RDC : Chacun fait ses comptes...

(Guineeconakry.info 08/12/2011)

C’était avant-hier qu’ils devaient être annoncés. C’est finalement ce jeudi que les Congolais devraient connaître le vainqueur de l’élection du 28 novembre 2011. C’est du reste, à partir de ce jour qu’ils sauraient si les menaces contestataires de l’opposition congolaise seront mises en exécution. Car en ce qui concerne les résultats, il est de plus en plus évident que c’est Joseph Kabila qui sera déclaré gagnant.
Or, les partisans d’Etienne Tshisekedi ne désarment pas. Ils restent déterminés à s’opposer à tout résultat qui ne serait pas favorable à leur leader. Ce qui fait que le report de l’échéance par le pasteur Ngoy Mulunda n’aura réussi qu’à différer l’inquiétude, la peur et ... la panique. Les craintes demeurent intactes et les risques de retour du pays dans le cycle de la violence, encore plus grands. 48h chrono ? Le décompte a commencé depuis longtemps !
Pendant les quarante huit heures qui pourraient séparer la date initialement prévue pour la publication des résultats complets et provisoires par la commission électorale nationale indépendante (CENI) celle nouvellement désignée de ce jeudi, la République Démocratique du Congo est formellement sans président.
En effet, aux yeux de la législation congolaise, la fin du mandat de Joseph Kabila est effective depuis le mardi dernier à minuit. Ce n’est pas par hasard s’il était prévu que le nom du vainqueur du scrutin du 28 novembre soit rendu public le même jour. Hélas, Ngoy Mulunda et sa bande en ont décidé autrement. Officiellement, la raison tiendrait au fait que des procès verbaux de zones difficiles d’accès ne seraient pas encore parvenus au siège de la CENI pour des fins de compilation.
Mais on peut bien se demander si c’est là l’unique raison de ce report ? Il en effet est également possible que le président de la CENI ait à cœur d’éviter l’annonce des résultats en une seule fois. Il aura estimé plutôt judicieux de procéder par tranche. Comme cela, il espère que le faux suspense doublé du temps dont disposent différents acteurs pour convaincre les uns et les autres de se plier au verdict des urnes, peuvent éviter que la proclamation des résultats ne fasse suite à du chaos dans son pays.
Sauf qu’on a l’impression que si c’est cela son objectif, c’est qu’il a fait un calcul plutôt éronné, dans la mesure où sa stratégie semble produire l’effet contraire. En effet, ce sont beaucoup d’observateurs qui assimilent la publication des résultats par province et non selon les différents bureaux de vote à une certaine absence de transparence. Et pour les partisans de l’opposition, c’est là un argument qui ne peut que les renforcer dans leur conviction que les dés ont été pipés.
En tout cas, sur le fond, on s’achemine tout droit vers un nouveau mandat pour le fils Kabila. Recueillant 49 % des résultats de 89 % des bureaux de vote, le président-sortant est parti pour se succéder à lui-même. Désormais, l’inconnu ne porte que sur ce qui adviendra après l’annonce des résultats. Mais en parlant d’inconnu, même à ce niveau, le mystère n’est relatif qu’au degré que la violence aura. Car pour ce qui est de savoir, si violence il y aura, la réponse est certainement affirmative. Ces derniers jours, l’angoisse et la peur qui se lisent sur les visages des Congolais, la tension qui règne au sein des différents états-majors politiques et l’état d’alerte dans lequel se trouvent les différents services de sécurité, ne laissent aucun doute sur les conséquences dramatiques de la publication des résultats.
Malheureusement pour ce pays qui n’a que trop expérimenté ce genre de tragédies.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info
© Copyright Guineeconakry.info