Cinq jours après les consultations politiques de Joseph Kabila au Palais de la Nation, force est de constater que très peu de gens se bousculent au portillon présidentiel. Certains opposants en déclinant l’invitation de Kabila alors qu’ils étaient attendus, lui ont infligé un véritable camouflet. Le groupe parlementaire des Chrétiens libéraux, qui compte dans ses rangs José Makila et Docteur Anatole Matusila notamment, prévus par le protocole d’Etat pour être reçu le mercredi 3 juin, a finalement jugé contreproductif de s’entretenir avec le locataire du Palais de la Nation.
Chose impensable il y a encore quelques années où Kabila était courtisé de toutes parts. Les temps ont bien changé, le charme politique de Kabila fin mandat n’opère plus ! On a posé à Kabila un lapin, un gros lapin car il les attendait et ils ne sont pas venus. Cela souligne encore une fois, l’échec du travail en amont de Kalev Mutond, le patron de l’ANR (agence nationale des renseignements). Même ceux qui ont fait le déplacement du Palais de la Nation pour lui parler, ne l’ont pas caressé dans les sens du poil, hormis les thu-riféraires habituels, pseudo-hommes de Dieu, qui se recrutent essentiellement chez les protestants de Marini Bodho, et dans une certaine mesure dans le courant dit Eglise de réveil. Critique le gourou du Bas-Congo Ne Muanda Nsemi a dit à Kabila que les conditions d’un processus électoral transparent n’étaient pas réunies.
Bien avant, tout aussi critique, l’Eglise catholique et son chef, le cardinal Monsengwo Pasinya, qui a dit que l’idée d’un dialogue en soi n’est pas mauvaise à condition que les délais constitutionnels soient respectés. Après 4 ans de son dernier mandat de 5 ans, Kabila est fini politiquement. C’est la conclusion à laquelle est parvenue un bon nombre d’hommes politiques et de leaders de la société civile. Cette conclusion qui fait que Kabila est snobé aujourd’hui par ceux que lui toisaient hier. Dans ces conditions le processus voulu politique par Kabila n’a plus de chance d’aboutir car les autres veulent notamment le circonscrire aux questions techniques se rap¬portant essentiellement au processus électoral. Du coup ces politiques et activistes de la société civile préfèrent comme interface l’abbé Malu Malu, président de la Ceni (commission électorale na¬tionale indépendante), le premier ministre Augustin Matata pour les questions budgétaires liées aux élec¬tions.
Avec Malu Malu, c’est la question de l’aération de son calendrier constipé par les élections locales notam¬ment et l’enrôlement de nouveaux majeurs, ce qui induit la problématique de la transparence du fichier électoral. Avec le chef de gouvernement, celui-ci doit leur donner des garanties sur le financement du pro¬cessus électoral pour que la Ceni ne prétexte l’absence des fonds, comme obstacle à l’organisation de la présiden¬tielle de 2016 notamment. Pour cela, le gouvernement doit dire solennellement qu’il mettra à disposition de la Ceni les moyens dont elle a besoin à temps. Les débats techniques et financiers en rapports avec le processus électoral doivent se faire en étroite collaboration avec l’assemblée nationale, au¬torité budgétaire et autorité tutélaire de la Ceni. Le dia¬logue de Kabila ne sera donc pas politique comme souhai¬té par lui mais il s’agira pour ceux qui y participent de recadrer le processus élec¬toral en ayant constamment à l’esprit le respect de la constitution.
Il va sans dire que les élections présidenti¬elles, sont non recadrables. Parallèlement au défilé du Palais de la Nation, Vital Ka¬merhe, président de l’UNC, qui n’est pas intéressé par ce dialogue, a communié avec la population meurtrie de l’est. Son idylle particu¬lière avec ce peuple n’a pas été démentie car c’est par centaines des milliers dès qu’ils ont appris sa venue, qu’ils ont accouru vers lui de manière spontanée comme pour dire : nous voulons bâtir un nouvel avenir avec toi. Message à bien capter au Palais de la nation car le peu¬ple en a marre des conciliab¬ules et veut s’exprimer lui-même en tant que détenteur dépositaire du pouvoir poli¬tique qu’il confie à qui il veut lors des cycles électoraux. Et le peuple demande des élections constitutionnelles, transparentes et crédibles, pour solder les élections chaotiques de 2011. Serait-ce trop demander à Kabila?
MATTHIEU KEPA
direct.cd
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