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lundi 14 novembre 2011

Les élections du 28 novembre en RDC : Le Grand Enjeu

(AgoraVox 14/11/2011)
En 2006, le monde entier se demanda si les premières élections démocratiques en RDC depuis plus de quarante ans allaient faire en sorte que ce pays puisse tourner la page sur un passé absorbé par les guerres et la violence. En effet, après plus de quatre décennies de dictature, une guerre plus ensanglantée que la deuxième guerre mondiale et en ayant gagné la malheureuse renommée du pays dans lequel les plus de viols se produisent, il a été considéré essentiel que la RDC vote pour un président qui puisse consolider la paix et créer des infrastructures durables à travers le pays, et puisse aussi géré avec grand soins de bonnes relations diplomatiques avec les pays limitrophes tels que le Rwanda et l’Ouganda, lesquels étaient largement involucrés durant les guerres au Congo.

Même si des progrès ont été faits sur ce dernier point, le développement interne, l’implémentation de la constitution de 2006, et la consolidation d’une coalition politique ont été bien plus difficile à entreprendre. A ce jour, les élections prévues ce 28 novembre représentent la meilleure chance pour le peuple congolais de garder un œil attentif sur les excès de leurs dirigeants et de mener à bien les reformes. Mais sans opposition politique pour faire appel à la transparence ; la répression et l’injustice ont de fortes chances d’accroitre au Congo, et toutes les insatisfactions populaires qui s’ensuivraient pourraient renverser la situation congolaise vers de nouvelles violences.
Bien que les élections de 2006 aient été considérées comme largement valides et transparentes, cette fois-ci en 2011, les défis à relever nous indiquent que la RDC risque de nettement régresser sur son chemin vers une démocratie stable. Effectivement, la communauté internationale déploiera moins d’observateurs qu’en 2006 et formera beaucoup moins d’officiers de police pour pouvoir surveiller les élections. Pour en ajouter plus à ces problèmes, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours, qui avait été exécuté lors des élections de 2006, et qui est primordial pour que le vainqueur réjouisse d’une grande majorité populaire, a été remplacé par une élection présidentielle à un tour. Cela n’est pas seulement une aubaine pour le président sortant, mais aussi, selon de nombreux experts, une chance de pouvoir gouverner avec moins de 20% des votes.
Une devise est fréquemment répétée dans certaines régions du Congo : « si Kabila perd, c’est la guerre. » Ce type d’ultimatum nous rappelle de manière inquiétante l’accès au pouvoir, peu orthodoxe, de Charles Taylor en Liberia en 1997, qui déclencha la deuxième guerre civile dans la république de l’Afrique de l’Ouest. Même si peu de personnes s’attendent à ce que les élections congolaises déclenchent une situation d’instabilité similaire, beaucoup de raisons nous laissent penser que les prochaines semaines et les prochains mois peuvent attisées de grandes violences. C’est la raison pour laquelle il nous faut garantir que des élections libres et justes se déroulent au Congo ce mois-ci.
De nombreuses délibérations de partis politiques congolais se sont effectuées dans les pays limitrophes dans l’objectif d’éviter de possible conflits. Cependant, comme dans beaucoup d’élections à travers l’Afrique, le scrutin en RDC sera largement décidé par les personnalités des candidats. Cela insinue donc que les élections seront tranchées par le pouvoir et, par conséquent, l’influence qui en résulte, mais malheureusement pas par la politique. A cet égard, on peut noter que le pouvoir du président Kabila se niche dans une alliance avec de nombreux leadeurs haut-placés à travers le pays, qui lui réclament de coordonner avec grands soins leurs aspirations et leurs exaspérations, si il veut conserver son succès politique. Les décisions politiques sont, de plus, effectuées entre une petite clique d’adjoints et de conseillers, plutôt que par les politiciens en charge. Cette manière de présider de Kabila est évidente quand on examine que deux des décisions les plus significatives prises durant les cinq dernières années ont été les contrats de millions de dollars avec la Chine et la réconciliation diplomatique avec le Rwanda.
Malgré avoir eu plus de cinq années pour se préparer, le gouvernement n’a pas encore très bien organisé ces élections, ce qui pourrait bien engendrer de graves problèmes. En effet, alors qu’un poste de député a attiré plus de 1 500 candidats, les bulletins de vote restent toujours à être imprimés, six semaines avant les élections. Ainsi donc, dans un pays d’une superficie qui s’étend au-delà de celle de l’Europe Occidentale avec un réseau de routes goudronnées très maigre et 62000 bureaux de vote, les défis logistiques à relever sont immenses. Pour cet effet, cependant, la commission électorale (Céni) n’a pas encore octroyé un plan opérationnel détaillé pour résoudre tous ces problèmes ; il en va ici sans dire que le directeur de la commission, Danel Ngoy Mulundu, est un vieil allié parmi l’entourage politique de Kabila.
Une autre considération importante qui influe les élections à travers l’Afrique est le rôle que la jeunesse peut jouer – la moyenne d’âge dans la RDC est de 18 ans. Pour beaucoup d’entre eux, cela sera la première fois qu’ils voteront, et, même si le gouvernement a fait peu d’efforts pour conscientiser l’électorat depuis 2006, la jeunesse est fortement préoccupée par les adversités qui sévissent au Congo, tels que la violence dans l’Est du pays, les viols, les enfants soldats et le chômage. Il suffit de contempler le rôle qu’a joué la jeunesse à travers l’Afrique du Nord et le Moyen Orient pour avertir le gouvernement congolais de ne pas manquer à son devoir de prêter attention à sa jeunesse s’il ne veut apercevoir de sérieux problèmes de d’insatisfactions populaires.
Alors que les élections en RDC s’approchent à grand pas, beaucoup d’inquiétudes dans le secteur socio-politique demeurent. Ces élections auront une grande portée sur le futur de la RDC et de l’Afrique centrale, et en tant que tel, devraient représenter une opportunité de métamorphoser de nombreuses années de négligence et de dysfonctionnements politiques en un bel avenir. Le secrétaire d’État britannique pour le Développement International, Andrew Mitchell, a récemment déclaré que « nous n’aurons jamais une Afrique stable, si la RDC ne devient pas stable. » Émanant donc de cette annonce, la DfID augmentera ses versements de fonds envers la RDC jusqu’à 198 million de livres sterling par année jusqu’en 2015, dans l’intention de financer de nombreux secteurs gouvernementaux et de l’éducation. En versant de telles sommes, le Royaume-Uni a la responsabilité fiscale d’être redevable envers ses contribuables et une obligation morale envers le peuple congolais de garantir que cet argent soit dépensé à bon escient et ne finisse pas dans les poches de personnes corrompues.
Élections Libres en RDC est une organisation apolitique qui travaille en partenariat avec d’autres ONG, la diaspora congolaise et de nombreux hommes politiques autour du monde pour sensibiliser l’attention internationale sur les élections au Congo. Une gouvernance congolaise responsable et redevable envers son peuple est désespérément requise pour pouvoir vaincre le cycle de violence, et ouvrir les portes à l’énorme potentiel de la RDC. Et ces élections sont une démarche clé envers cet objectif.
Vous pouvez nous aider en écrivant à votre député ou votre eurodéputé et en lui demandant de supporter des élections libres en RDC ; en propageant nos intentions en nous suivant sur Facebook et Twitter, et en visitant www.FreeFairDRC.com pour signer notre lettre de soutien.

par Elections Libres en RDC

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