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mercredi 9 novembre 2011

Elections 2011 : une campagne électorale sans consistance

(Le Potentiel 09/11/2011)
A 17 jours des scrutins présidentiel et législatif du 28 novembre 2011, on se rend à l’évidence que les acteurs politiques mènent une campagne électorale sans consistance. Les objectifs pour lesquels les partis et les candidats concourent ne sont pas abordés ou très peu. Soit par ignorance, soit de manière intentionnelle.
13 jours exactement depuis que la campagne électorale a officiellement débuté. Dans deux jours, ce sera la mi-parcours. Moment idéal pour s’imposer un pré-bilan de cette campagne électorale dans cette perspective de savoir où veulent nous conduire tous les candidats tant à l’élection présidentielle qu’aux législatives.
Il est un fait indéniable que cette campagne électorale a débuté sous haute tension. Au fil des jours, le ton ne cesse de monter d’un cran, faisant craindre le pire. Quand l’intolérance politique nous tient.
Il est aussi vrai que cette campagne électorale est également placée sous le signe de « l’agréable » : avec ces chansons que l’on diffuse à longueur des journées, pour la gloire de tel ou tel autre candidat. Les élections étant une fête, on n’y va pas comme si on se rendait à un deuil. Il faut une note gaie, une touche heureuse. Il y a lieu de concéder cela à tous les candidats. C’est de bonne manière.
Malheureusement, l’utile est absent. Du moins jusqu’ à ce 13ème jour de la campagne électorale. En lieu et place, ce sont des provocations, la même rengaine sur fond des invectives contre l’un ou l’autre candidat, des polémiques stériles, des slogans creux comme si l’on avait affaire à des « hommes miracles », à des « personnalités messianiques », présentation des « programmes » à l’ emporte-pièce. Encore qu’il n y a rien de consistant si ce n’est que des effets d’annonce pour la consommation extérieure. Tout le bla-bla actuel ressemble effectivement à une coquille vide. Ce qui serait dramatique tant il se dessine à l’horizon que l’on est en train de passer à côté de la plaque, à éviter les véritables enjeux de ces élections 2011 pour faire de la République démocratique du Congo un Etat uni, fort et prospère. Lui permettre de jouer effectivement son rôle de moteur en Afrique.
C’est maintenant ou jamais le moment de prendre conscience des attributs de la souveraineté nationale, la mesure des enjeux régionaux et internationaux, et enfin d’appartenir à une République, à un Etat, à une Nation.
UN ETAT DE DROIT
Le premier véritable enjeu de ces élections est de construire au centre de l’Afrique, un véritable Etat de droit. Un Etat où les libertés individuelles et d’associations sont reconnues et respectées. Que le droit à la différence est accepté pour faire éclore les valeurs républicaines.
Y a-t-il un effort qui a été entrepris dans cette direction ? Si la réponse est affirmative, autant consolider les acquis. Dans l’hypothèse d’une réponse négative, sensibiliser les populations avant de prendre des engagements fermes pour atteindre cet objectif.
Le chemin qui mène à cet Etat de droit n’est rien d’autre que le fait de disposer des institutions nationales, républicaines et dépersonnalisées. Ce serait un leurre, du bluff de ne pas accomplir ces exigences. Car, il est important de souligner que la gestion des cités ne se décrète pas mais que ce sont les mœurs qui les dirigent. On a beau crier être démocrate mais tant qu’il n’existera pas « d’institutions dépersonnalisées », ce serait de la démagogie. La lutte contre l’impunité, la corruption en dépend.
L’ECONOMIE, LE NERF DE LA POLITIQUE
Quel est l’état de la situation économique de notre pays ? Tous les candidats, particulièrement ceux de la présidentielle, ont l’obligation morale et politique de répondre à cette interrogation, sans complaisance. Pas de langage maquillé tant les chiffres sont têtus.
Le vrai défi se situe à ce niveau. Il est question de savoir comment transformer notre économie qui dispose de tous les atouts majeurs pour faire de ce pays un pays émergent.
C’est bien beau d’annoncer les théories aussi intéressantes que réelles, les unes après les autres. On peut beau se proclamer adepte du Brésilien Lula, ce discours n’est pas du tout de la baguette magique. Il faut entrer dans les détails afin que l’on sache à quelles ressources on fait allusion pour opérer des « miracles ». Quelles sont les dispositions prises au plan de la gestion économique dans le but de révolutionner les choses ? Le trafic illicite de nos minerais ne constitue nullement un fait divers. C’est une réalité. La tendance à vouloir faire admettre aux Congolais que la valeur marchande à partir de l’Est, serait la panacée pour l’économie congolaise est à analyser en profondeur. Comment arrêter cette hémorragie financière dans les secteurs des mines, pour ne citer que ce cas ?
Que dire de l’agriculture, soubassement de toute économie nationale ? Un secteur aujourd’hui réduit à un « domaine philanthropique », où l’on croit révolutionner les choses en procédant par des dons. Une approche qui démobilise et pas du tout porteuse d’espoir. Dire que ce père, de la fable de La Fontaine, disait qu’il y a bien «qu’un trésor » est caché sous terre. Il fallait travailler.
Oui. Les Congolais sont assis sur « un trésor » mais aucune volonté politique ne les amène à labourer la terre pour voir ce trésor qui y est caché. Les candidats sont en train d’oublier que c’est l’économie qui sous-tend la politique. Quiconque a bien les aptitudes de faire de cette économie congolaise prospère, demeure le candidat idéal pour diriger ce pays. Mais il faut que le peuple se l’entende dire. Que la question soit débattue au cours de cette campagne électorale pour amener le peuple congolais à quitter le monde des illusions pour celui de la réalité.
Quel est ce candidat qui ignore que la prochaine guerre mondiale pourrait partir de la RDC à cause de la « gestion de l’eau » ? Hélas ! Les caravanes motorisées, la distribution des tee-shirts, les libéralités insignifiantes pour la libation, les mélodies électorales sont en train de supplanter un sujet si important dans la gestion d’un pays moderne. L’on ignore superbement les raisons fondamentales qui ont provoqué les «guerres d’agression» que la RDC a connues, alors qu’elles ne visent qu’à contrôler les richesses congolaises pour autant que la classe politique congolaise a montré jusqu’ici des insuffisances que le pays a été transformé en un véritable eldorado. L’économie échappe au contrôle de Kinshasa.
LE SOCIAL : LES REPERES HUMAINS PERDUS
Le fait que la « légitimité » de tout pouvoir émane du « souverain primaire », c’est-à-dire du peuple congolais, place l’homme au centre de toutes les actions de l’Etat. Il mérite considération, respect et dignité. La déshumanisation qui se caractérise par la perte de tous les repères humains, obligent les candidats, tant à la présidentielle qu’aux législatives, de quitter les vieux sentiers des demi-mesures, du «saupoudrage», des «explications narcissiques», de l’exploitation honteuse de l’homme par l’homme pour ceux des réformes courageuses. De se mettre réellement au service de la nation afin de servir le peuple congolais. On ne peut qu’être interpellé, si l’on est candidat aux élections 2011, devant ce tableau piteux de l’IDH (Indice du développement Humain) classant la RDC 187ème sur 187 pays au plan du développement humain.
Quelle est la politique sociale du pays ? Quelle est la politique salariale en RDC en tant que pilier de toute politique nationale de développement ? Que signifie la «Sécurité sociale» ? Des interrogations pertinentes qui doivent inciter à un débat fructueux au cours de cette campagne électorale.
Le problème n’est pas celui de se faire élire absolument, tant mieux si l’on était élu. Mais celui de savoir « garder dignement la couronne ». Pour y parvenir, il faut connaître les véritables enjeux des élections 2011. Le contraire conduirait le peuple congolais vers la catastrophe.



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