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jeudi 8 décembre 2011

Elections en RD Congo : impressionnant déploiement des forces de l'ordre à Kinshasa

Des forces de l'ordre suréquipées sont massivement déployées dans les rues de Kinshasa dans l'attente des résultats des élections présidentielles contestées par l'opposition. Face à cette démonstration de force, les Kinois sont amers et inquiets. Certains quittent le pays, d'autres se terrent, font des provisions…
Kinshasa "la rebelle” est sous haute surveillance. On est bien loin de l’ambiance de fête qui d'un grand soir électoral. Depuis la décision de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de publier, à la surprise générale, les résultats partiels de la présidentielle avant la date prévue du 6 puis finalement du 8 décembre, les Kinois font face à un déploiement massif des forces anti-émeutes postées un peu partout dans les rues et artères de la capitale. Du coup, la psychose gagne les esprits. "Nous ne comprenons pas un tel déploiement policier dans la ville. Cela signifie que les résultats publiés ne reflètent pas la réalité. C’est pourquoi la police montre les biceps pour nous intimider, nous faire peur !", enrage Jean K., un vendeur à la criée de DVD au centre-ville. Comme la plupart des habitants de Kinshasa, il a voté pour l’opposition et il interprète la trop forte présence des groupes mobiles d’intervention comme une "intimidation destinée à préparer la population à la réélection du président sortant."
Se préparer pour l'annonce des résultats
Face à ce déploiement inhabituel de forces de l’ordre équipées d'un matériel anti-émeutes impressionnant (jambières, épaulières, casques, masques à gaz, matraques, canons à eau mais aussi des blindés légers et des véhicules qui peuvent lancer des grenades lacrymogènes, fumigènes, des assourdissants…), beaucoup de gens ont pris peur et décidé de se mettre à l’abri. Certains sont allés à Brazzaville, les plus fortunés en Afrique du Sud. "Je viens de laisser mes enfants traverser à Brazzaville car personne n’est sûr de rien ici. Autant jouer à la prudence et mettre ma famille en lieu sûr…", explique une dame au beach Ngobila, la frontière fluviale avec Brazzaville. "Ils sont des milliers, les Congolais qui sont passés déjà de l’autre côté du fleuve ces jours-ci ", témoigne un agent de l’immigration.
Pour ceux qui sont restés sur place, l’air n’est pas à la fête. Tant le climat d’incertitude est perceptible. Ceux de Kinois qui le peuvent s’approvisionnent plus que d’habitude. "Pour les mauvais jours à venir", précisent-ils. Comme ce père de famille rencontré chez Hasson & Frère au centre-ville. "Je n’ai pas peur de rester mais je ne dois pas non plus faire comme si de rien n’était. Voilà pourquoi je ravitaille ma maison en eau minérale, boîtes de conserve, biscuits, etc. au supermarché", affirme-t-il. Originaire de l’Est du pays, son souhait reste l’acceptation des verdicts des urnes par tous les acteurs pour éviter les violences.
Policiers hués
Depuis lundi, certaines écoles n’accueillent plus d’élèves, les gens vivent terrés chez eux. Par petites grappes, de jeunes gens sortent au coin des rues jauger l’ambiance avant d’être vite rappelés par leurs proches qui ne souhaitent pas d’accrochages avec les forces de l’ordre. Car dans certains quartiers, les colonnes des policiers de passage ou les véhicules des patrouilles sont hués et pris à parti par des gens énervés qu’on les tienne tant à l’œil. Par endroits, policiers et population se regardent en chien de faïence, malgré l’appel répété de l’Inspecteur provincial de la police, Jean de Dieu Oleko, demandant aux Kinois de considérer la présence des forces de l’ordre comme une garantie de sécurité pour eux et leurs biens.
Outre Kinshasa, d’autres fiefs de l’opposant Tshisekedi sont sous haute protection policière. Le couvre-feu a été décrété au Kasaï mais aussi à Lubumbashi où réside une importante communauté kasaïenne pro Tshisekedi. En 2006, les élections avaient été organisées sous la protection des forces de la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC). Cinq ans plus tard, c’est la police congolaise qui a pris la relève pour protéger le processus électoral et contenir d’éventuels troubles.
Didier Kebongo
syfia-grands-lacs.info

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