Monsengwo était, en effet, de ceux qui avait contribué à l’installation de la crise post-électoral avec sa déclaration selon laquelle les résultats de l’élection présidentielle ne correspondait ni à la vérité, ni à la justice. La rencontre du Palais de la Nation entre Joseph Kabila et le Cardinal Monsengwo aura ainsi le mérite de renouer le nœud du dialogue après plus de quatre années de crispation. Mais, plus particulièrement, elle donne un signal fort de la reconnaissance, par Monsengwo, de Joseph Kabila comme Président de la République après ses déclarations exclusivistes de décembre 2011. Une reconnaissance qui apporte aussi une légitimation sociologique auprès d’une frange de la population qui avait été subjuguée par ses propos pour, alors, adopter une attitude bien particulière par rapport aux institutions en général, et au Chef de l’Etat en particulier.
De toutes les personnalités attendues au Palais de la Nation, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya était parmi les plus attendus. Ira, ira pas ? Telle était la question que tout le monde se posait au regard de l’antécédent des élections de 2011. Monsengwo était, en effet, de ceux qui avait contribué à l’installation de la crise post-électoral avec sa déclaration selon laquelle les résultats de l’élection présidentielle ne correspondait ni à la vérité, ni à la justice.
Depuis lors, un froid s’observait en ce qui le concerne, même si, pour les plus introduit, des contacts discrets ont été maintenus.
Le passage de Monsengwo aux consultations menées par le Chef de l’Etat était aussi vu comme un grand dégel qui allait consolider les avancées vers la tenue du dialogue tant sollicité aussi bien par l’église catholique, dont il est l’un des éminents représentants, l’opposition qu’une frange de la société civile. Normal donc que tous les phares aient été braqués sur cette personnalité. Cela était d’autant plus normal que son audience à titre individuel revêtait une autre connotation puisqu’une délégation de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) avait été reçu la veille.
Mardi 2 juin 2011, l’historique rencontre officielle a finalement eu lieu au bureau de travail du Président de la République. Historique au regard de la cordialité qui caractérisait les attitudes, mais surtout du fait qu’après les usages protocolaires, le prélat catholique a vite sollicité et obtenu un huis clos avec Joseph Kabila. Nul ne sait ce que le Cardinal Monsengwo a dit au Chef de l’Etat.
Mais, toujours est-il qu’au sortir de son entretien avec le Président de la République, l’Archevêque de Kinshasa s’est montré plutôt conciliant dans sa déclaration à la presse et ouvert par rapport à l’initiative des consultations présidentielles en vue du dialogue. « Par rapport à l’objet du dialogue, le Président de la République fait bien de mener ces consultations », a déclaré Monsengwo avant d’ajouter que « le dialogue est une bonne chose si l’on sait ce que qu’on cherche, et apparemment le Chef de l’Etat le sait ».
Pour l’Archevêque de Kinshasa, « le dialogue projeté ne devrait pas déborder les délais constitutionnels » avant de poursuivre en estimant que « si la classe politique le dit, le Chef de l’Etat en tiendra compte. ». Et à la population, Monsengwo l’a invité à garder confiance, espérant que d’ici vendredi on en saura plus. Et de conclure en recommandant, pour un bon aboutissement du dialogue en perspective, que tout le monde aie « le sens de la liberté d’autrui pour produire des solutions paisibles ».
Quand Monsengwo « légitime » Kabila
La rencontre du Palais de la Nation entre le Chef de l’Etat et le Cardinal Monsengwo aura ainsi le mérite de renouer le nœud du dialogue après plus de quatre années de crispation. Mais, plus particulièrement, elle donne un signal fort de la reconnaissance, par Monsengwo, de Joseph Kabila comme Président de la République après ses déclarations exclusivistes de décembre 2011. Une reconnaissance qui apporte aussi une légitimation sociologique auprès d’une frange de la population qui avait été subjuguée par ses propos pour, alors, adopter une attitude bien particulière par rapport aux institutions en général, et au Chef de l’Etat en particulier.
Cette reconnaissance et cette relance du dialogue est plus significative avec l’église catholique qui a été représentée, lundi dernier, par une délégation de la CENCO. Le porte-parole de cette déclaration, le Secrétaire Général Léonard Santedi a, en effet, déclaré que l’église catholique est « disposée à apporter sa contribution à l’avènement d’un climat de confiance et de paix dans la transparence et le respect des droits de l’homme », cela afin de bâtir un Congo plus beau qu’avant.
Il a aussi indiqué que sa délégation, qui était conduite par Monseigneur Nicols Djomo, Président en exercice de la CENCO ont donné toutes les assurances au Président de la République quant à leur contribution à l’aboutissement de ces consultations. Cela de déclarer et de répéter au moins deux fois que le dialogue est une « voie royale et pacifique de sortie de crise et un élément constructif pour tout système démocratique » conformément à la doctrine prêchée par l’église catholique.
Evoquant les bases pour ce bon aboutissement, le clergé catholique congolais est d’avis qu’il est impérieux de parvenir à un consensus autour du calendrier global électoral de la CENI et dans « le strict respect de la Constitution et des institutions en place ».
Tous d’accord pour le dialogue
Bien avant et après la délégation de la CENCO, les différentes délégations et personnalités qui ont défilé au Palais de la Nation ont été unanimes quant à la nécessité de la tenue du dialogue afin d’assurer au pays des élections apaisées. Toutes les délégations ont reconnu la valeur cathartique du dialogue lorsqu’il s’a git de résoudre un problème. C’est ainsi que les premières délégations reçues lundi dernier ont insisté sur la nécessiter que toutes les parties se parlent avant d’aller aux élections afin d’aplanir les divergences sur le processus électoral et ainsi parvenir à des élections apaisées.
Par ailleurs, ces délégations, composées exclusivement des confessions religieuses, ont rejeté tout recours à la violence dans le processus électoral.
S’exprimant aussi au sujet de l’objet et au format du dialogue ainsi que de la nature et du nombre des participants, les représentants des confessions religieuses ont espéré que toutes ces questions seront précisées au cours des consultations initiées par le Chef de l’Etat. Et à propos du calendrier électoral global, les uns ont estimé qu’il faut le respecter puisqu’étant le fruit de la volonté de toutes les parties au processus électoral, les autres ont trouvé qu’il serait bon que le calendrier électoral fasse également l’objet des échanges en vue de dégager un consensus.
Même son de cloche et même unanimité pour le dialogue du côté de la classe politique, du moins les délégations reçues au Palais de la Nation. A la tête de la délégation du RCD, Azarias Ruberwa a déclaré que le dialogue est incontournable, car « il y a des questions qui ne peuvent pas être résolues sans dialogue ». L’ancien Vice-Président de la République sous la transition 1+4 a dit être allé exprimer au Chef de l’Etat sa conviction sur la nécessité de dialoguer pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent à la Nation en rapport avec le cycle électoral qui prévoit 7 scrutins en une année, soit entre octobre 2015 et décembre 2016, ce qui, pour lui, n’est raisonnablement pas possible en raison du temps imparti qui est court, du budget à boucler et des tensions que pourrait charrier chacun de ces scrutins.
Il a également évoqué la problématique du découpage territorial qui doit porter à 26 le nombre des provinces à partir de ce mois de juin. Autre problème évoqué par Ruberwa : le respect de la Constitution, proposant que l’on sursoie « les élections dont la non-tenue n’offense pas la Constitution. L’enrôlement des nouveaux majeurs et la révision du fichier électoral ont aussi figuré parmi les préoccupations du RCD.
Pour toutes questions donc, le RCD de Ruberwa estime que le dialogue est la bienvenue. Ce dialogue, a-t-il poursuivi, est une affaire d’intérêt nationale, ce qui nécessite de la « désensibiliser », faisant ainsi allusion aux tiraillements qui s’observent autour de cette perspective.
Clément Kanku du Mouvement pour le Renouveau (MR) a abondé dans le même sens et évoqué les mêmes préoccupations, justifiant cette position par le fait que son parti est attaché aux valeurs démocratique dont le dialogue fait partie. Pour lui, il est question de connaître les termes de référence et les objectifs du dialogue. En attendant, il a insisté pour que ce dialogue soit réellement inclusif et ne concerne pas qu’un groupe d’opposants. Pour dégager le consensus sur les objectifs à atteindre, il s’est engagé à continuer à travailler du côté de l’opposition pour ramener tout le monde aux bons sentiments. « Il est mieux, a-t-il conclu, de dialoguer sur ces questions essentielles plutôt que de faire des vidéos conférences avec l’Abbé Malu Malu, faisant là allusion à l’entretien à distance que certains opposants réfractaires au dialogue ont eu récemment avec le Président de la CENI en séjour aux USA pour des soins de santé.
[Jonas Eugène Kota]
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