(Le Potentiel 14/11/2011)
Les calculs se compliquent pour l’Opposition. Sauf sursaut d’orgueil de dernières minutes, il ne faut pas s’attendre à un compromis en ce qui concerne une «candidature commune ou consensuelle» au sein de l’Opposition pour la présidentielle 2011. Les tentatives secrètes de l’Afrique du Sud n’ont pas réussi à dégager ce compromis tant attendu. Chacun a pris acte de cet échec et ira de son élan. Le reste, on verra bien après la date du 28 novembre.
Selon une indiscrétion digne de foi, l’Afrique du Sud devrait permettre à toutes les tendances de l’Opposition, de dégager le compromis autour de la candidature consensuelle pour la présidentielle 2011. Ce qui explique le séjour de certains candidats à la présidentielle en Afrique du Sud où se sont déroulées ces négociations secrètes.
Malheureusement, aucun accord n’est intervenu, chaque candidat de l’Opposition est demeuré sur sa position. Certains d’entre eux s’étaient même permis de revoir à la baisse leurs ambitions, à la seule condition qu’un accord soit conclu sur certains préalables. Echec. Rien n’y fit. Il nous revient que le candidat de l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, se serait montré intransigeant, appelant plutôt les autres à le rejoindre. L’intervention de certains partenaires n’ont pas réussi à le fléchir jusqu’à ce pavé dans la marre sur Radio télévision Lisanga, RLTV, refroidissant ainsi l’ardeur de ces mêmes partenaires. Bien plus, le ton utilisé, au cours de ce meeting d’entrée en campagne à Kisangani, bouleverse certaines prévisions.
Il est entendu que les ponts ne sont pas totalement rompus. Mais il faut aussi se rendre à l’évidence que chaque candidat a pris acte de cet échec. L’Opposition ira donc en ordre dispersé aux élections ; quitte à relancer le débat après la publication officielle des résultats des élections.
PROFIT A KABILA
Echec autour de la candidature consensuelle, échec de la stratégie électorale commune. En effet, en allant en ordre dispersé, l’Opposition ne disposera pas de stratégie électorale commune. Or, sur ce point, le candidat Vital Kamerhe avait proposé une tactique «d’encerclement et la signature d’un pacte de non agression» entre les candidats de l’Opposition.
Mais du fait que désormais chacun ira de son élan, pas étonnant que les candidats de l’Opposition se rentrent dedans pendant cette campagne électorale. D’un côté, le candidat Tshisekedi se lance dans la campagne électorale soutenu par les partis politiques faisant partie de la «Dynamique Tshisekedi Président et Soutien Etienne Tshisekedi, DTP et SET» ; Léon Kengo wa Dondo a sa plate-forme pour le besoin de la cause, les «Forces réunies de l’Opposition, FORECO», et Vital Kamerhe avec «Alternative Vital Kamerhe, AVK». L’on assistera incontestablement à l’éparpillement des voix avec comme conséquence l’affaiblissement de l’Opposition.
Le grand bénéficiaire de cette décontenance politique est sans contexte le candidat de la mouvance présidentielle : le candidat Joseph Kabila Kabange. Devant ce tableau lézardé que présente l’Opposition, Kabila part favori.
Certes, il ne s’agit là que des supputations, car rien ne dit que si l’Opposition va en ordre dispersé, elle échouerait. Toujours est-il que les réalités politiques dans ce cas de figure profitent chaque fois à l’adversaire. Et ici, l’adversaire n’est rien d’autre que le candidat de la mouvance présidentielle.
MAJORITE PARLEMENTAIRE
Les jeux ne sont pas encore faits. Bien au contraire, les choses risquent de prendre une autre tournure. En effet, au bout de ces élections, c'est-à-dire, la présidentielle et les législatives, il faut s’attendre à l’une de ces trois réalités : un président avec sa majorité parlementaire, un président sans majorité parlementaire et un gouvernement d’union nationale dans l’hypothèse où aucune des formations politiques ou plates-formes ne disposerait de la majorité parlementaire. Et comme l’on a toujours souligné dans ces mêmes colonnes, la présidentielle se joue à la députation nationale.
Malheureusement, à la députation nationale, les choses ne sont pas aussi faciles qu’on ne le croit. Certes, plusieurs partis politiques ont aligné des candidats députés. Cependant, ces candidats se présentent plus en «candidats indépendants» qu’en «candidats du parti». En témoignent, toutes ces affiches, ces banderoles. Rares sont ces candidats députés qui affichent clairement leur appartenance à un parti donné. Situation consécutive également à l’absence de moyens financiers mis à la disposition des candidats députés, la plupart ayant battu campagne avec leurs propres moyens financiers. Ajoutez à cela la «guerre prématurée de clans».
Si telle image se prolongerait jusqu’à la mise en place de la future assemblée nationale, la Majorité parlementaire se constituera à coups de billets de banque, faisant ainsi le lit de l’instabilité politique. L’on assistera alors à l’émergence d’une majorité parlementaire changeante, vulnérable au fil des sessions parlementaires si quelques ambitieux se décidaient à mener tout le monde en bateau. D’où la surenchère politique sera l’effet dominant la prochaine législature.
En fait, les signes avant-coureurs sont déjà perceptibles. Des sympathisants des partis politiques satellites s’empoignent déjà entre eux dans cette quête d’une position confortable avec un nombre élevé de députés. D’autres, ceux des candidats qui se sont sentis lésés lors de l’élaboration des listes, ont créé leurs propres partis mais affirment continuer à soutenir leur Autorité morale. Si demain ils obtenaient un nombre important de députés et que leur candidat était élu, ils seraient parmi ceux qui exigeraient plus de considération. Dans le camp contraire, rien ne les empêcherait de sceller des alliances, même contre nature. La future assemblée nationale disposera alors des «groupes parlementaires» à même de faire et de défaire la majorité parlementaire, parce que les «chefs de partis ou de groupes» ne seront pas contrôlables. Une véritable pagaille politique qui s’annonce à l’horizon.
Au regard de ce qui précède, le ciel reste nuageux et les jours sombres si jamais la classe politique ne prenait conscience de vrais enjeux de ces élections 2011. C’est-à-dire que la RDC est à un tournant décisif de son existence. Elle est appelée à vivre ou disparaitre. Mais surtout à relever les défis de son existence en tant qu’Etat et Nation. Etre une véritable «République», disposant d’institutions républicaines, d’une économie forte et prospère, et d’une population à compter parmi les peuples dynamiques du monde.
Par Le Potentiel
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