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mercredi 7 décembre 2011

ELECTIONS EN RD CONGO: Zuma et ses gros sabots

(Le Pays 07/12/2011)

Les résultats provisoires globaux des élections présidentielle et législatives en RD Congo sont plus ou moins connus. Déjà, ceux qui tombaient à doses homéopathiques plaçaient en tête, le président Joseph Kabila, candidat à sa propre succession avec 46,4% des suffrages exprimés. Les militants du principal opposant, Etienne Tshisekedi ont pris d’assaut les rues de la capitale Kinshasa pour protester contre ces résultats qu’ils jugent frauduleux. La suite, on la connaît.
Du coup, la tension est montée d’un cran : accrochages entre partisans du pouvoir et ceux de l’opposition, agressions de membres de la commission électorale, rixes violentes entre manifestants et forces de sécurité. Bref ! Pour tout dire, la météo n’est pas bonne ces derniers jours en RD Congo. Il y a comme une chape de plomb qui s’abat sur le pays, tant et si bien que, ne sachant plus à quel saint se vouer, certains habitants ont commencé à migrer vers des contrées plus clémentes. L’attente des résultats, en RD Congo est loin de ressembler à ces moments d’allégresse où, bien des militants manifestent publiquement leur joie de voir porter au pinacle leur candidat. En RD Congo, elle aura été anxieuse et fastidieuse .
Et, c’est en cet instant difficile que le président sud-africain, Jacob Zuma, plutôt que de jouer les pompiers, en rajoute à la complexité de la situation, "en conspirant pour la réélection frauduleuse de Joseph Kabila". C’est du moins ce qu’ont laissé entendre des milliers de Congolais qui, fort exaspérés, ont organisé une marche le 6 décembre devant le siège de l’African national congress (ANC) pour protester contre le soutien de Zuma à Kabila. Pour exprimer leur ras-le-bol, ils ont ôté leurs vêtements, signe, dit-on, d’une malédiction formulée au leader de l’ANC, président de la Nation Arc-en-ciel.
On eût pensé à un spectacle de strip-teases. Pourquoi en arrive-t-on à clouer au pilori un chef d’Etat, surtout de la première puissance économique du continent ? Zuma a-t-il des intérêts en RD Congo qu’il cherche à protéger ? Rien n’est moins sûr. D’autant que, pour de nombreux Congolais, celui-ci dispose d’un consortium pétrolier dans le Lac Albert à l’Est de Kinshasa. Cette entreprise, appelée "Divine Inspiration Group", serait placée sous la protection de Joseph Kabila. Il apparaît donc clairement que l’élection d’un autre président, surtout nationaliste, pourrait porter un coup dur à ce business auquel Zuma tient comme à la prunelle de ses yeux. En fait, à l’analyse, on se rend compte que Zuma est un personnage à la fois énigmatique et excentrique, toujours aux antipodes des opinions orthodoxes. On l’a vu d’ailleurs pendant la crise ivoirienne où il a joué au matamore et au matador ; en Libye, il n’avait de cesse de torpiller les efforts de l’Union africaine par son jeu trouble.
Et, le voilà encore dans le bourbier congolais où il débarque sans sandales, avec ses sabots, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Basta, a-t-on envie de dire. Zuma doit arrêter de s’offrir régulièrement en spectacle, en se positionnant toujours comme un pêcheur en eaux troubles. Car, pareilles frasques sont indignes d’un héritier de Nelson Mandela.

Boundi OUOBA

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