La Céni, par la voix autorisée de son président, Daniel Ngoy Mulunda, et en accord avec tous les six autres membres de son bureau – dont le vice-président Jacques Djoli, a proclamé Joseph Kabila Kabanga vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, ce après les reports du 6 puis du 8 décembre dernier. L’aventure commencée le 28 octobre par la campagne électorale s’est achevée, du moins provisoirement, ce vendredi 9 décembre 2011 avec le candidat n°3 qui l’a emporté à 48,95 % des voix ; talonné par le candidat n°11, Etienne Tshisekedi, avec 32,31 %.
Il est entendu qu’aux termes de l’article 72 de la loi électorale, les vaincus ont deux jours pour saisir la Cour suprême justice faisant office de Cour constitutionnelle.
Au moment où les uns, heureux, mettent de la gaieté dans la ville de Kinshasa, les autres, malheureux, sont en train de mettre à feu et à sang Kinshasa puisqu’à la base des dérapages qui sont enregistrés dans plusieurs coins de la capitale, signe évident que le lider maximo n’a pas donné consigne à ses combattants de l’intérieur comme à ceux de l’extérieur ; ces derniers étant à la base de nombreux incidents survenus à Bruxelles, Paris, Londres et Pretoria.
Il est indiqué, pour appréhender l’enjeu, de revenir sur l’article mis en ligne avant-hier sous le titre interpellateur « Et si Tshisekedi avait organisé son échec ! ». Nous sommes partis des chiffres de la 5ème livraison faite la veille par la Céni en nous limitant au candidat Léon Kengo wa Dondo pour l’Equateur et au candidat Vital Kamerhe pour le Nord et le Sud-Kivu. Voici ce que nous avons exactement dit : « Les derniers résultats publiés le mardi 6 décembre 2011 par la Céni sont éloquents, et ils le seront jusqu’aux résultats provisoires et définitifs : rien qu’avec les voix de Kengo (621.645) à l’Equateur, Tshisekedi candidat commun serait à 1.218.142 voix au lieu de 596.497, pendant que Kabila est à 205.880 ! Et rien qu’avec les voix de Kamerhe au Nord et au Sud-Kivu (385.011 + 514.283), Tshisekedi serait à 1.389.194 au lieu de 489.900 pendant que Kabila est à 1.177.871 voix. Bref, les voix de l’Opposition autour d’une candidature commune pour l’Equateur, le Nord et le Sud-Kivu auraient placé Etienne Tshisekedi en 1ère position, talonné par Joseph Kabila ».
Avec les résultats provisoires publiés ce vendredi 9 décembre 2011, la logique reste la même : les voix des candidats majeurs de l’Opposition (Kengo, Kamerhe, Mbusa, Nzanga et Bombole), ajoutées à celles recueillies personnellement par Etienne Tshisekedi, auraient fait réaliser au lider maximo un score supérieur à celui du candidat n°3, avec plus de 200 mille fois de différence.
Pendant que nous faisions ces projections le mercredi 7 décembre, Colette Braeckman recueillait le jeudi 8 décembre 2011 de Louis Michel une interview logée dans son blog. A la question « Qu’avez-vous pensé au début de l’année lorsque le Parlement congolais a décidé de modifier la Constitution et de passer au scrutin à un tour », l’homme d’Etat belge répond : « C’était, pour le moins, une faute esthétique. Le fait d’avoir été prise tardivement, à l’approche des élections, rendait, à tort ou à raison, cette décision suspecte. Une fois cette révision intervenue, je ne comprends pas pour quelle raison l’opposition ne s’est pas mise d’accord sur un candidat unique. Cela aurait donné une vraie chance à l’alternance. . Tout cela est vraiment dommage… ».
A la deuxième question de savoir si un seul tour n’hypothèque pas la légitimité du vainqueur, il précise : « Même si je regrette ce passage au vote à un tour, il n’autorise cependant pas à mettre en cause la légitimité de celui qui va gagner… Quel que soit son score, il aura été élu. Le Congo n’est pas le seul pays à avoir opté pour le vote à un tour… ».

Dans l’article « Et si Tshisekedi avait organisé son échec ! », nous avons rappelé deux faits. Primo, la chance formidable de l’Udps d’avoir à sa tête un président qui en est à sa 51ème année de carrière politique. Cette chance est ruinée d’autant plus qu’il est étrange de la part du lider maximo de n’avoir pas « tiré la leçon de la logique de la coalition ayant caractérisé les élections pluralistes de mai 1960, de mars-avril 1965 et de juillet-octobre 2006 » alors que, avons-nous souligné, « Avant chaque échéance, tous les acteurs politiques rappellent qu’aucun parti politique ne peut remporter à lui seul un scrutin électoral présidentiel ou législatif, sauf sous la dictature du Mpr Parti Unique ou Parti Etat ».
En 2006, avons-nous relevé, Jean-Pierre Bemba a perdu pour avoir amené le Mlc dans cette voie solitaire. « L’Udps, sous Etienne Tshisekedi, a tenté de refaire le coup en 2011 ! Elle est en train de perdre… ».
Deuxième fait rappelé : l’Udps avait perdu en 1991 et en 1992 la primature « en préférant coaliser avec des ‘forces invertébrées’, au lieu de faire alliance avec des « forces vertébrées ». Nous avons, il y a de cela 48 heures, estimé que « Face à un enjeu beaucoup plus déterminant que celui de la transition, à savoir sa participation au premier scrutin électoral depuis sa création en 1982, l’Udps avait tout à gagner d’une coalition forte avec les Kengo, Kamerhe, Mbusa, Nzanga etc ». Conséquence logique : « Elle a voulu tout prendre ; c’est raté ! ».
Dans ce cas précis, même si l’on peut considérer l’erreur comme étant humaine, on doit tout au moins admettre que la persistance dans l’erreur est, elle, un crime…
Dès lors, on devrait se demander pourquoi mourir pour la énième erreur d’Etienne Tshisekedi, conscient du « crime » commis sur son parti, ses combattants, sa famille et sa personne.
Hold up, escroquerie…
Cette observation vaut son pesant d’or dans la mesure où l’homme a misé d’abord sur son électorat de Kinshasa, oubliant qu’il se constate, souvent, et cela dans les démocraties avérées comme celles de l’Occident, que les villes principales, surtout les capitales, échappent souvent à l’autorité du parti ou du regroupement de partis du régime en place. Elles ont la réputation d’être frondeuses. L’exemple des capitales européennes comme Athènes, Rome, Paris et Londres est suffisamment éloquent, au regard des manifestations bruyantes qui s’y produisent.
Kinshasa n’y échappe pas.
Est-ce une raison pour chercher à convaincre les Congolais de la Province Orientale et du Bandundu, du Kasaï Occidental et du Nord-Kivu, du Maniema et de l’Equateur, du Bas-Congo et du Kasaï Oriental ou Katanga et Sud-Kivu que leurs voix importent peu par rapport aux voix des « Kinois » ? Ou encore les voix de Mbandaka seraient-elles plus importantes, à l’Equateur, que celles de Gemena ou de Bumba ?
Il a toujours été dit de Kinshasa qu’il n’est pas le Congo, pas plus que le Katanga ou le Grand Kivu, le Grand Kasaï d’ailleurs…
Vouloir alors réduire l’électorat congolais aux « Kinois » n’est ni plus ni moins qu’un hold up électoral ! Et vouloir réduire le peuple congolais à l’Opposition ou à la Majorité relève de l’escroquerie. En d’autres termes, la vérité des urnes n’est pas le monopole de l’Opposition ou de la Majorité. Il est le monopole des Congolais. Et les Congolais ont décidé de voter majoritairement pour Kabila qui a uni, et non pour Tshisekedi qui a désuni.

Omer Nsongo die Lema
digitalcongo.net