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mardi 8 novembre 2011

RDC : Le poison de l’intolérance politique

lundi 7 novembre 2011

La République démocratique du Congo (RDC) est en campagne électorale. Comme il fallait s’y attendre, cette période de cour assidue à l’électorat par les politiciens, qui pour être chef de l’Etat, qui pour être député, ne se fait pas sans violence. Celle-ci a même éclipsé les meetings et autres activités des candidats et des partis politiques. Depuis le 28 octobre dernier, date d’ouverture de la campagne électorale, la violence est omniprésente. Elle met aux prises essentiellement les partisans du parti au pouvoir et de la mouvance présidentielle avec ceux du principal parti d’opposition, l’UDPS de Etienne Tshisekedi wa Mulumba. A titre d’exemple, une violente manifestation a eu lieu le 6 novembre dernier à Goma après le rapt, deux jours plus tôt, d’un artiste-musicien proche de l’opposant Vital Kamerhe qui aurait refusé de chanter les louanges du président sortant, Joseph Kabila Kabengué. Au lendemain de cette manifestation, l’artiste en question, une vedette locale du nom de Fabrice Mupsiritsa, a été retrouvé certes dans un état critique mais tout de même en vie surtout qu’il se disait qu’il avait été enlevé par des éléments de la garde rapprochée du chef de l’Etat sortant. Au même moment, le 5 novembre, des militants d’un parti de la majorité présidentielle s’en sont pris à une caravane de l’UDPS à Lubumbashi. Jet de pierres et incendies de véhicules ont caractérisé ces affrontements qui, en outre, ont fait une quinzaine de blessés, principalement à l’arme blanche. Les appels et les exhortations à une campagne électorale apaisée sont sans effet pour le moment. Les acteurs politiques se comportent beaucoup plus en ennemis qu’en adversaires et ne reculent visiblement devant rien pour s’anéantir mutuellement. En cela, ils ne sont pas différents de la plupart de leurs homologues africains pour qui un adversaire politique est un ennemi à abattre à tout prix. En RD Congo, pays où rien n’est simple et où tout est démesuré, les différences idéologiques sont exacerbées par une classe politique qui n’hésite pas à jouer sur la fibre ethnique et régionaliste. L’opposition des idées qui devrait se faire à coup d’arguments s’exprime tout simplement par la violence exercée par des militants, pauvres et analphabètes pour la plupart, manipulés par des politiciens dont l’intérêt du peuple est le dernier de leurs soucis. La violence est donc érigée en principal moyen d’expression politique en lieu et place du débat d’idées. Et elle atteint des pics en période électorale. On tremble chaque fois à l’approche d’une élection, surtout celle du chef de l’Etat. Pour le scrutin du 28 novembre prochain, la machine de la violence s’est déjà emballée dès les premiers moments de la campagne. On se demande ce qui pourrait bien se passer d’ici le 26 novembre, date de clôture de la période survoltée. A y penser et au regard de ce qui se passe déjà sur le terrain, on se demande si ce n’est pas plus sage de reporter cette paire d’élections et attendre une période plus favorable pour l’organiser. Mais pour le pouvoir en place à Kinshasa, il ne faut même pas y songer, dans un souci de respect scrupuleux du délai constitutionnel de mise en place de nouvelles autorités à la tête du pays. Vu sous cet angle, le scrutin couplé se tiendra à la date fixée, quel que soit le degré de violence qui pourrait émailler la campagne. Finalement, il ne reste que la communauté internationale qui, si elle décidait de prendre ses responsabilités, pourrait peut-être stopper ces dérapages. Bailleur de fonds du scrutin à hauteur de 47,5 millions d’euros, elle peut bien s’autoriser un droit de regard et tirer la sonnette d’alarme pour ne pas avoir à être complice d’une situation catastrophique. Mais, cela risque fort de ne pas se faire dans l’immédiat. On en veut pour preuve la récente déclaration de la chef de la mission d’observation des élections de l’Union européenne, Marya Nedelcheva. Au terme d’une tournée dans 3 régions de RD Congo, la députée européenne n’a rien trouvé à redire. Pourtant, des affrontements se sont déroulés pratiquement sous ses yeux. La violence, ce poison de l’intolérance politique, a donc de beaux jours devant elle en RDC.

Séni DABO
Le Pays
www.afriscoop.net

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