(L'Avenir Quotidien 04/04/2013)
La mise en service de ce groupe qui apporte 55 MW
supplémentaires constitue un des résultats palpables des bienfaits du projet de
marché d’électricité pour la consommation domestique et à l’exportation (PMEDE)
pour les populations principalement du Bas-Congo et de Kinshasa qui verront
réduits les délestages dus notamment à l’insuffisance de la production dans le
système électrique de la SNEL
La Rdc qui a un défi majeur, celui de la
croissance inclusive à deux chiffres pour les 20 prochaines années, n’y arrivera
pas sans électricité, sans réseaux de transport fonctionnels, sans une
agriculture performante et sans une population bien éduquée et en bonne santé et
sans des institutions solides et bien gérées
D’où la nécessité de régler
rapidement la question de la décentralisation de la production et de la gestion
de l’électricité et donner la possibilité aux producteurs indépendants dans le
cadre d’une règlementation appropriée et appliquée d’être des prestataires
capables de répondre à la demande.
Le Vice-Premier ministre et ministre
du Budget, Daniel Mukoko a présidé le 02 avril dernier à Inga dans le Bas-Congo
la cérémonie officielle de mise en service du Groupe 12 de la centrale
hydroélectrique d’Inga qui va débiter 55 MW dans le réseau de Kinshasa. C’était
en présence du ministre Bruno Kapandji Kalala des Ressources hydrologiques et
Electricité et de Eustache Ouayoro, Directeur des Opérations de la Banque
mondiale pour la Rdc.
En effet, ce Groupe a été réhabilité grâce à la
Banque mondiale qui s’est engagée pour environ 1.2 milliard de dollars Us dans
le secteur de l’électricité dont 580 millions de dollars Us pour le PMEDE et 560
millions de dollars Us pour le SAPMP qui correspond au transport par la ligne de
transmission à haute tension entre Inga et Kasumbalesa. La Banque mondiale
finance, en outre, la pose de la fibre optique sur les 2,300 kilomètres de la
ligne haute tension et cet investissement devrait permettre de connecter d’ici
peu la Rdc à ses voisins du sud.
Pas de développement sans
électricité
Tous les pays du monde, la Rdc y compris, ne peuvent pas se
développer sans un accès approprié a de l’électricité en quantité suffisante et
de bonne qualité, a indiqué Eustache Ouayoro, avant d’ajouter que les études à
la Banque mondiale montrent que l’absence d’électricité a retardé la croissance
économique par habitant de 0.1 pourcent par an au cours de dernière décennie en
Afrique au Sud du Sahara et que cette réduction de la croissance économique a
été d’au moins 0.25 pourcent en Rdc, au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
«
Nous savons que 30 pays africains continuent de souffrir de la défaillance
chronique de leur production d’électricité et que les entreprises dans ces pays
perdent du fait de cette situation près de 5 pourcent de leurs chiffres
d’affaires et que cette perte peut même atteindre 20 pourcent dans le cadre des
activités du secteur informel ».
Un accès adéquat à de l’électricité
pourrait permettre de réduire les coûts de production de 80 pourcent et
accroître le chiffre d’affaires de certaines entreprises de 60 pourcent et
rendre les entreprises africaines et congolaises compétitives et donc créer des
emplois et accélérer la croissance économique des pays africains en général et
de la RDC en particulier. Un accroissement de 2.5 pourcent du taux de croissance
économique par habitant pourrait être atteint en Rdc si ce pays avait la même
qualité des services énergétiques que l’Ile Maurice.
Un Congolais sur dix
a accès à l’électricité
Il est établi que seulement un africain sur trois
a accès à l’électricité, et que si la tendance actuelle se poursuivait, presque
tous les pays africains ne seront pas à même de fournir un accès universel à
l’électricité à leurs habitants en 2050. Et que dire de la Rdc quand seulement
un Congolais sur 10 à accès à de l’électricité ? Il faut absolument renverser
cette tendance qui ne cadre pas avec l’ambition de nombreux pays africains de
devenir des économies émergentes.
C’est une ambition légitime et il est
heureux que la Rdc fasse partie des pays qui ont cette ambition. Pour que cette
tendance se retourne en Afrique au Sud du Sahara, il faudrait que la capacité de
production d’électricité puisse s’accroître d’au moins de 7 pourcent par an
pendant des décennies. En réalité, l’Afrique au sud du Sahara aurait besoin
d’accroître sa capacité de production d’électricité de 1 GW par an tous les mois
alors qu’elle arrive à peine à produire 1 GW par an tandis que alors que la
Chine réussissait à produire 1 GW par semaine au cours des de ces dernières
années. Le continent africain n’exploite que 8 pourcent de son potentiel
hydroélectrique quand la RDC n’exploite que moins de 3 pourcent de son potentiel
hydroélectrique et que le coût de production de cette électricité est l’une des
plus basses au monde.
La Rdc à un défi majeur, c’est celui de la
croissance inclusive à deux chiffres pour les 20 prochaines années. Elle n’y
arrivera pas sans électricité, sans réseaux de transport fonctionnels, sans une
agriculture performante et sans une population bien éduquée et en bonne santé et
sans des institutions solides et bien gérées.
Que faire alors ?
Il
faut très rapidement régler la question de la décentralisation de la production
et de la gestion de l’électricité dans ce pays et donner la possibilité aux
producteurs indépendants dans le cadre d’une règlementation appropriée et
appliquée d’être des prestataires capables de répondre à la
demande.
Cette réforme semble fondamentale pour répondre à la question de
l’accès à l’électricité dans ce pays. Une capacité de régulation appropriée
devra accompagner cette nécessaire ouverture que la Rdc ne peut éluder plus
longtemps. Cette ouverture permettra au secteur privé de tirer pleinement profit
des exceptionnelles ressources hydrauliques de ce pays, car il ne faut pas
l’ignorer plus de 217 sites potentiels ont été identifiés dans ce pays et 52
pourcent des ressources en eau du continent africain se trouvent en
Rdc.
La Rdc peut être ce pays émergent qu’il souhaite devenir et qu’il
mérite de devenir. Cela est possible. L’expérience montre que depuis 1950, 13
pays ont crû en moyenne à 7 pourcent par an pendant 25 ans ou plus et que ces
pays ont pu atteindre un tel niveau de croissance économique essentiellement
parce que : ils ont exploité les possibilités du marché mondial, ont maintenu
une stabilité macroéconomique ; ont maintenu des niveaux d’épargne et
d’investissement élevés ; que l’allocation des ressources a été orchestrée par
les marches ; et que ces pays avaient des gouvernements crédibles, engages et
compétents.
Un taux de desserte de 9% seulement
Pour sa part,
Bruno Kapandji Kalala, ministre des Ressources hydrauliques et Electricité ne
s’est pas voilé la face pour révéler que le taux d’accès à l’électricité en Rdc
est estimé à 9%, soit 7 millions de privilégiés sur une population totale de 75
millions d’habitants. De plus, il existe une forte disparité entre les
provinces, ce taux variant de 0,5% dans le Kasaï-Occidental à 45% à
Kinshasa.
Le taux d’accès moyen en Afrique subsaharienne est de 30%
contre 90% pour l’Afrique du Nord. La mise en service de ce groupe qui apporte
55 MW constitue un des résultats palpables des bienfaits du projet PMEDE pour
les populations principalement du Bas-Congo et de Kinshasa qui verront réduits
les délestages dus notamment à l’insuffisance de la production dans le système
électrique de la SNEL.
D’autres groupes sont en cours de réhabilitation
ou vont entrer en réhabilitation prochainement, ce qui va progressivement
augmenter l’énergie électrique disponible aux centrales d’Inga.
Il s’agit
notamment de : sur le financement de la Banque mondiale (G11 et G15, Inga 1, G21
et G22, Inga 2) ; sur financement de la Banque Africaine de Développement (G14,
Inga 1) ; en partenariat public-privé avec les opérateurs miniers (G27 et G28).
« J’exhorte donc la SNEL et tous les intervenants dans la mise en œuvre des
projets de l’eau et électricité pour une plus grande mobilisation afin de
rattraper des retards de leur exécution, et d’accroître les taux de décaissement
des financements mobilisés », a-t-il indiqué, tout en s’engageant à poursuivre
les missions de suivi et de contrôle pour l’exécution du programme eau et
électricité du Gouvernement avec efficacité et détermination, conformément à la
vision du Chef de l’Etat et la stratégie basée sur le résultat, mise en œuvre
par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement.
Il a aussi juré que la
population bénéficiaire sera dorénavant informée sur l’état d’avancement des
projets en cours et ceux qui seront bientôt lancés dans le cadre de service
énergétique rural moderne initié par le Chef de l’Etat au travers du programme
des villages modernes qui seront pourvus de l’électricité et de l’eau potable
ainsi que de service énergétique.
Il a terminé par inviter spécialement
les dirigeants, cadres et agents de SNEL en général et ceux de centrales d’Inga
en particulier à plus de responsabilité, d’engagement et d’amour du prochain
pour rendre à la population et aux industries congolaises les meilleurs services
possibles en vue d’améliorer les conditions de vie des congolaises et des
congolais pour mériter la confiance du Chef de l’Etat et celle du Chef du
Gouvernement.
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