Depuis deux jours, environ 3.000 personnes, Congolais et étrangers, sont parties pour Brazzaville, sur l'autre rive.
"Nous ne sommes pas en situation de crise déclarée", a déclaré le ministre de l?Intérieur du Congo-Brazzaville, Raymond Zéphirin Mboulou.
Selon un diplomate étranger à Brazzaville contacté par l'AFP depuis Kinshasa, "il y a effectivement un peu plus de personnes que d'habitude, plus de gens dans les supermarchés, et les hôtels de la ville sont saturés, mais ce n'est pas l'exode avec baluchons sur la tête".
En RDC, le climat ne cesse cependant de se dramatiser: couvre-feu à Mbuji-Mayi, la capitale du Kasaï oriental et fief d'Etienne Tshisekedi, l'opposant n°1 au président sortant Joseph Kabila, déploiement de la garde républicaine à Lubumbashi, la capitale provinciale du Katanga.
Et certains observateurs étrangers commencent à douter sérieusement d'une annonce le 6 décembre des résultats globaux provisoires comme prévu. "Ils pourraient être repoussés à mercredi", dit l'un d'eux, en soulignant les ratés et retards dans le dépouillement, notamment pour Kinshasa, un fief de l'opposition avec, 3,3 millions d'électeurs inscrits.
Dès les premiers résultats partiels portant sur 33,3% des quelque 64.000 bureaux de vote, Tshisekedi les a contestés et mis en garde Joseph Kabila: "l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social, son parti) met en garde M. Ngoy Mulunda (le président de la Céni) et (le président) Kabila pour qu'ils respectent la volonté du peuple".
Il a annoncé qu'"en cas de besoin" il lancera un "mot d'ordre", sans plus de précisions.
En revanche la Majorité présidentielle (MP) s'est félicitée de l'attitude "responsable" de la Céni.
Face à cette dramatisation, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) s'est alarmée dimanche: "l'image que nous avons c'est celle d'un train à grande vitesse qui va tout droit contre le mur", a déclaré Mgr Nicolas Djombo, le président de la Cenco.
Samedi, un candidat d'opposition distancé, Vital Kamerhe, a de plus apporté clairement son soutien à Tshisekedi, et n'a pas mâché ses mots pour dénoncer le camp présidentiel.
"Cette blague a trop duré et nous devons mettre fin à cette prédation des ressources de notre pays. Le peuple d'abord!", a lâché le président du parti UNC (Union pour la nation congolaise), reprenant le slogan de campagne d'Etienne Tshisekedi.
Dans une déclaration commune lue dans un hôtel de la capitale par M. Kamerhe, "l'opposition politique congolaise", qui regroupe aussi l'UDPS et le parti du président du Sénat Léon Kengo, autre candidat à la présidence, a rejeté "tout résultat partiel" et le considère comme "nul".
Dimanche, l'ONG Human Rights Watch (HRW), qui avait accusé dans un rapport les forces de l'ordre d'avoir tué au moins 18 civils, entre les 26 et 28 novembre, s'est "réjouie" que le gouvernement de la RDC ait saisi la justice à ce sujet.
Selon HRW, la plupart des victimes, dont 14 dans la seule capitale Kinshasa, ont été tuées "par des soldats de la Garde Républicaine", l'ex-garde présidentielle, de plus en plus visible dans la capitale.
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