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mercredi 14 décembre 2011

RDC : Il est urgent de reconstruire autrement !

Ces deuxièmes élections présidentielles et législatives démocratiques en République démocratique du Congo (RDC), qui se sont déroulées le 28 novembre sont émaillées de nombreux incidents et font redouter le retour à l'instabilité et à la violence. La victoire de Joseph Kabila fils en 2006 avait suscitée beaucoup d'espoir.

Force est de constater qu'après ses cinq ans au pouvoir, l'économie du pays n'a toujours pas "décollée". Les "cinq chantiers" ne donnent pas les résultats escomptés. Le grand contrat avec les Chinois, "minéraux contre construction d'infrastructures" ne permet pas ce jour une reconstruction généralisée. La RDC se retrouve à l'avant dernière place des pays du monde pour l'Indice de développement humain (espérance de vie, éducation, PIB/h) . Pire, cet indice n'a jamais cessé de se dégrader depuis 1970, sous les trois décennies de mégestion du régime de Mobutu et la dernière décennie de guerre.
La République démocratique du Congo est pourtant un pays immense et varié, grand comme l'Europe de l'Ouest, possédant en son sol les plus grandes richesses minières du continent. A partir de 1998, elle a été traversée par la plus grande crise humanitaire depuis la deuxième guerre mondiale : quatre millions de Congolais sont morts au cours de ces huit dernières années des conséquences directes du conflit et de massacres, et pour 85 % d'entre eux de maladies banales telles le paludisme ou la diarrhée associés à la malnutrition . Aujourd'hui, la situation sanitaire est catastrophique. Ce pays était un modèle pour la santé dans les années 1980. Organisation non gouvernementale nous assistons impuissant à cette dégradation progressive depuis vingt ans.
La RDC est devenu depuis quelques années un laboratoire pour les institutions et bailleurs internationaux .Elle fait parti avec l'Afghanistan, Haïti et le Darfour de ces "Etats fragiles" qui ont reçus le plus de fonds pour l'aide au développement. Devant l'immensité des besoins, des expérimentations de financement de grand volume ont été lancées, intégrant l'aspect de transversalité touchant aussi bien la santé que l'éducation, la construction de routes et d'hôpitaux. La nécessité de bien coordonner ces programmes a fait apparaître la constitution de consortium. Des ONG leaders ont été choisies pour les animer. Mais est ce bien le rôle d'ONG  ? Le savoir faire de Médecins du monde (MDM) est d'ordre médical, au travers de son expertise et du plaidoyer. Il n'est nullement de substituer à un état, ni de devenir un simple prestataire de service.
MDM remplit sa mission quand elle vient au secours des refugiés et des déplacés, comme ce fut le cas auprès des refoulés du Shaba en 1993 au Kasaï, ou dans les camps à Goma ou Uvira en 94.Elle fait son métier quand elle tente de réinsérer les enfants des rues de Kinshasa, avec le partenaire Congolais AED.
A Goma, depuis 2003, MDM développe un programme de lutte contre le sida, intégré dans le plan national et en partenariat avec les différentes ONG congolaises. Elle aide ces femmes à se prémunir contre la violence et le viol utilisé comme arme de guerre. Elle a lutté contre les épidémies de cholera, de rougeole ou de poliomyelite dans le Tanganyika, en partenariat avec les services nationaux congolais.
Par contre, quand MDM a soutenu l'offre de soins dans onze zones de santé, une région entière, à la demande du 9 éme fond européen de développement, elle a dépassé ses capacités logistiques humaines et organisationnelles. Elle s'est substituée d'une certaine façon à l'état (qui n'était de toute façon pas en mesure de le faire). Les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. La question éthique du désengagement est apparue, quand le bailleur a déclaré que les fonds n'étaient plus reconduits en 2011. Par ailleurs le Fonds mondial (finançant la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme) n'a plus versé cette année les subventions promises, avançant des raisons de soupçons de corruption de l'administration Congolaise. Ainsi, la RDC est le seul pays où le nombre de malades pris en charge par le traitement contre le sida a régressé en 2011. La couverture des besoins n'est que de 12 % ! L'interruption de ces traitements pose un problème moral, en particulier à Goma, où MDM doit suppléer le manque de trithérapie sur des fonds propres.
Devant ce contexte difficile, il faudrait que tous les acteurs de la reconstruction, Etat congolais, société civile, institution internationale, ONG, diaspora se réunissent et établissent ensemble un plan de reconstruction, aussi bien au niveau de la santé que de l'éducation et de l'économie. Face à l'instabilité qui menace le Congo, il est urgent d'inventer un nouveau mode de coopération qui permettrait enfin de stabiliser le pays. Dans le rapport sur la réforme de l'ONU (mars 2005), Koffi Annan déclare : "Il n'y a pas de développement sans sécurité, de sécurité sans développement et il ne peut y avoir ni sécurité ni développement si les droits de l'homme ne sont pas respectés." Ainsi la paix, la sécurité, la justice et la lutte contre la corruption sont des préalables. A cela s'ajoutent l'éducation et la santé qui constituent des déterminants essentiels de la reconstruction, y compris sur le plan économique

lemonde.fr

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