(L'Avenir Quotidien 11/04/2012)
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Joseph Kabila Kabange est depuis lundi dernier à Goma, chef-lieu de la province
du Nord-Kivu, où il est parti s’enquérir de la situation sécuritaire dans cette
région où des défections sont signalées dans les rangs des Forces armées de la
République démocratique du Congo (FARDC) *Selon plusieurs observateurs, la
démonstration de force du général Bosco Ntaganda a produit l’effet escompté.
Goma, capitale de la province du Nord-Kivu vit à nouveau dans la peur. Le chef
de l’Etat a instruit le chef d’Etat-major général à prendre les mesures qu’il
convient à l’endroit des militaires indisciplinés * Ces mouvements militaires
interviennent alors que la communauté internationale intensifie sa pression sur
les autorités congolaises, exigeant l’arrestation et le transfert à La Haye du
général Bosco Ntaganda, accusé de nombreux crimes de guerre et de recrutement
d’enfants dans l’Ituri.
Des sources sûres, nous apprenons que le
Président Kabila Kabangeest arrivé lundi dernier en fin d’après-midi à Goma,
chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Entant que Commandant suprême des FARDC
et de la police nationale Congolaise, le chef de l’Etat congolais est parti
s’enquérir de la situation sécuritaire dans cette région où des défections sont
signalées dans les rangs des Forces armées de la République démocratique du
Congo (FARDC). C’est la première visite du Chef de l’Etat congolais dans cette
région depuis sa réélection à la tête du pays en novembre 2011 pour un mandat de
5 ans. Soulignons que dans une réunion qu’il a tenue avec les Commandants des
grandes unités du Nord et du Sud-Kivu, le chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange a
instruit Didier Etumba, chef d’Etat-major général à prendre les mesures qu’il
faut à l’endroit des militaires indisciplinés. Au micro de Digital Congo Tv, le
chef d’Etat-major général a laissé entendre que tous les militaires
indisciplinés répondront de leurs actes devant la justice militaire.
Une
nouvelle qui arrive à point nommé, d’autant plus que la population commençait
peu à peu de s’inquiéter des bruits de bottes, qui rappellent les guerres que ce
coin de la République a connues il y a quelques années. L’arrivée du président
Kabila a été précédée dans la matinée de lundi à Goma par celle du Chef d’Etat-
major général de l’armée, le général Didier Etumba. Il a déclaré à son arrivée
que « ceux qui ne veulent pas se soumettre à l’ordre républicain seront traqués
par l’armée ». Allusion faite à la défection de certains officiers des FARDC
issus de l’ex-rébellion du CNDP au Nord et Sud-Kivu depuis plus d’une
semaine.
« Nous avons une idée très claire. Il y a quelques indisciplinés
qu’il faut traquer et ils sont en train d’être traqués, et de la manière la plus
radicale. Ce n’est pas nécessairement une question de revendication. Quelqu’un
qui est indiscipliné qui ne veut pas se soumettre à la Constitution de la
République, aux lois de la République, quelqu’un qui ne veut pas respecter les
instructions du président de la République commandant suprême des forces
armées.
Quelqu’un qui refuse d’être républicain ne peut pas servir sous
le drapeau. Et dès lors qu’il se manifeste comme tel, lorsqu’il prend les armes,
eh bien il est traqué pour être neutralisé et ceux qui ont des problèmes à
caractère judiciaire ils auront à en répondre ».
Le cas Bosco sur la
table
En visite à Goma le même lundi, le Représentant spécial du
secrétaire général de l’ONU en RDC, Roger Meece a déclaré que Bosco Ntaganda
constituait depuis longtemps une menace pour la sécurité des populations de la
région et doit répondre de ses actes devant la CPI. « Depuis longtemps, nous
avons bien parlé des problèmes posés par Bosco Ntaganda. C’est quelqu’un, avec
certains qui s’allient à lui, qui pose une menace à la sécurité de la population
de la Région depuis assez longtemps. C’est quelqu’un recherché par la CPI. Et
nous pensons bien que toute personne recherchée par la CPI doit être traduite
sûrement en justice. Comme je viens de le dire, c’est quelque chose d’important,
de garder la sécurité, de rester toujours dans la ligne de l’autorité de l’Etat,
des institutions, des FARDC et autres…J’encourage donc tout le monde qui pense
s’allier avec Bosco ou ceux qui pensent déserter leurs postes de ne pas le faire
et de reprendre leurs places comme soldats ou autres au sein des FARDC », a
déclaré Roger Meece.
Disons que la démonstration de force du général
Bosco Ntaganda a produit l’effet escompté. En effet, Goma vit à nouveau dans la
peur. Depuis lundi en effet, des jeeps blindées, chargées d’hommes lourdement
armés sillonnent la capitale du Nord-Kivu et des mouvements de troupes sont
enregistrés plus au nord, à Rutshuru et vers Runyoni, du côté de la frontière
rwandaise Tous ces mouvements militaires interviennent alors que la communauté
internationale intensifie sa pression sur les autorités congolaises, exigeant
l’arrestation et le transfert à La Haye du général Bosco Ntaganda, accusé de
nombreux crimes de guerre et de recrutement d’enfants dans l’Ituri. Lors de sa
visite à Kinshasa, Didier Reynders avait été le dernier à relayer cette exigence
et les autorités lui avaient expliqué la situation sur le terrain.
Comme
pour dire que les défections au sein des FARDC dans les Kivu ont été
enregistrées après les fortes pressions de la communauté internationale qui
demande le transfert de Bosco Ntaganda à la Cour pénale internationale (CPI). Ce
général des FARDC établi à Goma a été reconnu, par les juges de la CPI, complice
des crimes de guerre commis en 2002 en Ituri (Province Orientale) pour avoir
enrôlé des enfants dans les milices.
Seul Joseph Kabila peut faire
quelque chose
Fait curieux. Pourtant recherché par la CPI, Bosco a un
soutien non seulement de la population, mais aussi des commerçants de ce coin de
la République qui ont même fait circuler une pétition, refusant son arrestation.
Dans un tel contexte, il est clair que même si les exigences de la communauté
internationale sont aussi claires et justifiées soient-elles, sont difficiles à
mettre en œuvre et risquent de mettre le feu aux poudres. A sa manière, Bosco
Ntaganda a déjà compris le message et répondu par la menace. Même s’il faut
répondre à l’exigence de Didier Reynders, disons que tôt ou tard Bosco Ntaganda
sera arrêté, car les crimes qu’il a commis sont imprescriptibles et la fuite est
impossible. Mais il appartient au chef de l’Etat, dans l’intérêt supérieur du
pays, de décider de la manière et du moment. La situation au Kivu est explosive
et la priorité, c’est d’éviter une nouvelle guerre.
Dans son communiqué
du 7 avril 2012, le Gouvernement de la République informait l’opinion que malgré
l’existence ci et là de quelques foyers de tension, l’accalmie se confortait à
Uvira, Nyabibwe, Mwenga, Shabunda et Kamituga dans la province du Sud-Kivu. «
Dans les foyers de tensions nés au Nord-Kivu s’observe aussi la même tendance à
l’accalmie, même si l’inquiétude est palpable parmi les populations ».
Le
Gouvernement rassurait la population qu’il suivait la situation de près. C’est
ce qui d’après nous justifie cette présence du chef de l’Etat au côté de la
population de l’Est du pays qui avait des réelles questions à se poser. Cette
population ne doit pas pour autant céder à la panique et au découragement, à
demeurer vigilante et à vaquer à ses occupations quotidiennes. De même, les
FARDC devraient continuer à s’employer à maîtriser la situation créée par
certains de leurs compagnons d’armes. La discipline et le patriotisme devraient
être au centre de leurs engagements pour consolider la paix tant souhaitée dans
cette partie de la République. Les éléments indisciplinés à l’origine de
l’altération de la situation sécuritaire au Nord et au Sud-Kivu, doivent
répondre sans atermoiements aux appels à l’apaisement leur lancés depuis le 5
avril dernier.
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