Deux soldats de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo – la Monusco – ont été tués mardi dans une embuscade tendue dans le territoire de Beni, dans l’est du pays, où de violents combats opposent l’armée à des rebelles ougandais.
« C’est avec tristesse et colère que je viens d’apprendre le décès de casques bleus », a annoncé le chef de la mission, Martin Kobler, sur son compte Twitter, rendant hommage dans un second message aux « soldats de la paix tanzaniens qui sont morts » et promettant que la « Monusco va mener des opérations offensives robustes » dans la région où s’est déroulée l’attaque.
Une multitude de groupes armés
Interrogé par l’AFP, M. Kobler a expliqué qu’il « condamnait fermement »ces attaques contre les casques bleus. Il a exprimé son soutien aux familles des victimes. Un porte-parole de la Monusco a pour sa part confirmé « deux morts » à l’AFP, ajoutant que le nombre précis de blessés restait inconnu.
L’administrateur du territoire de Beni, Amisi Kalonda, a donné un bilan de« deux morts » et souligné que l’« attaque » a ciblé un « convoi de soldats tanzaniens tombé dans une embuscade tendue par l’ennemi, l’ADF », les rebelles musulmans ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF). Les soldats tanzaniens appartiennent aux quelque 3 000 hommes de la brigade d’intervention de la Monusco — également composée de Sud-Africains et de Malawites —, chargée de lutter contre les dizaines de groupes armés locaux et étrangers actifs dans l’est de la RDC.
Ces groupes armés, parfois actifs depuis vingt ans, s’affrontent pour des raisons foncières, ethniques ou pour le contrôle des nombreuses richesses dont regorge l’est du pays (minerais, bois…). Certains sont accusés de graves exactions (meurtres, viols, enrôlement d’enfants…).
Dans un communiqué publié dans la nuit de mardi, la Monusco précise que l’unité de Tanzaniens est « tombée dans une embuscade sur l’axe Mavivi-Mayimoya, au village Kikiki situé à 11 km au sud d’Eringeti ». Dans cette région, l’armée affronte des rebelles de l’ADF depuis dimanche.
Massacres attribués à l’ADF
L’armée a fait état mardi de « 16 morts côté rebelles et de 4 morts et deux blessés côté FARDC [l’armée régulière] ». La société civile du territoire de Beni n’a pas de chiffre quant aux pertes chez les rebelles, mais affirme que l’armée a essuyé de lourdes pertes : « 28 morts parmi les FARDC, 22 blessés, 8 capturés ». « La situation est tellement grave qu’elle devrait interpeller les autorités à tous les niveaux. (…) Les rebelles s’attaquent aux FARDC de façon bien organisée. Ils ont saisi des tenues, des bottes, des armes… On sent qu’ils se sont vraiment ravitaillés en équipement militaire »,poursuit cette source.
M. Kobler estime que les deux attaques survenues en quarante-huit heures – un hélicoptère de l’ONU a été la cible de tirs lundi – révèlent « l’impérieuse nécessité de relancer la coopération entre les FARDC et la Force de la Monusco pour la sécurisation du territoire de Beni », alors que les armées sont en froid depuis un différend sur la manière de neutraliser les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda.
D’octobre à décembre, plus de 260 personnes, pour l’essentiel des civils (hommes, femmes et enfants), ont été tuées, pour la plupart à l’arme blanche, dans la ville de Beni et ses environs dans une succession de massacres attribués aux rebelles musulmans ougandais de l’ADF. Ils sont présents depuis 1995 dans l’Est congolais, où ils sont accusés de graves exactions contre les civils (meurtres, enrôlement d’enfants, pillages…) et de se livrer à un juteux trafic de bois.
lemonde.fr
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