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jeudi 1 décembre 2011

RDC: Et si Joseph Kabila l’emportait?

Les élections présidentielle et législatives ont eu lieu tant bien que mal lundi en République démocratique du Congo (RDC). Entre les violences, les problèmes logistiques et les avantages du président sortant Joseph Kabila, ce scrutin est controversé avant même ses résultats, qui ne seront pas révélés avant le 6 décembre. Et si le candidat de la majorité l’emportait… légalement?
« 100% sûr ». Le slogan de Joseph Kabila en dit long. Le président actuel de la République démocratique du Congo (RDC), et candidat à sa propre succession, est le grand favori de l’élection présidentielle qui a eu lieu lundi, mardi et mercredi en même temps que les législatives. Il s’agit du deuxième scrutin depuis la guerre de 1998-2003, qui a fait environ cinq millions de morts. Dix candidats sont en lice face à Kabila, et pas moins de 18 500 candidats briguent les 500 sièges du Parlement. Malheureusement, cette journée de vote a été entachée de violences et d’irrégularités. Selon BBC Afrique, qui cite le gouverneur de la province minière du Katanga, huit assaillants ont trouvé la mort dans l’attaque de quatre bureaux de vote de la région située dans le Sud du pays. Des hommes armés ont en outre attaqué «des véhicules chargés de matériel électoral à Lubumbashi, dans le Sud-Est du pays». François Badibanga, porte-parole du Renosec, comité de surveillance des élections, a également indiqué à l’agence de presse qu’une observatrice électorale se trouvait entre la vie et la mort après avoir été grièvement blessée dans une émeute. Dans le reste du pays, y compris dans la capitale, Kinshasa, théâtre de violents heurts entre camps rivaux qui ont fait au moins deux morts samedi, le scrutin semble s’être déroulé dans le calme.
Outre ces violences, des tentatives de fraude et problèmes organisationnels ont pesé sur la sérénité de l’élection. A Kananga notamment, le fief de l’opposant Tshitsekedi, dans la province du Kasaï-Occidental (Centre), des bureaux de vote –trois, d’après Reuters- ont été «incendiés, des bulletins volés, d’autres déjà mis dans des urnes avant l’ouverture du scrutin», déplorent les Nations unies. Ailleurs, des bureaux de vote ont ouvert en retard faute de matériel électoral qui devait leur être distribué par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni, dirigée par le controversé pasteur Daniel Ngoy Mulunda). Des hélicoptères venus d’Afrique du Sud et d’Angola ont pourtant fait leur possible, ces derniers jours, pour continuer d’acheminer ce matériel dans des zones parfois accessibles uniquement par pirogue ou par la brousse. Enfin, certains des 32 millions d’électeurs (sur 71 millions d’habitants) ont dit n’avoir pas trouvé leur nom sur les listes, ou ont pointé du doigt le manque de clarté des bulletins législatifs.

Un bilan mitigé

Malgré tout, la Ceni a jugé «satisfaisant» le déroulement du vote, qui s’est prolongé tard dans la nuit ou a été reporté à mardi dans certaines régions. «Nous avons 63 000 bureaux de vote. Si nous en avons un millier qui pose problème, ce sera gérable, avait déclaré dimanche soir le porte-parole de la Commission électorale nationale indépendante Matthieu Mpita. Nous voulons avant tout que tout le monde puisse voter.» Mais nul ne doute que ces aléas risquent d’accentuer le climat de défiance, alors que la majorité de la population semble considérer ce scrutin joué d’avance. Le dépouillement des bulletins de vote a en tout cas débuté dans la nuit de lundi à mardi, mais les résultats préliminaires ne sont pas attendus avant le 6 décembre.
Joseph Kabila a accédé au pouvoir après l’assassinat de son père le 16 janvier 2001 et remporté l’élection présidentielle en 2006 face au leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba, actuellement détenu et jugé à la Haye pour crimes de guerre commis lors des incursions de ses troupes en République centrafricaine en 2002 et 2003. Son bilan est mitigé. D’un côté, le dirigeant aujourd’hui âgé de 40 ans a réunifié un pays dévasté par deux guerres successives (1996-1997 puis 1998-2003). De l’autre, on lui reproche son bilan économique: plus de 75% des 62 millions d’habitants vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté, malgré les richesses naturelles du pays (minerais, bois, pétrole, cours d’eau…). Il est aussi pointé du doigt pour n’avoir fait qu’empirer la corruption. En 2010, l’ex-Congo Belge est ainsi arrivé 164e du classement de l’ONG Transparency International des pays les plus corrompus –sur… 178. Il devrait néanmoins bénéficier de l’écartèlement de l’opposition, qui n’est pas parvenue à une coalition malgré de longues négociations. Le mobutiste Léon Kengo, 76 ans, président du Sénat, et Vital Kamerhe, 51 ans, ex-président de l’Assemblée nationale et ancien proche de Kabila, passé dans l’opposition en 2010, ont notamment refusé de rallier le principal rival du président sortant, Etienne Tshisekedi*. La récente réforme constitutionnelle, qui a fait de la présidentielle un scrutin à un tour, à majorité relative, devrait également l’avantager, sans compter ses moyens financiers incomparables avec ceux de ses rivaux.
Joseph Kabila est lui-même convaincu de sa réélection, comme il l’a martelé lors d’une longue conférence de presse le mois dernier. «Divisée ou non, l’opposition sera battue», a-t-il lancé devant quelques 3000 membres de la Majorité présidentielle (MP) à Kinshasa le 18 octobre. «Sans fausse modestie», le président congolais a jugé son mandat «plutôt positif», comme le rapporte Jeune Afrique. «En cinq ans, nous avons fait avancer ensemble le Congo. Avec votre concours, pour l’essentiel, j’ai tenu mes promesses», s’est-il félicité, s’engageant à poursuivre l’application de ses «cinq chantiers», notamment le rétablissement de la paix, la construction de routes et l’assainissement des finances publiques. Si son précédent mandat était en effet axé sur la reconstruction, le prochain doit faire de la RDC «un pays émergent», a-t-il souligné; «un pôle d’intelligence et de savoir-faire, un vivier de la nouvelle citoyenneté et de la classe moyenne, un grenier agricole, une puissance énergétique, un pôle économique et industriel, une terre de paix et de mieux-être, une puissance régionale au coeur de l’Afrique.»
Après des accusations de fraudes un peu partout, des accusions de « schéma insurrectionnel » et tant de tension observée, aucun de deux camps (opposition et majorité au pouvoir) de semble être pret à reconnaitre la victoire de l’autre, ou mieux, sa propre défaite, qu’arrivera-il si le président sortant l’emporte, légalement

ParisMatch.com

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