Après les violences qui ont suivi le résultat contesté de l'élection présidentielle en République Démocratique du Congo, une organisation non gouvernementale de défense des journalistes, "Journaliste en danger" (JED) vient renforcer le soupçon qui pèse sur la consultation. Son rapport annuel dénonce les méthodes propagandistes qui ont prévalu au sein de nombreux médias lors de ces élections et lance un appel au pouvoir en place pour stopper l’escalade de la répression qui s’abat sur la presse.
"Le professionnalisme sacrifié à la simple propagande"
Par Pascal Hérardune centre de monitoring des médias pour l'élection présidentielle Les conclusions de "Journaliste en danger" sont dépourvues d’ambiguïté: l'ONG appelle le chef de l'état à "ordonner la dissolution du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) en attendant la mise en place d'un organe plus crédible et plus compétent". Au delà des 160 cas d'atteintes diverses à la liberté de la presse dont près de la moitié ont été enregistrés pendant la période électorale en République démocratique du Congo (comprenant par exemple des attaques armées contre des maisons de presse, l'interdiction d'émissions et la fermeture de médias proches de l'opposition), c'est avant tout l'atteinte à la pluralité de l'information que dénonce "Journaliste en danger".
Une "Mission d’observation de la couverture médiatique de la campagne électorale pour les élections présidentielles" a été mise en place par JED du 28 octobre au 28 novembre 2011 afin d'effectuer des mesures quantitatives et qualitatives des chaînes privées commerciales ainsi que de la chaîne publique, la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC). Les résultats que le centre de monitoring des médias de l'ONG a produits ne sont pas rassurants et confirment un état extrêmement délabré de la liberté de la presse, état peu compatible avec l'adjectif "démocratique" accolé à celui de république du Congo.
Une "Mission d’observation de la couverture médiatique de la campagne électorale pour les élections présidentielles" a été mise en place par JED du 28 octobre au 28 novembre 2011 afin d'effectuer des mesures quantitatives et qualitatives des chaînes privées commerciales ainsi que de la chaîne publique, la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC). Les résultats que le centre de monitoring des médias de l'ONG a produits ne sont pas rassurants et confirment un état extrêmement délabré de la liberté de la presse, état peu compatible avec l'adjectif "démocratique" accolé à celui de république du Congo.
La propagande comme mode d'information Depuis la bataille rangée de l'entre deux tours de la présidentielle de 2006, les médias de la RDC sont pointés du doigt : ils auraient attisé les querelles et "excité" les camps rivaux par leur traitement de l'information. Journaliste en danger justifie donc son travail d'observation de la couverture médiatique de la présidentielle par la nécessité de pouvoir répondre aux détracteurs des organes visés et de connaître de façon claire le traitement réservé aux différents camps politiques s'affrontant pour l'élection. Les médias retenus pour la mission d'observation sont des chaînes de télévisions aux audiences importantes : Afrika TV, AmenTv, Antenne A, BRTV, Canal Futur, Canal Kin, CCTV, CNTV, Congoweb, Digital TV, Mirador TV, Molière TV, Numerica, Raga, RLTV, RTGA, RTNC, Télé 50, Télé 7, RTVS1.
Le premier constat effectué par la mission d'observation est celui d'un manque total de pluralité d'opinion : selon JED, "la RTNC a fait acte d'un pluralisme politique au rabais" et les chaînes privées "ont sacrifié le professionnalisme au profit de la simple propagande". Le caractère partisan des médias est une constante relevée par l'équipe de journalistes du centre de monitoring des médias durant leur mois d'observation. Ils observent par exemple que "de façon agressive et sans contrôle, les chaînes de télévisions Télé 50, Digital Congo, RTVS1, Molière TV, Congoweb, RTNC, Mirador TV, RTGA ont affiché ostentatoirement leur appartenance au camp de la Majorité Présidentielle et leur soutien total au candidat Joseph Kabila".
Si le camp présidentiel a été soutenu sans nuances par ces médias (dont la chaîne publique nationale RTNC), d'autres chaînes ont joué le jeu inverse : "les télévisions comme RLTV, CNTV, CCTV, CKTV ont affiché publiquement leur appartenance au camp de l’opposition Tshisekediste, tandis que les chaînes comme Canal Futur, Congo Media Chanel n’ont pas caché leur soutien au candidat Vital Kamerhe". Les 9 autres candidats à la présidentielle n'ont eu que très peu de visibilité médiatique, voir aucune. Quelques exemples :
Le premier constat effectué par la mission d'observation est celui d'un manque total de pluralité d'opinion : selon JED, "la RTNC a fait acte d'un pluralisme politique au rabais" et les chaînes privées "ont sacrifié le professionnalisme au profit de la simple propagande". Le caractère partisan des médias est une constante relevée par l'équipe de journalistes du centre de monitoring des médias durant leur mois d'observation. Ils observent par exemple que "de façon agressive et sans contrôle, les chaînes de télévisions Télé 50, Digital Congo, RTVS1, Molière TV, Congoweb, RTNC, Mirador TV, RTGA ont affiché ostentatoirement leur appartenance au camp de la Majorité Présidentielle et leur soutien total au candidat Joseph Kabila".
Si le camp présidentiel a été soutenu sans nuances par ces médias (dont la chaîne publique nationale RTNC), d'autres chaînes ont joué le jeu inverse : "les télévisions comme RLTV, CNTV, CCTV, CKTV ont affiché publiquement leur appartenance au camp de l’opposition Tshisekediste, tandis que les chaînes comme Canal Futur, Congo Media Chanel n’ont pas caché leur soutien au candidat Vital Kamerhe". Les 9 autres candidats à la présidentielle n'ont eu que très peu de visibilité médiatique, voir aucune. Quelques exemples :
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une auto-censure journalistique engendrée par le clientélisme et la répression "Journaliste en danger" s'est indignée (auprès de l'instance de régulation) des déséquilibres constatés dans la couverture médiatique de l'élection, du non respect de la pluralité d'opinions et du défaut d'obligation constitutionnelle d'information des citoyens. Le CSAC n'a pas réagi à ces demandes au cours de la campagne électorale mais a par contre pratiqué une politique du "deux poids deux mesures" : la diffusion d'un message controversé d’Etienne Tshisekedila a valu par exemple à la chaîne RLTV sa suspension mais une simple mise en garde à l'encontre de Télé50 et aucun commentaire vis à vis de Digital Congo...pour le même message diffusé.
Les journalistes ont été l'objet de violences de la part des forces de police ou de sécurité tout au long de l'année ainsi que durant la campagne électorale, ce que dénonce JED. Selon l'ONG, le simple fait pour des journalistes de couvrir certaines manifestations politiques pouvait engendrer des tabassages en règle, la fermeture ou la suspension des médias concernés. Au final, cette pression permanente a créé une couverture partisane de la campagne électorale. Ces phénomènes d'intimidation, d'instrumentalisation des médias ont poussé ceux-ci dans leur très grande majorité à faire campagne pour leur(s) candidat(s) sans se préoccuper de poser de "vraies questions" ou d'ouvrir un espace d'expression politique pluriel. L'ONG estime qu'entre l'autocensure née de la peur et la volonté de propagande poussée par des intérêts financiers inavouables, les médias de la RDC n'ont pas joué leur rôle.
Le courrier envoyé au CSAC par l'ONG de défense de la liberté de la presse le 28 décembre est très éloquent et il ne peut qu'interpeller l'autorité de régulation ainsi que le pouvoir en place, puisque c'est la démocratie, pourtant revendiquée en permanence par les politiciens, qui est mise à mal, selon JED. Les derniers paragraphes du courrier que l'ONG a adressé au CSAC résonnent plus comme un appel à l'aide qu'autre chose :
"Pour JED, l’organe de régulation se doit de rappeler aux médias que leur rôle pendant la campagne électorale est de donner la parole à toutes les tendances et à toutes les opinions sans exclusion aux fins d’aider le peuple à faire des choix éclairés. Sans le respect du pluralisme, le droit du peuple à l’information est sacrifié et les élections perdent leur caractère démocratique; les élections ne sont démocratiques que quand l’information est plurielle et pluraliste.".
La réponse du CSAC, deux jours plus tard, le 30 décembre, est laconique :
"Nous sommes en train de faire l’état des lieux de notre presse. Nous avons été mis en place il y a deux mois. Donnez nous les quatre ans que nous avons, vous verrez que le paysage médiatique du Congo va changer". Et le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, Jean Bosco Bahala de conclure : "La République nous a demandé de protéger la presse. Si JED a constaté des choses, il connaît notre adresse. Il pouvait venir en discuter avec nous. Le même monitoring peut-être, qu’ils ont fait, nous l’avons fait également".
Le courrier envoyé au CSAC par l'ONG de défense de la liberté de la presse le 28 décembre est très éloquent et il ne peut qu'interpeller l'autorité de régulation ainsi que le pouvoir en place, puisque c'est la démocratie, pourtant revendiquée en permanence par les politiciens, qui est mise à mal, selon JED. Les derniers paragraphes du courrier que l'ONG a adressé au CSAC résonnent plus comme un appel à l'aide qu'autre chose :
"Pour JED, l’organe de régulation se doit de rappeler aux médias que leur rôle pendant la campagne électorale est de donner la parole à toutes les tendances et à toutes les opinions sans exclusion aux fins d’aider le peuple à faire des choix éclairés. Sans le respect du pluralisme, le droit du peuple à l’information est sacrifié et les élections perdent leur caractère démocratique; les élections ne sont démocratiques que quand l’information est plurielle et pluraliste.".
La réponse du CSAC, deux jours plus tard, le 30 décembre, est laconique :
"Nous sommes en train de faire l’état des lieux de notre presse. Nous avons été mis en place il y a deux mois. Donnez nous les quatre ans que nous avons, vous verrez que le paysage médiatique du Congo va changer". Et le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, Jean Bosco Bahala de conclure : "La République nous a demandé de protéger la presse. Si JED a constaté des choses, il connaît notre adresse. Il pouvait venir en discuter avec nous. Le même monitoring peut-être, qu’ils ont fait, nous l’avons fait également".
par tv5
tv5.org
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