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jeudi 11 octobre 2012

RDC: François Hollande dans le piège kinois


Par Vincent Hugeux, publié le
A Kinshasa, théâtre du 14e Sommet de la francophonie, le tombeur de Nicolas Sarkozy devra détailler son credo africain lors d'un grand oral attendu les 12 et 13 octobre. Sans cautionner l'autocrate congolais Joseph Kabila.
En clair, il revient au locataire de l'Elysée de tenir la vaine promesse de rupture de son prédécesseur. Devant les députés sénégalais, il aura beau jeu de panser les plaies ouvertes par la navrante adresse de Dakar de juillet 2007, oeuvre d'un Nicolas Sarkozy moins entré dans l'Histoire que l'"homme africain" fantasmé dont il flétrissait l'apathie.
L'escale au pays de la teranga -l'hospitalité-, théâtre en douze ans de deux alternances par les urnes, aura aussi le mérite de diluer l'impact d'une étape kinoise controversée.
Chaque mot, chaque geste sera scruté à la loupe
Certes, il s'agit d'assister au 14e sommet de l'Organisation internationale de la francophonie. Le plaidoyer du patron de l'OIF, l'ex-chef d'Etat sénégalais Abdou Diouf, aura d'ailleurs contribué à convaincre Hollande de s'aventurer sur la rive sud du fleuve Congo. Là-bas, chaque mot, chaque geste sera scruté à la loupe.
C'est que l'ex-Zaïre de Joseph Kabila, intronisé en janvier 2001, au lendemain de l'assassinat de son père, Laurent-Désiré, piétine les normes démocratiques. Le scrutin présidentiel de novembre 2011 a épuisé l'arsenal des fourberies électorales. Au royaume des crimes impunis, l'avocat des droits humains et le journaliste indocile ont le choix entre le silence, le cachot et l'exil. Sans imposer de conditions explicites à la venue de François Hollande -le diktat n'est plus de saison-, Paris avait prié l'hôte congolais de lâcher quelques gages. "Et là-dessus, jurait-on au Château, nous serons intraitables." 
Un Etat faible doté d'un système judiciaire déplorable
Vraiment? Bien sûr, le Parlement a entrepris -mollement- l'examen de la refonte de la Commission électorale maison et étudie la création d'une instance de défense des droits de l'homme. Mais la reprise du procès des meurtriers de Floribert Chebeya, activiste honni par le pouvoir et assassiné en juin 2010 sur ordre du chef de la police, a été différée au 23 octobre. Au long de l'été, on a appris le décès suspect d'un opposant détenu au secret et l'enlèvement, imputé à la redoutable Agence nationale de renseignement, de deux autres figures dissidentes.
Chantage? De l'aveu même de Yamina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie, dépêchée en mission préparatoire en juillet, le fils Kabila a menacé de saborder le sommet en cas de boycott élyséen. Le "Petit Jo" a grandi, et pas forcément en bien.
"La RDC reste la RDC, soupire-t-on à la présidence. Un Etat faible doté d'un système judiciaire déplorable. Il faudra des années pour que ça change." Soucieux de désamorcer tout procès en complaisance, le tombeur de "Sarko" conversera avec les figures de proue du front anti-Kabila.
Au menu, un tête-à-tête avec l'intransigeant et vieillissant Etienne Tshisekedi et des rencontres avec les émissaires d'une opposition morcelée ou ceux de la société civile. De même, François Hollande rendra hommage, par le biais d'une initiative audacieuse, à l'oeuvre du défunt Chebeya.
Reste à savoir si le caractère acrobatique de ce samedi kinois éclipsera son credo africain: une approche "partenariale", ouverte, transparente, respectueuse et confiante. Donc fondée sur le pari pascalien de l'afro-optimisme. Pour l'ex-élu de Tulle, ce ne sera pas "la Corrèze avant le Zambèze", mais Renault et le Congo.

LEXPRESS.fr

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