Il y a un risque sérieux d'escalade de la violence (dans l'est) et la Monusco est en train d'échouer à remplir son principal mandat de stabilisation et de protection des civils, écrit Louise Arbour, présidente d'ICG, dans une lettre ouverte au Conseil sur la situation en RDC, publiée mardi.
Le renouvellement (d'ici fin juin) du mandat de la Monusco présente une occasion capitale pour le Conseil de sécurité de revoir sa stratégie en RDC, où la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC compte quelque 19.000 personnels en uniforme et dispose d'un budget de près de 1,5 milliard de dollars.
Les provinces du Sud-Kivu et surtout du Nord-Kivu (est) sont en proie à un regain de violences depuis avril à la suite d'une mutinerie de militaires ex-rebelles toujours en cours, et de l'activité de groupes armés qui commettent des exactions contre les civils (tueries, viols, pillages, incendies...).
Ces violences ont poussé plus de 200.000 personnes à quitter leurs foyers dans le Nord-Kivu depuis avril, selon l'ONU.
La mutinerie en cours dans les Kivus est peut-être l'évidence la plus claire à ce jour du peu de progrès qui a été fait dans la stabilisation du pays, et la population reste profondément vulnérable à la violence et frustrée par le manque de protection, estime Mme Arbour.
Dans ce contexte, ce serait une erreur si le Conseil de sécurité cherchait seulement à faire des ajustements mineurs sur le mandat actuel de la mission, et, sans une nouvelle approche et un réengagement du Conseil de sécurité, la Monusco risque de devenir une coquille vide à 1,5 milliard de dollars déplore l'ancienne Haut commissaire aux Droits de l'Homme de l'ONU.
Une protection durable des civils ne sera possible qu'à travers une amélioration du processus politique et l'établissement d'institutions étatiques qui pourront rendre des comptes, ajoute la directrice d'ICG.
Mme Arbour plaide aussi pour une nouvelle approche dans l'appui de la Monusco au processus électoral en RDC, alors que la présidentielle et les législatives, remportées par le président sortant Joseph Kabila et sa majorité, ont été jugées non crédibles par des missions d'observations. Des scrutins provinciaux et locaux sont prévus jusqu'en 2014.
L'appui logistique et technique de la Monusco aux élections de 2011, marquées par de profondes irrégularités, et l'incapacité de promouvoir avec succès le dialogue entre les parties a altéré la perception d'impartialité de la mission, estime-t-elle.
Les erreurs de 2011 ne doivent pas se répéter et des standards clairs sur l'organisation et la tenue des élections devraient être communiquées au gouvernement par le Conseil de sécurité et la Monusco, en particulier des réformes profondes de la Commission électorale (Céni) et des progrès concernant la transparence des procédures d'appui au processus.
Un renouvellement comme d'habitude (sans changement) du mandat de la Monusco enverra le mauvais message à toutes les parties, conclut-elle.
(©AFP / 12 juin 2012 19h54)
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