Durant toute la campagne électorale, on ne l'a guère entendu, sauf à la veille du scrutin, mais on a vu son visage partout, décliné sur des affiches et à la télévision nationale qui a suivi ses moindres faits et gestes dans ses déplacements aux quatre coins du pays.
En 2001 ce jeune de 30 ans est installé à la place de son père assassiné. La communauté internationale ne souffle mot.
Dix ans plus tard, celui que ses partisans appellent "Raïs", a certes gagné en assurance, un peu de rondeurs aussi, mais reste toutefois loin de l'image écrasante de son père, Laurent-Désiré Kabila, un rebelle massif qui avait mis fin en 1997 à 32 ans de pouvoir du maréchal Mobutu avant d'être assassiné en 2001.
Kabila junior, lui, cultive plutôt le mystère, derrière un sourire mesuré.
Après avoir été propulsé sur le fauteuil paternel, le jeune Kabila gagnera finalement ses "galons électoraux" en 2006 en remportant largement (58,05%) le second tour de la présidentielle, face à Jean-Pierre Bemba, aujourd'hui jugé à la Cour pénale internationale.
Né à Lulenge, dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu, est) fief du maquis de son père, Kabila junior part dès l'âge de 5 ans en exil en Tanzanie, où il passera presque toute sa jeunesse.
Dès le déclenchement de la guerre contre Mobutu en septembre 1996, il rejoint son rebelle de père et évolue dans l'ombre de James Kabarebe, un militaire rwandais qui prendra la tête de l'armée après l'accession de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir en mai 1997.
Bombardé général-major, Joseph Kabila part en Chine pour une formation militaire, mais rentre précipitamment à cause d'une nouvelle rébellion en août 1998, prémisse d'une guerre régionale qui durera jusqu'en 2003.
Après une difficile transition lancée en 2003, durant laquelle il cohabite avec quatre vice-présidents dont deux ex-rebelles, il est élu en 2006 en promettant la paix et la reconstruction à son pays ravagé par la guerre. Aujourd'hui, il brigue un second quinquennat, "sûr" de ne pas perdre avec un bilan qui, dit-il "sans fausse modestie, est positif".
Ses détracteurs l'accusent de diriger une "dictature", "une pseudo démocratie où le régime a cette souplesse de terroriser les populations", dit un proche de son rival Etienne Tshisekedi. Quand certains dénoncent un "gouvernement parallèle" à la présidence, le président répond "rumeurs" et demande des preuves.
Joseph Kabila apparaît parfois peu à l'aise dans des cérémonies officielles hors d'Afrique où il va peu, il préfère visiblement sillonner "ses" provinces, notamment pour inaugurer des travaux, casque de chantier sur la tête.
Les interviews aux médias internationaux et les conférences de presse sont rares: ces trois dernières années il n'en a tenu que deux, début 2009 et le 18 octobre dernier, durant laquelle il a d'abord parlé en parfait anglais, souvenir de son exil tanzanien.
On le dit amateur de jeux vidéo et de voitures, on le voit aussi parfois conduire lui-même son 4X4 blindé dans Kinshasa, au milieu d'un cortège d'autres véhicules, au passage duquel les passants se figent. "C'est une caricature. Il a une personnalité intérieure, il est discipliné, et il aime la discrétion", assure un membre de son entourage. "Très attaché à la terre", selon la même source, le chef de l'Etat possède plusieurs fermes dans le pays, dont une à 70 km de Kinshasa où il se rend souvent.
Joseph Kabila est marié et père de deux enfants, Sifa, âgée de 13 ans, et Laurent-Désiré Junior, qui a 3 ans.
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