(Jambonews.net 08/03/2013)
«
La femme est sortie de la côte de l’homme, non des pieds pour être piétinée. Ni
de la tête, pour être supérieur, mais du côté pour être égale. Sous le bras pour
être protégée, et à côté du cœur pour être aimée… Seulement être aimée.
»
Pourtant, à l’Est de la RDC cette évidence naturelle semble plus
relever du domaine de l’utopie que de la réalité. Les femmes y sont en effet
depuis 1996 bafouées, humiliées et déshonorées. Non pas que les hommes de ces
contrées aient perdu toute notion d’honneur et de respect à l’égard de leurs
mères, sœurs ou épouses, mais simplement parce que les guerres à répétitions
venues de l’étranger ont semé moult malheurs, tribulations et souffrances au
point de contrevenir profondément aux mœurs de la région pourtant
traditionnellement vertueuses.
Le reportage d’Euronews en queue de
l’article nous renseigne sur le cas d’une courageuse femme nommée Masika. En
1998, des miliciens ont massacré son mari sous ses yeux, et violé deux de ses
filles. Elle témoigne : « Moi, ils m’avaient fait asseoir, nue comme un ver,
avec deux armes braquées sur mes tempes. Quand je criais, ils me coupaient le
visage et le corps avec leurs poignards. J’ai des balafres de leurs forfaits sur
tout le corps (…) L’un d’eux m’a demandé si j’avais déjà mâché un bazooka. J’ai
dit oui, croyant qu’il parlait du bonbon bazooka. Alors il a pris le sexe de mon
mari mort, et il l’a découpé en petits morceaux. Ils m’ont forcé à manger tous
les morceaux du pénis de mon mari.
La chambre était pleine de son sang. Ils
m’ont ordonné de rassembler les restes de mon mari, et de me coucher sur les
morceaux de son corps. J’ai l’ai fait. Et ils ont commencé à me violer sur les
restes de chairs de mon mari »
Ce n’est là qu’une partie du calvaire que
Masika raconte.
13 ans après ces terribles évènements, elle se retrouve à
la tête d’une association d’aide aux victimes d’atrocités de guerre l’APDUD, qui
outre le soutien moral et matériel, tente de réintégrer les victimes dans leurs
communautés.
Masika s’est relevée. Son association compte aujourd’hui
quelques 200 femmes.
Son exemple nous renseigne suffisamment sur l’insondable
force de caractère des femmes du Kivu et leur incroyable capacité à faire
dignement face aux odieux défis de la vie.
La ténacité et le courage dont
elles font preuve pour conjurer le sort vraisemblablement scellé des femmes de
la région est sans commune mesure. Elles endurent, elles subissent mais elles
résistent.
Il serait presque criminel que le gouvernement congolais
continue à mésestimer le rôle capital qu’elles sont censées jouer dans la
reconstruction sociale et la réhabilitation des mœurs de ces zones sinistrées.
Une place d’honneur doit leur être faite dans le panthéon congolais de la
gloire.
Sans l’apport de ces femmes du Kivu le Congo aura de faibles
chances de mettre définitivement fin à son cycle interminable des guerres car
elles symbolisent mieux que personne l’espérance, l’honneur, le courage et le
renouveau du peuple congolais.
En ce jour symbolique de la Journée
internationale de la Femme, l’équipe Jambonews exprime son profond respect et
son total soutien à ces femmes hors du commun qui par leur résistance et
persévérance continuent de faire briller l’espoir d’une paix totale et profonde
dans la région des Grands Lacs.
Charis Basoko
Jambonews.net
8. mar
| Par Charis Basoko
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