La plupart des morgues installées dans différents centres hospitaliers de Kinshasa sont saturées. L’occasion nous a été donnée de pouvoir nous rendre compte de cette réalité lorsque, mardi dernier, nous étions allés déposer le corps d’une personne chère qui est passée à trépas des suites d’une pénible maladie à son domicile de Limete. Il a été facile pour nous de nous procurer un cercueil de fortune plutôt que de trouver l’endroit pour placer son corps. Tenez, de l’hôpital Bondeko à l’hôpital général de référence de Kinshasa, ex-Mama Yemo et de l’hôpital St. Joseph aux Cliniques universitaires, personne ne nous a ouvert la porte de la morgue. Partout, la réponse était restée la même : « dommage, il n’y a plus de place, où parfois, il ne restait qu’une seule place à la morgue et elle vient d’être prise».
Finalement, le corps de notre sœur a trouvé une place à la morgue de Kisenso où nous l’avons déposé sans trop de problème, aux conditions normales de paiement ! Il serait inutile de poser la question de savoir de quoi les habitants de Kinshasa et même ceux qui viennent de l’intérieur du pays meurent ces derniers temps à un rythme inquiétant. Parce que la mort qui colle à l’homme l’accompagne partout. Elle peut emporter n’importe qui, n’importe où, n’importe quand sans tenir compte ni de l’âge, ni de sexe, ni de croyance.
Le grand secret de la mort, Dieu seul en connaît les tenants et les aboutissants. Car, on ne peut naître sans mourir. On meurt des maladies, des accidents divers, d’empoisonnement, naturellement ou brutalement. Mais le problème que pose la saturation des morgues de Kinshasa consiste à connaître la politique du gouvernement en matière de conservation des corps de défunts. C’est une question à laquelle la réponse n’est pas facile. Dans la mesure où il faut avant tout comprendre la politique de l’Etat en matière sanitaire, sécuritaire ou encore alimentaire.
Pour parer au plus pressé, nous estimons que le gouvernement devrait prendre en main la question de l’agrandissement des morgues existantes ainsi que de leur équipement en commençant par la ville de Kinshasa à cause de sa démographie galopante. Il est question aussi de pencher sur la circulation des corps à travers les communes parce qu’on constate depuis un certain temps que les places publiques, notamment les maisons communales, les terrains de football voire quelques avenues, sont devenus des lieux mortuaires. Les cimetières aussi n’échappent pas à la profanation : on y érige des constructions ‘’anarchiques’’ et, on n’enterre les morts les uns au-dessus des autres. Un peu de respect pour les morts s’il vous plaît ! Car, personne n’y échappera.

Stéphane Etinga/Le Potentiel

(GTM/TH/GW/Yes)