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lundi 2 janvier 2012

Kengo victime des "combattants" à Paris

(Afrikarabia 02/01/2012)

Il ne fait pas bon transiter par la gare du nord pour les hauts dignitaires de la République démocratique du Congo (RDC). Dernière victime en date, le président du sénat, Léon Kengo wa Dondo, agressé samedi 31 décembre à sa sortie du train en provenance de Bruxelles. Les agresseurs portent un nom : "les patriotes-résistants-combattants", opposés au président Joseph Kabila. Depuis bientôt deux ans, ces Congolais mènent la vie dure aux personnalités proches du régime. Parmi leurs derniers faits d'armes : l'agression du général Didier Etumba gare du nord, l'interdiction des concerts de Werrasson et Papa Wemba ou encore l'incendie et l'occupation de l'ambassade de RDC à Paris.

La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre sur la toile. Des sites congolais très engagés dans l'opposition, comme Réveil-FM, Afrique rédaction ou Congomikili, ont tout de suite relayé l'information : le président du sénat, Léon Kengo, deuxième personnage de l'Etat, a été agressé samedi 31 décembre à la gare du nord de Paris. En provenance de Bruxelles, le candidat à la présidentielle de novembre (4,45% des voix) a été pris à partie par un groupe de "patriotes-résistants-combattants" alors qu’il tentait de monter dans sa voiture. L'agression a été particulièrement violent puisque, selon les autorités congolaises, le président du sénat "aurait eu des dents arrachées et a été piétiné et roulé à terre". Léon Kengo, 76 ans, a été conduit à l'hôpital Lariboisière.
Léon Kengo n'est pas la première victime des "combattants" congolais, très actifs à Paris, mais aussi Londres ou Bruxelles. Ces groupes, profondément anti-Kabila, ont été à l'origine de plusieurs manifestations "Kabila dégage" dans la capitale française. Ils ont ensuite empêché plusieurs artistes congolais de se produire en concert à Paris, comme la star Werrasson ou Papa Wemba. Les "combattants" reprochent à ces chanteurs de "rouler" pour Kabila et de faire de la propagande pour le candidat-président (à l'époque en campagne pour sa réélection). Gare du nord, les "combattants" ont ensuite perturbé l'arrivée en Thalys d'Olive Lembe Kabila, la femme du chef de l'Etat. En juin 2010, toujours gare du nord, les "combattants" ont agressé violemment le général Didier Etumba, à l'époque chef d'Etat-major de l'armée congolaise, en visite à Paris pour assister au concert "la nuit africaine". Derniers faits d'armes : l'incendie de l'ambassade de RDC à Paris en septembre 2011 et l'occupation de la même ambassade en décembre dernier.
La dernière cible, Léon Kengo, n'est pas le fruit du hasard. Après la réélection contestée de Joseph Kabila, la crise politique couve à Kinshasa. L'opposant Etienne Tshisekedi (en général très soutenu par les "combattants" de la diaspora) s'est auto-proclamé président du pays, s'estimant victime d'une fraude massive lors du vote. Léon Kengo, candidat à la présidentielle, s'affichait pourtant dans le camp de l'opposition (avec également Vital Kamerhe). Mais pour les "combattants", cet "opposant de la 25ième heure" ralliera Joseph Kabila au dernier moment. De nombreuses rumeurs donnent en effet le nom de Léon Kengo comme prochain Premier ministre de Joseph Kabila. Une manière pour le président réélu de faire "un geste" à moindre frais envers l'opposition.
Les autorités congolaises ont bien sûr vivement réagi à l'agression de Léon Kengo. Kinshasa accuse même les partisans d'Etienne Tshisekedi d'être les auteurs de cette "attaque inacceptable". Le ministre des Affaires étrangères de RDC, Alexis Tambwe Mwamba a convoqué l'ambassadeur de France ce dimanche à Kinshasa. Paris affirme ne pas avoir été informée de la visite (privée) de Léon Kengo en France.

Christophe RIGAUD

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