(Le Potentiel 03/12/2011)
Le Rubicon a été franchi. C’est maintenant la longue attente en prévision de la promulgation officielle des résultats du scrutin. Les favoris sont connus : Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi. Entre-temps, la tension monte selon les interprétations des uns et des autres. Tous les scénarii sont envisagés. Notamment, celui de voir Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi se trouver en face de leurs responsabilités historiques. Quoi de plus normal que chacun retienne son souffle. Une déclaration, signe d’un engagement formel, de chacun d’eux, pour le respect des verdicts des urnes, désamorcerait la «bombe». La CENI et la Cour suprême de justice sont également concernés.
Le Peuple congolais est allé aux urnes pour élire ses dirigeants. Un moment qui était très attendu au regard de son caractère historique. Le destin de la République démocratique du Congo et son devenir sont en train de se jouer en ces instants précis.
Voilà qui doit interpeller tous les acteurs politiques, plus particulièrement les candidats à l’élection présidentielle, pour qu’ils prennent conscience de la vraie dimension de ces enjeux et revoient leurs ambitions à leurs justes dimensions de manière à ne privilégier que les intérêts supérieurs de la Nation. Le fait qu’il y ait eu une dizaine de candidats, 11 exactement, prouve à suffisance l’intérêt des Congolais à ces élections en vue d’élire les meilleurs afin de faire face aux grands défis du développement. Notamment, le renforcement des capacités des institutions démocratiques, la relance de l’économie nationale et la promotion sociale, avec l’homme au centre de toutes les actions.
Aujourd’hui, les jeux sont quasiment faits. Chacun a franchi le Rubicon et le peuple congolais a accompli avec dignité son devoir civique. Même dans la dénonciation des irrégularités et la tentative des tricheries. Des observateurs tant nationaux qu’internationaux sont d’ailleurs en train de lui rendre un hommage mérité pour son comportement responsable. Il a réussi à surprendre plusieurs observateurs en déjouant certaines manœuvres sordides qui auraient dénaturé le vote et faussé le résultat. Par ces temps qui courent, l’on n’attend plus que la promulgation officielle des résultats du scrutin.
RESPONSABILITES HISTORIQUES
Certes, qu’il faille encore attendre et prendre toujours son mal en patience jusqu’ à la promulgation des résultats définitifs pour que les élections 2011 livrent leurs secrets. Toujours est-il que tout le monde devra contribuer à maintenir ce climat apaisé dans le but d’éviter tout dérapage. Les plus concernés demeurent incontestablement les favoris de ces élections 2011, à savoir Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila Kabange. Mais aussi la CENI et la Cour suprême de justice qui doivent accompagner ces deux personnalités dans leur comportement démocratique.
Simplement parce qu’il est important de s’attarder sur les grandes tendances liées à la campagne électorale. Et pour cause. Joseph Kabila est le président de la République en exercice. Il a battu tambour battant sa campagne électorale et défendu son bilan jusqu’ au bout. Des atouts qui le placent en bonne position et il peut croire à une victoire.
Etienne Tshisekedi a un long passé historique, un parcours de 30 ans consacrés à l’avènement de la démocratie dans notre pays. Ils n’ont pas tort ceux qui parlent de son «ultime combat», en rapport avec ces élections, pour souligner cet aspect historique de son parcours politique. De façon stoïque, il a mené de manière tout aussi constante, son action politique. Sa participation aux élections 2011 est déjà interprétée comme une victoire et sa consécration ne serait que le couronnement de son combat politique ainsi que celui de son parti, l’UDPS. Il l’aura bien mérité.
Deux parcours politiques qui sont déjà entrés dans l’histoire et les placent maintenant à un tournant décisif et déterminant de la vie de ce pays. Certes, il s’agit d’un moment passionnant : celui de la vérité des urnes. Il arrive souvent en des circonstances pareilles de verser dans des excès qui souvent se révèlent très coûteux pour la population, si l’on n’est pas bon perdant.
C’est la crainte en ces moments. Moments que peuvent exploiter et manipuler les extrémistes de tous bords qui ne privilégient que leurs propres intérêts et aliènent ceux de la République. Moments aujourd’hui émaillés par des rumeurs folles, susceptibles d’entraîner le pays dans un chaos indescriptible.
Mais aussi moments propices pour que tous les acteurs politiques, principalement Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi, demeurent des personnalités emblématiques de l’histoire de la République démocratique du Congo. Adversaires, et non ennemis, ils le sont de par leurs convictions politiques. C’est dire qu’il leur revient de saisir la perche qui leur est tendue à travers tous ces messages d’appel au calme, à la sérénité en vue d’apporter leur contribution en s’adressant au peuple congolais de continuer à croire en «son vote du 28 novembre». Sa préoccupation, et la seule, est que sa volonté soit traduite fidèlement dans les résultats officiels par la CENI et la Cour suprême de justice. Que les irrégularités, les tentatives de fraude dénoncées par le peuple congolais n’affectent pas «son vote» en faveur de X ou de Y. Que «sa victoire» ne lui soit donc pas volée. Ces deux institutions, qui ont une grande part de responsabilité, auront ainsi contribué largement à un climat apaisé après les élections.
Aux partisans des acteurs politiques de respecter la volonté exprimée librement par le voisin pour mieux rendre l’acte électoral, civique et constitutionnel. Cette contribution, à travers une déclaration solennelle, consisterait en un engagement formel et ferme de leur volonté inébranlable de privilégier les intérêts supérieurs de la Nation. Ils auront aussi contribué au règne d’un climat apaisé après les élections, mettant à nu toutes ces prédictions des oiseaux de mauvais augures.
DEFIS REGIONAUX : UNE GRANDE PREOCCUPATION
Victoire ou défaite, de l’un ou de l’autre, ces deux personnalités auront toujours un rôle à jouer dans ce pays, au risque d’être interpellées à tout moment. Si au plan national, il s’agit de renforcer les institutions nationales, de relancer l’économie et de promouvoir l’ homme congolais, au plan régional, le spectre de la balkanisation est toujours présent.
C’est dire que la défaite ou la victoire de l’un ou de l’autre au terme des élections 2011 n’occulte toujours pas le problème tant il s’agit surtout de préserver les attributs de la souveraineté nationale. Notamment, l’intégrité territoriale et le contrôle des richesses congolaises. Or, tout dérapage plongerait la RDC dans un chaos qui serait une aubaine pour la mise en exécution de ce complot de balkanisation de ce pays.
C’est ici que se situent encore les responsabilités historiques de Joseph Kabila Kabange et Etienne Tshisekedi, en plus de celles de la CENI et de la Cour suprême de justice. De leur comportement, maintenant, dépendra la suite des événements. Dans l’hypothèse d’une situation chaotique, quelles que soient les raisons que l’on pourrait avancer, les deux personnalités ou les deux institutions seront tenues pour responsables historiques. Au regard de véritables enjeux des élections 2011.
Pourquoi avoir mis 30 ans pour l’avènement de la démocratie et favoriser l’éclatement du pays, avec des richesses contrôlées par des étrangers ? Pourquoi avoir combattu contre la dictature de Mobutu pour enfin briser l’unité nationale et hypothéquer les attributs de l’indépendance ? Voilà des questions susceptibles d’être posées si jamais le chaos s’installait dans le pays après la promulgation officielle des résultats des élections 2011.
Autant d’interrogations qui, dans ce climat d’incertitude, constitueraient le «Procès historique de Kabila et Tshisekedi» dans l’hypothèse où les élections 2011 déboucheraient sur des dérapages significatifs. Un appel, maintenant, au calme, à la tolérance politique, à l’acceptation des résultats des urnes par ces deux personnalités politiques permettrait de désamorcer la « bombe ». Toute attitude contraire à l’esprit nationaliste et républicain servirait de prétexte aux «faiseurs des Etats nains» à actionner cette même «bombe». L’histoire jugera alors Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi. Mais aussi la CENI et la Cour suprême de justice.
Par Le Potentiel
© Copyright Le Potentiel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre message.
Je tiens à vous rappeler que vous etes le seul responsable des propos tenu dans vos commentaires...