(Survie 02/11/2012) Accusé de crimes contre l’humanité commis entre octobre 2002 et mars 2003 en Centrafrique, le Congolais Jean-Pierre Bemba comparaît devant la Cour pénale internationale (CPI). Il rejette la responsabilité des exactions sur son allié d’alors, l’armée loyaliste. Une nouvelle étape de son procès a débuté à la mi-août.La défense de Bemba a, en effet, entamé la présentation de son dossier devant la CPI cherchant à prouver que l’accusé n’avait pas le contrôle direct de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC). C’est le général français, Jacques Seara, qui a ouvert le bal des 63 témoins de la défense en affirmant que l’accusé ne pouvait exercer de commandement sur ses hommes déployés en République centrafricaine.
Officier retraité de l’armée française, le général de brigade témoignait en qualité d’expert et auteur d’un rapport sur la structure de commandement des forces armées lors du conflit en Centrafrique. Seara a dirigé le bureau des relations internationales de l’armée de terre et, à ce titre, était en relation avec toutes les armées étrangères comme il l’a expliqué à la Cour. Il a assuré que « le commandement des opérations pendant toute la durée du conflit était centrafricain ».
Il a précisé qu’« on ne peut pas imaginer dans ce type de conflit qu’un élément travaille en électron libre » (!), en ajoutant, au sujet du MLC, qu’« ils ne menaient pas leur guerre à eux, ils menaient la guerre que voulait la République centrafricaine pour rétablir l’Etat de droit ». On ne voit pas très bien en quoi cela exonèrerait Bemba des atrocités commises par ses hommes qu’ils soient sous commandement centrafricain ou électron libre dans un conflit où les milices, rebelles, mercenaires et soldats de tous bords ont allégrement pillés, massacrés et violés tous les jours.
Et Barril dans tout ça ?
En juin 2008, des sources proches du bureau de la CPI à Bangui signalait que le capitaine Barril faisait aussi l’objet d’investigations judiciaires de la CPI dans le dossier Bemba et Ange Félix Patassé pour son implication présumée dans les exactions commises par les troupes de Bemba. Un témoin de l’époque précisait que l’ex-gendarme français avait supervisé la protection de la résidence de Patassé à l’aide de la Société centrafricaine de protection et de surveillance et des éléments tchadiens d’Abdulaye Miskine.
Ce témoin a raconté sa rencontre avec Barril. « Un soir, je travaillais à Bouar, et on a reçu la visite d’éléments étrangers, je crois qu’ils étaient yougoslaves. Ils parlaient français avec un fort accent russe. Ils étaient équipés comme des commandos (...) Paul Barril a tenu un meeting et il disait à la population qu’il avait besoin de soutiens, qu’il venait pour combattre les rebelles de Bozize qui avançaient. »
Un pouvoir assis sur la violence
En 2001, le président centrafricain d’alors, Ange-Félix Patassé, fait face à un mouvement insurrectionnel conduit par le chef d’état-major de l’armée, le général François Bozizé. Celui-ci se réfugie au Tchad et par la suite en France. Le 25 octobre 2002, les troupes de Bozizé, soutenues par des rebelles tchadiens envoyés par Idriss Déby avec la bénédiction de la France de Jacques Chirac opèrent une percée et attaquent les quartiers nord de Bangui. S’ensuivent plusieurs jours de combats violents dans la capitale. Les forces armées centrafricaines en déliquescence, le président Patassé s’en remet pour sa défense à un contingent militaire libyen, aux hommes du Tchadien Abdoulaye Miskine, aux éléments de l’Unité de sécurité présidentielle (USP), à des barbouzes français menés par Paul Barril et à un millier d’hommes du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, lui-même en rébellion contre Kinshasa.
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