La tension est à son comble à la veille de l'annonce du résultat de la présidentielle.
Il est de ces garçons dont les bras, énormes, parlent pour eux. Celui que sa mère a baptisé Mushi Ndibi, mais tout le monde ne l'appelle plus que «Chaleur», est de ceux-là. Autour de lui les regards se font coulants, craintifs. «J'ai gagné ce surnom au judo tellement j'étais chaud», dit-il en déclinant avec un plaisir évident ses titres: «10 fois champion du Congo, champion d'Afrique…». Mais aujourd'hui, à 26 ans, Chaleur est surtout connu pour être le maître des «sportifs», des jeunes hommes de Kinshasa qui transpirent dans les innombrables clubs de sports de combats des bas quartiers de la ville. Dans la capitale, l'évocation de Chaleur suffit à faire surgir un torrent de rumeurs diverses, mais toujours violentes. Une légende noire qu'il balaie d'un revers de main: «Ce sont des histoires. Je suis gentil.»
«Il est évident que le parti au pouvoir a beaucoup recruté ces derniers mois dans les rangs des plus pauvres pour pallier son manque de militants à Kinshasa. C'est une politique dangereuse, le “Otie Tutie” qui en lingala veut dire “si tu mets, je mets”», analyse un expert en sécurité congolais. Car l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le mouvement d'Étienne Tshisekedi peut compter, de son côté, sur plusieurs milliers d'inconditionnels, les «combattants» comme le vieux leader aime à les appeler.
Cette logique d'escalade énerve encore plus une ville dont les rues se vident à l'approche des résultats qui devraient officiellement être publiés demain. Au Beach, le vaste embarcadère d'où partent les navettes pour Brazzaville, la ville jumelle de Kinsasha juste de l'autre côté du fleuve, les riches familles se pressent. «On ne sait pas comment tout ça va finir alors mieux veut s'éloigner un peu», résume un homme d'affaires qui, prudemment, préfère taire son nom.
Hier, l'Église catholique, l'une des rares institutions respectées du pays a ouvertement fait part de son inquiétude. «Nous sommes dans un train qui fonce droit dans un mur et personne ne veut freiner», a insisté Mgr Djomo, l'évêque de Kinshasa. Son message ne semble pas avoir eu l'effet attendu. Hier, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a publié une nouvelle série de résultats provisoires. Ces chiffres peu clairs et partiels, ont immédiatement été refusés par Étienne Tshisekedi. Ce denier avait déjà vivement mis en garde le président sortant et Daniel Ngoy Mulunda, le chef de la Ceni. «Qu'ils respectent la volonté du peuple. Dans le cas contraire, ils commettront des actes suicidaires.»
«Les rois des voyous»
Chaleur nie mollement avoir suivi la voix de ces condisciples. La misère aidant, la plupart de ces gamins musculeux ont peu à peu loué leur savoir-faire en guise de membre de service d'ordre pour qui veut bien glisser quelques dollars: hommes d'affaires, chanteurs ou politiciens. «Ils sont les rois des voyous», résume un policier kinois. À l'heure où Kinshasa s'éteint dans l'attente des résultats de l'élection présidentielle de lundi, qui doit séparer le président sortant, Joseph Kabila, de son rival Étienne Tshisekedi, les «sportifs» s'affichent dans la ville. L'opposition accuse «des proches» de Kabila d'avoir engagé ces «militants» pour intimider les éventuels mécontents au cœur des bidonvilles, là ou ni la police anti-émeutes, ni la garde républicaine ne se rendent jamais. Sans le nommer, tous pensent à Chaleur, maître respecté et depuis peu chef de la Ligue des jeunes sportifs vigilants et des désœuvrés, un groupe directement lié au parti de Joseph Kabila. «Il ne s'agit pas de gangsters. Nous fédérons les jeunes, les sportifs mais aussi les “shegue”, les enfants des rues, pour leur éviter de faire des bêtises et être utile pour la sécurisation du processus électoral et éviter les débordements. Nous ne faisons pas de provocations», récite-t-il. Selon lui, 5 000 jeunes seraient ainsi à ses ordres, «tous sans arme». Que trois adolescents loqueteux passent traînant derrière eux des machettes ne le désarçonne pas. «Ils tondent les pelouses.»«Il est évident que le parti au pouvoir a beaucoup recruté ces derniers mois dans les rangs des plus pauvres pour pallier son manque de militants à Kinshasa. C'est une politique dangereuse, le “Otie Tutie” qui en lingala veut dire “si tu mets, je mets”», analyse un expert en sécurité congolais. Car l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le mouvement d'Étienne Tshisekedi peut compter, de son côté, sur plusieurs milliers d'inconditionnels, les «combattants» comme le vieux leader aime à les appeler.
Les riches s'en vont
Devant la maison délabrée qui sert de siège au parti, ils sont toujours des centaines, chaque jour plus excités, à filtrer les entrées, à établir des barrages en hurlant par avance leur refus de tout résultat qui ne conduirait pas Tshisekedi à la victoire. Jaurès, un jeune psychologue au physique de mannequin qui passe pour l'un des responsables des jeunes de l'UDPS dit comprendre ses troupes. «Ils savent que nous avons gagné et que le pouvoir veut frauder. Ils sont décidés à tout faire pour sauver la démocratie et à manifester s'il le faut et ce n'est pas la police, l'armée ou les groupes de la majorité qui nous en empêcheront.»Cette logique d'escalade énerve encore plus une ville dont les rues se vident à l'approche des résultats qui devraient officiellement être publiés demain. Au Beach, le vaste embarcadère d'où partent les navettes pour Brazzaville, la ville jumelle de Kinsasha juste de l'autre côté du fleuve, les riches familles se pressent. «On ne sait pas comment tout ça va finir alors mieux veut s'éloigner un peu», résume un homme d'affaires qui, prudemment, préfère taire son nom.
Hier, l'Église catholique, l'une des rares institutions respectées du pays a ouvertement fait part de son inquiétude. «Nous sommes dans un train qui fonce droit dans un mur et personne ne veut freiner», a insisté Mgr Djomo, l'évêque de Kinshasa. Son message ne semble pas avoir eu l'effet attendu. Hier, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a publié une nouvelle série de résultats provisoires. Ces chiffres peu clairs et partiels, ont immédiatement été refusés par Étienne Tshisekedi. Ce denier avait déjà vivement mis en garde le président sortant et Daniel Ngoy Mulunda, le chef de la Ceni. «Qu'ils respectent la volonté du peuple. Dans le cas contraire, ils commettront des actes suicidaires.»
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