (RDC) pour la présidentielle et les législatives du 28 novembre.
Cette mission a été officiellement lancée par la présidente de la SADC et ministre des Services pénitentiaires, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, et par le secrétaire exécutif de la SADC, le Dr Tomás Augusto Salomão. Combien d’observateurs en tout? Pour l’heure, pas de chiffre précis mais l’organe de développement sous-régional espère en avoir déployé «280» le jour des scrutins, à un seul tour. Quoi qu’il en soit, il s’agit de sa «plus grande mission d’observation électorale», selon le Dr Tomás Augusto Salomão.
L'Afrique du Sud, le Zimbabwe, le Botswana, la Tanzanie, la Namibie, la Zambie et l'Angola ont d’ores et déjà accepté de fournir des effectifs, et d’autres pays (sur les 14 Etats membres que compte la SADC) continuent à manifester leur intérêt. La mission, qui siègera au Grand Hôtel, dispose de «bureaux satellites» à Mbuji-Mayi (centre), Goma (est) et Lubumbashi (sud-est).
Afin d’«améliorer la fiabilité et la validité de ses conclusions, la mission d’observation électorale de la SADC échangera des informations avec les autres missions d’observation électorales» avant, pendant et après le vote, a annoncé le Dr Tomás Augusto Salomão. Une initiative qui va dans le sens d'une recommandation de la part de 41 ONG d’aide humanitaire et des droits de l’Homme.

«Notre pays a la dimension d’un sous-continent»

«Les ambassades et les missions d’observations électorales devraient coordonner leurs actions entre elles et avec les observateurs locaux afin de pouvoir surveiller un maximum du territoire congolais, en se concentrant sur les lieux à risque – tels que les grandes zones urbaines de Kinshasa, Lubumbashi et Mbandaka (ouest)», écrivaient les organisations dans un communiqué commun le 28 octobre, jour de lancement de la campagne électorale.
«Surveiller un maximum» la RDC, grande comme près de quatre fois la France et où 63.865 bureaux de vote accueilleront 32 millions d’électeurs?
«Notre pays a la dimension d’un sous-continent. Je pense qu’aucune structure ne peut aujourd’hui vraiment se prévaloir d’être présente partout», a reconnu au micro de la Radio Okapi, parrainée par l’Onu, Rostin Manketa, directeur exécutif adjoint de l’ONG des droits de l’Homme la Voix des sans voix (VSV), qui va envoyer 401 observateurs dans cinq des onze provinces congolaises.
Le 7 novembre à Kinshasa, des réseaux nationaux d’observation ont été inaugurés. Ils devraient rassembler environ 40.000 observateurs, 30.000 d’entre eux censés provenir de la Commission épiscopale justice et paix. Ces réseaux sont entre autres soutenus par l’Institut électoral d’Afrique australe basé en Afrique du sud, l’Ecole de formation électorale en Afrique centrale (RDC) et le Centre Carter, une ONG de promotion de la paix de l’ex-président américain Jimmy Carter qui aura 60 observateurs dans l’ex-Zaïre.
L’Union africaine «déploiera incessamment des observateurs sous la conduite de M. Kamel Morjane, personnalité tunisienne ayant accompli des missions au nom des Nations Unies en RDC et dans la région». Hors Afrique, la Belgique, l’ex-force colonisatrice, doit notamment dépêcher 21 parlementaires ou anciens parlementaires et financer la formation de 6.000 observateurs congolais. L'Union européenne (UE), quant à elle, a prévu une équipe de 146 personnes.

«Aucun» observateur de l’Onu

«La communauté internationale fournit des milliards de dollars pour aider la RDC. Elle ne peut pas payer pour des élections frauduleuses ou conduites de façon médiocre (…). Nous avons beaucoup moins d’observateurs électoraux qu’en 2006. La communauté internationale doit être stricte en terme de surveillance du respect des normes internationales et se tenir prête à condamner fermement toute irrégularité», a averti Paul Nsapu secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).
En 2006, le collectif rappelle que 33 candidats se disputaient la magistrature suprême et 9.709 les 500 sièges de la députation nationale sous l’œil de 300 observateurs de l’UE et de 2.250 des Nations Unies. Mais il déplore que pour le 28 novembre, l’UE envoie moitié moins d’observateurs et l’Onu «aucun», alors que 11 candidats briguent la présidence, dont le chef de l’Etat Joseph Kabila, et que quelques 18.800 prétendants convoitent le parlement.
«Sans des élections libres et justes répondant aux normes internationales, et sans une forte présence d’observateurs locaux et internationaux pour rétablir la confiance dans le processus électoral, le risque de dispute électorale et de violence est considérable», conclut le communiqué, soulignant qu’à Kinshasa des affrontements entre la police et des opposants réclamant la «transparence» des élections avaient fait «plusieurs morts et de nombreux blessés» en septembre et octobre.
Un rapport du Bureau conjoint de l’Onu aux droits de l’Homme (BCNUDH) publié le 9 novembre répertorie 188 violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, ainsi que des violences commises sur la période novembre 2010/septembre 2011. Exprimant ses «vives préoccupations», le BCNUDH estime que ce climat risque d’entraîner une surenchère de la violence qui «mettrait en danger le processus démocratique et pourrait mener à des violences post-électorales».

Habibou Bangré, à Kinshasa
© SlateAfrique

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